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Aliou Sall… «Je suis devenu maire sans l’aide de Macky. (…) Malick Gackou ne m’a pas aidé. (…) A l’Apr, je suis traité comme un opposant»

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«A quelle sauce, je serai mangé ?» C’est la première phrase de l’invité des Marches du Quotidien, bien installé dans la salle de Rédaction, en attendant le top départ. Le tombeur de Cheikh Sarr, non plutôt, ce dernier n’était pas tellement une préoccupation pour lui, n’est pas surpris de sa victoire. Aliou Sall se lave en blanc, comme son boubou : «Malick Gackou ne m’a jamais aidé, au contraire.» Le frère du Président – il ne veut pas être présenté ainsi – analyse la victoire de Khalifa Sall qui a «surfé sur la victimisation». Aliou Sall marche, ses vérités à la bouche.

Aliou Sall maire de Guédia­waye. Pourquoi la politique ?
Vous savez, si ma carrière de journaliste a été un peu entachée c’est que même à l’école de journalisme j’étais dans la politique. A 14 ans déjà, j’ai commencé à faire de la politique, à militer à And jëf à l’époque. Je cachais les journaux Jaay doolé bi et Xaré bi dans mon sabodoor (caftan) parce que mon oncle Abdoul Samba Ndiaye, qui était le responsable de Aj/Pads à Fatick, me remettait les journaux que je devais donner à mes professeurs M. Coulibaly, M. Bocoum. Et comme ce sont des gens qui ne voulaient pas toujours faire apparaître leur appartenance, je les déposais dans leurs casiers. Quand j’ai eu mon bac, j’ai été accueilli politiquement, comme on disait à l’époque, par des gens qui sont devenus de grandes personnalités de la vie politique sénégalaise : Mamadou Diop Decroix, Amadou Top, qui a été mon grand formateur. Je me rappelle encore que pour mon premier reportage au Maroc, je n’avais pas de passeport. C’est Walf qui devait m’envoyer et celui que j’étais allé voir en tant que stagiaire n’avait pas de sous en ce moment. Amadou Top avait sorti 15 mille F pour le prix du timbre et m’a payé mon premier passeport. C’est dire qu’en dehors du journalisme, je ne connais que la politique et je n’ai de passion que pour la politique. Cela aurait été dommage pour moi, parce que mon frère est devenu président de la République, que j’arrête de faire de la politique.

Cela ne vous gêne-t-il pas que votre frère soit président de la République et que vous vous engagiez dans la politique ?
C’est très gênant et même encombrant en tant qu’homme politique parce que, de toute façon, ce que je suis en train d’expliquer je ne pourrais jamais aller dans la maison de chaque Sénégalais et l’expliquer. L’opinion va retenir, quels que soient mes efforts de communication, que je suis le frère de Macky Sall plutôt que l’image d’un homme politique autonome qui s’est fait tout seul pour sa carrière politique. Mais il faut se battre et changer les choses au fur et à mesure. Au départ, quand j’allais à Guédiawaye, ce n’était pas évident, et après je pense que tous ceux qui suivent l’actualité politique peuvent témoigner que je me suis battu. Je suis devenu maire de Guédiawaye sans l’aide de Macky Sall.

Pour quelqu’un qui a démarré à Fatick, qu’est-ce que vous faites à Guédia­waye ?
Cette question est arrivée en retard. Aujourd’hui, je suis maire de Guédiawaye (rire). Il y a quelques mois, la question aurait été très gênante pour moi, mais aujourd’hui que j’ai conquis Guédiawaye, elle se pose moins. Je suis de Fatick, je ne suis même pas né à Fatick. Il y a «être né quelque part» et «être de quelque part». Je suis né à Foundiougne le 12 août 1969. A 4 ans et demi, j’étais à Fatick parce que mon père y a été affecté. D’ailleurs, avant d’aller à Foundiougne, il a travaillé à Fatick et c’est pourquoi le Président Macky est né à Fatick. J’ai vécu mon adolescence à Fatick, donc je peux dire que je suis de Fatick, une ville que j’aime bien. Il faut aussi qu’on modernise la politique. Ailleurs, les gens choisissent dans leur pays n’importe quel endroit pour y militer et gagner des suffrages surtout pour les élections locales. En France, la plupart des maires ne sont pas des natifs et n’ont pas grandi dans les villes qu’ils dirigent. Il se trouve que j’aime Gué­diawaye et je connais cette ville depuis longtemps puisque j’y passais mes vacances quand j’étais au collège, puis au lycée. Quand j’étais étudiant, les activités politiques à Aj/Pads m’amenaient à fréquenter Guédiawaye, notamment des gens comme Chérif Watt, Sidiki Daff qui habite encore Guédiawaye et qui est un expert connu au niveau international pour ce qui concerne les questions de budgets participatifs. Bref, à un moment, il fallait choisir de militer quelque part. Pour Fatick, il n’y avait pas de challenge pour moi ; Macky est là-bas. Si je me présente dans cette ville, même si je gagne, ce ne sera pas du mérite quoi qu’on dise.

Pourquoi Guédiawaye et pas ailleurs ?
J’aime Guédiawaye.

S’imposer à Guédiawaye n’a pas été évident.  Pour vous, qu’est-ce qui a été déterminant dans votre victoire ?
Le terrain et l’amour pour les gens parce qu’en définitive, en politique, ce qui compte et que Macky Sall a su démontrer lors de la Présidentielle de 2012, c’est d’abord la présence physique. Au-delà de la stratégie, il faut être présent au maximum possible sur le terrain et aimer les gens. Parce que quand vous n’aimez pas les gens, vous entendez tous les jours des choses qui ne vous plaisent pas et vous ne pouvez pas résister longtemps. Il faut ajouter à cela une qualité de l’endurance. Les gens n’ont été au courant de ma présence politique que les 6 derniers mois avant les Locales. Alors qu’à Guédiawaye, j’ai travaillé pendant un an et c’était extrêmement dur physiquement. J’ai sacrifié ma vie de famille parce que tous les jours je ne revenais pas chez moi avant 3h du matin. J’ai sacrifié une bonne partie de mon boulot, je ne travaille dans mon bureau réellement que 3h par jour. C’est un travail de terrain qui a fait la différence.

Vous avez dit quelque part : «Etre frère du Président me coûte cher et ne rapporte rien». Est-ce qu’en réalité cela ne vous a pas rapporté quelque chose puisque vous êtes devenu maire de Guédiawaye ?
Il y a le pour et le contre. Un homme politique aime attirer l’attention sur lui parce que si on fait de la politique on aime être écouté pour faire passer son message. Donc, si je n’étais pas le frère de Macky, peut-être qu’il m’aurait fallu beaucoup plus de temps pour me faire connaître par le grand public parce que pour les réseaux, l’appareil des partis, je connais, il n’y a pas de soucis. Je sais où est-ce qu’il faut aller pour voir les chefs de quartier, les imams. Mais il faut que le public puisse savoir et se rendre compte qu’il y a tel acteur politique qui est présent ici et qui fait une offre politique. De ce point de vue, c’est une bonne publicité d’être frère du Président, mais après cela commencent les dégâts.

C’est vous qui avez gagné ou le Président ?
C’est ma victoire et celle de l’Apr, mais nous travaillons pour le président de la République. Nous sommes en Afrique aussi où les partis ne sont pas des partis marxiste-léniniste, où il y a une démocratie parfaite. L’Apr, c’est d’abord le parti de Macky Sall et nous travaillons pour renforcer son pouvoir politique. Mais localement, chacun assure un certain leadership et voudrait avoir sa victoire à lui. Et la victoire de Guédiawaye c’est celle des gens de l’Apr à Guédiawaye et c’est ma victoire.

Quand vous avez été présenté comme quelqu’un qui a été parachuté par son frère à Guédiawaye, il s’est dit que le président de la République a cherché à vous en dissuader. Vous le confirmez ?
Vous savez, il a une grande influence sur moi, mais il a une très grande pudeur. Donc, il ne m’a jamais clairement dit : «Il faut arrêter.» C’est vrai qu’au départ, sans même qu’il y ait cette clameur médiatique, il a pu analyser le risque et a dit à des gens : «Waxlen si sen waaji na bayi affaire bi. Louko téré dem Fatick. (Dites à votre gars d’arrêter cette affaire. Pourquoi ne va-t-il pas à Fatick). Je savais qu’en m’engageant à Guédiawaye, il ne serait pas enthousiaste parce que c’est un gros risque, mais moi, j’avais mesuré les risques et pensé qu’en homme politique je ne pouvais que relever ce défi. C’est vrai que c’est un risque de lui créer des problèmes, mais j’avais cette profonde conviction que ça allait marcher, c’est intuitif.

Ce n’est pas une surprise ?
Non, pas du tout.

On dit que l’argent a aussi fait la différence.
C’est un faux problème. Wade avait beaucoup plus d’argent que tout le monde. Idem pour Abdou Diouf en 2000. Est-ce qu’ils ont gagné ?

Est-ce que Malick Gackou ne vous a pas ouvert le boulevard ?
Non, pas du tout. Au contraire. Franchement, je dois dire qu’il ne m’a pas du tout aidé pour être maire de Guédiawaye. D’abord, très franchement, j’ai travaillé à Guédiawaye jusqu’à 10 jours du dépôt des listes sans jamais avoir un contact avec Malick Gackou. Ça, il faut que tout le monde le sache et d’ailleurs cela fait partie des traits de divergences, des frustrations…

Il s’en est offusqué ?
Oui, il s’en est offusqué. La priorité ce n’était pas de passer par quelqu’un d’autre qui devait me transformer en maire. Je devais me battre moi-même. Mais à un certain moment, le président de la République m’a appelé pour me dire que l’option c’était d’aller en coalition. Pour moi, il fallait travailler et créer les conditions pour que l’Apr puisse aller seule et gagner seule. Quand on n’est pas en coalition, la meilleure façon c’est de ne pas être dépendant des alliés. Donc, je me suis battu sans même essayer de calculer qu’on pouvait compter sur l’Afp ou le Parti socialiste. Mais à l’arrivée, quand le président de la République nous a dit d’y aller ensemble, en gentlemen, nous avons discuté et nous sommes tombés d’accord sur des quotas qui ne nous arrangeaient pas, nous de l’Apr. Mais puisque c’était une instruction du président de la République, je prenais les risques. On n’a pas fait campagne ensemble en réalité. Je n’ai jamais été dans un meeting avec Malick Gackou. Donc, je ne vois pas comment il m’a aidé. Lui-même n’était pas sur les listes. Je vais être extrêmement clair : Malick Gackou ne m’a pas aidé du tout. Au contraire, il a tout fait, une fois qu’on a gagné, pour promouvoir une candidature de l’Afp et le jour du vote, j’avais un candidat de l’Afp contre moi. Ça quand même, il ne faut pas qu’on l’oublie.

Donc, c’est lui qui était derrière cette candidature ?
Malick Gackou est le patron de l’Afp à Guédiawaye et le numéro deux de l’Afp. Quelque chose ne peut pas se faire au sein de l’Afp à Guédiawaye sans qu’il décide. C’est quand même lui qui a constitué les listes…

Avec les Bamba Kane et autres ?
Ecoutez, Bamba Kane, c’est quelqu’un que j’ai connu avant les élections et avec qui j’ai entretenu d’excellentes relations. Malheureu­sement, cette affaire-là est survenue. Mais je dois dire que c’est quelqu’un que j’apprécie beaucoup pour ses qualités intellectuelles et sa moralité. Je l’ai appelé il y a quelques semaines pour prendre langue avec lui parce que je pense qu’il faut travailler avec – je n’aime pas le terme «fils de Guédiawaye» parce que quand je le dis, je m’exclus moi-même – toutes les forces vives de Guédiawaye – et il en fait partie. Je souhaiterais pouvoir travailler avec lui.
Quels sont ces risques auxquels vous faisiez allusion tout à l’heure, si vous aviez perdu les élections ?
Le risque c’était de dire comme les journalistes : «Voilà, le Peuple a encore démontré son indépendance…» Ce serait une façon de me comparer à Karim Wade. La meilleure situation médiatique c’était ma défaite. C’était de dire : «Voilà, on vous l’avait dit. Comme Karim Wade avait perdu Point E, Aliou Sall a encore perdu. Donc, il faut séparer la famille et le pouvoir.»

Est-ce que cette relation famille et pouvoir ne s’est pas manifestée à travers la façon dont les familles Faye et Sall ont maillé le territoire sénégalais ?
Il n’y a pas de famille Faye-Sall. Ça c’est vraiment des histoires.

Quand on voit la belle-famille du Président qui se présente à Saint-Louis, une partie à Grand-Yoff, vous à Guédiawaye, en sachant que le fief du Président est Fatick. Quelque part, on a l’impression que le maillage territorial est voulu et concerté.
Sur près de 580 communes au Sénégal, on a pu dénombrer que, peut-être, deux parents de Macky Sall et deux de ses beaux-frères. Donc, il y a quatre sur près de 600 maires. Quand même !

Ce n’est pas n’importe quelle commune…
Ce n’est pas n’importe quelle commune, mais ces gens-là ont choisi de militer là-bas. Abdoulaye Thimbo est né et a grandi à Pikine. C’est quelqu’un qui s’est battu depuis que Macky a décidé de faire la politique. Cette histoire de Faye-Thimbo-Sall, ce n’est pas un débat sénégalais. Très franchement, je suis surpris. Adama Faye s’est présenté à Grand-Yoff avec Aminata Touré et tous les deux ont perdu. Mais où est le problème ? Les gens sont quand même libres. Autant nous enterrer !

Vous ne vous voyez pas un destin à la Bob Kennedy et John Kennedy ?
(Rires) C’est vrai que je suis un peu féodal sur les côtés, j’aime bien mon histoire Thiéddo, mais franchement, de là à avoir des schémas dynastiques, c’est totalement ridicule quand même. D’abord, cela ne peut pas opérer au Sénégal. Déjà le fait d’être proche de Macky me crée tellement de nuisance. Et vouloir être président de la République, c’est quand même un peu être fou.

N’est-ce pas un manque d’ambitions ou d’audace ?
Etre président de la République c’est exceptionnel. Est-ce que les gens se rendent compte de cela ? S’il n’y avait que ce poste-là en politique, franchement cela aurait été terrible. Mais il y a tellement de fonctions. Moi je voudrais être maire le plus longtemps possible. J’ai deux personnalités qui sont mes références dans leur durabilité et leur proximité avec leurs populations : le président Mbaye Jacques Diop et le Professeur Balla Moussa Daffé, qui ont été maires pendant longtemps et qui ont été proches de leurs populations. Je voudrais au bout de dix ans, quinze ans, que mon nom soit assimilé à la ville de Guédiawaye. C’est ça mon assimilation.

Au-delà de l’assimilation, qu’est-ce que vous voulez faire pour Guédiawaye ?
Avec Aliou Sall ou un autre, on est obligé de transformer Guédia­waye qui est une continuation naturelle de la ville de Dakar. Aujourd’hui, Dakar est saturée, il faut moderniser Guédiawaye en y mettant les services sociaux de base, en investissant sur les routes, l’assainissement, l’éclairage public, en assurant la sécurité des personnes et des biens, en faisant en sorte que la population puisse avoir des loisirs, que le peu de réserves foncières puisse être orienté vers des équipements collectifs et de promotion de l’économie de la localité. Guédiawaye est une ville de culture. Vous connaissez beaucoup de talents de Guédiawaye, mais si je vous dis qu’il n’y a pas une seule salle de spectacle pouvant contenir plus de 300 personnes à Guédiawaye… C’est quand même extraordinaire ! Guédiawaye c’est aussi une ville de sport. C’est quand même la ville de Balla Gaye, du Fc Guédiawaye. Cette année nous aurons deux clubs de basket en première division et il n’y a aucune infrastructure. Ça c’est un premier défi et après on verra dans le budget qui peut être taxé par certains de futuriste. Mais nous pensons que Guédiawaye peut être un pôle de services et de culture dans la région de Dakar.

Dans une de vos affiches de campagne, vous avez un slogan : «Voyons grand». Cela renvoie à quoi ?
A la modernité, au progrès et au développement économique. Pour le moment, Guédiawaye est une ville-dortoir. Nous voulons faire en sorte que, de la même façon que les gens se réveillent à Guédiawaye pour aller à Dakar, que les gens puissent se réveiller à Dakar ou à Pikine pour aller travailler à Guédiawaye. Nous y travaillerons.
Nous n’avons aucun centre de formation professionnelle agréé à Guédiawaye. Et aujourd’hui, beaucoup d’universités privées souhaiteraient pouvoir être plus proches du lieu de résidence pour un grand nombre d’étudiants. A Pikine et Gué­dia­waye, il n’y a pas de campus. Donc, nous allons travailler sur ces axes-là pour pouvoir mettre en place des campus pédagogiques. L’idée n’est pas de mettre en place des universités, mais de créer des équipements qui pourraient être utilisés par l’Université de Dakar pour pouvoir délocaliser un certain nombre d’enseignements et y créer un certain nombre d’activités.

Il y a aussi la lancinante question de la sécurité dans la banlieue…
C’est un problème sérieux, mais ce n’est pas aussi catastrophique qu’on le présente. Franche­ment, je suis à Guédiawaye – je touche du bois – et je n’ai jamais eu ce genre de difficultés. Maintenant, quand on n’est pas de la banlieue, chaque fois qu’on agresse quelqu’un, on a toujours l’impression que c’est invivable. Ce n’est pas le cas, mais il ne faut pas nier les problèmes. Cette question de la sécurité est bien identifiée : c’est la zone Marché Bou Bess, une frontière entre Pikine et Guédiawaye, et le littoral du fait de sa forêt classée et du manque d’éclairage public. Donc, ce n’est pas une zone d’habitation. Nous travaillons étroitement avec la police, qui manque de moyens. D’ailleurs, nous avons décidé, dans notre budget de 2015, d’aider la police du point de vue de la logistique. Nous allons aussi travailler avec l’Agence de sécurité de proximité pour qu’elle mette à notre disposition un personnel pour faire un maillage assez complet. Mais l’éclairage public est un axe sur lequel nous allons beaucoup travailler.

Après votre victoire à Guédia­waye, certains vous avaient annoncé dans le gouvernement de Mahammad Dionne. Aviez-vous été consulté ?
Non. Tout le monde sait que je ne serai jamais dans un gouvernement de Macky parce que je suis son frère. Vous, les médias, avez décidé que le frère du Président ne doit pas être ministre. Alors voilà, je ne le serai jamais. (Un peu énervé)

Est-ce parce que le cas Karim Wade vous a servi de leçon ?
Même si ce n’était pas Karim Wade, quand même au Sénégal, dès que quelqu’un est au pouvoir ou même dans une position simplement de richesse, tous ses proches sont considérés plus ou moins comme étant dans la même situation.

Mais on peut vous objecter que Senghor avait sa famille dans son gouvernement, Diouf son frère, Wade son fils. Pourquoi subitement vouloir le refuser, étant donné que vous en avez le profil et la volonté ?
Oui je suis d’accord avec votre analyse, mais en réalité, même s’il n’y avait pas le cas Karim Wade, je ne l’aurais pas été dans ce contexte du Sénégal où quand même la démocratie est beaucoup plus avancée qu’avant, et où la presse n’est pas ce qu’elle était avant. Quand Diouf était là jusqu’en 1998, il n’y avait que la presse publique, ou plus ou moins. Sous Senghor, il n’y avait que Le Soleil et autres, à part Le Politicien qui faisait le trouble-fête. Globalement, il n’y avait pas cette effervescence médiatique. Mais je dois avouer qu’effectivement l’effet Karim Wade a amplifié cette affaire. Comme vous l’avez dit, Maguette Diouf a été ministre et cette question ne s’est jamais posée, tout comme Adrien Senghor. Mainte­nant que la question se pose, il ne faut pas se mettre à pleurnicher ; il faut tenir en compte la réalité et avancer. Il n’y a pas de soucis et il n’y a pas qu’être ministre dans la vie.

C’est une question de non ou de compétences ?
C’est une question de non. Je n’ai aucun souci à assumer mes responsabilités. J’ai une fois dit dans une interview : «Je peux même être Premier ministre et il n’y a que le poste de président de la République que je ne pourrais pas assumer.» (Rires) C’est cela la vérité, je n’ai pas de complexe. Dans un Sénégal normal, je pourrais occuper n’importe quel poste. Mais ce n’est pas ma préoccupation, franchement.

Pourquoi vous n’avez pas mis en veilleuse vos activités politi­ques le temps que votre frère exerce ses fonctions de Pré­sident ?
Mais quel est l’homme politique que vous avez vu dans le monde qui décide de suspendre ses activités politiques pendant une dizaine d’années et qui réussit à ressurgir ? C’est que la politique, ce n’est pas une question de poste aussi. Franchement, c’est une question de passion, de convictions. J’ai dit dès le départ, dans un journal de la place : «Je ne vais pas accepter de raser les murs parce que Macky est Président.» Pourquoi ? Mais franchement, si on a des choses à me reprocher on a qu’à me le dire. Ceci dit, je ferai tout pour ne pas le gêner, dans mes comportements et mes prises de parole.

Vous avez été au Craes avec Me Mbaye Jacques Diop, mais pas actif au Pds. Pourquoi ?
Je n’étais pas trop actif au Pds. En réalité, j’aime bien les gens du Pds et j’y ai même milité pour soutenir Macky. Mais franchement, le Pds n’a jamais été réellement mon dada. Je ne me retrouvais pas dedans. Vous savez, quand on a grandi dans un parti de l’«extrême gauche», c’est toujours difficile de se retrouver dans un parti libéral. Maintenant, on a appris à être un peu plus sage. Pds, Apr, ce ne sont pas des partis normaux parce que personnalisés. Avant c’était inacceptable et inconcevable. Quand je quittais Aj, j’en avais marre d’être là-bas et j’ai connu certaines frustrations à l’égard de mon frère qui était dans une position où il pouvait franchement émerger. C’était par devoir familial plus que par conviction politique. C’est vrai que je n’ai jamais milité dans un cadre formel du Pds, mais je n’ai jamais arrêté de faire la politique. Je veux que ça soit très clair. Sauf quand j’ai été en poste diplomatique en Chine. J’ai été secrétaire national adjoint du Mouvement des jeunes de And jëf, puis secrétaire général adjoint à la communication du parti, donc adjoint de Bassirou Sarr, et j’ai été secrétaire national chargé de l’organisation du Synpics, votre syndicat. Donc, j’ai une vie publique pleine en dehors de l’Apr. Cela n’a pas commencé aujourd’hui.

Quel est votre rôle dans l’Apr ?
Je suis traité comme un opposant à l’Apr.

Ah oui…
Oui oui. Regardez : Aujourd’hui, j’ai gagné Guédiawaye. Pourtant, Guédiawaye est extrêmement frustré. Et je crois que d’ailleurs nous allons essayer de faire comme les autres, c’est-à-dire convoquer des conférences de presse et jeter des pierres parce que ce n’est pas normal. Le Président avait dit – et je n’étais pas trop d’accord avec lui – que ceux qui gagnent auront une promotion et on coupe des têtes pour ceux qui ne gagnent pas. Quand je l’ai entendu, j’ai dit on risque de couper beaucoup de têtes. J’avais dit il faut le faire, mais il ne faut pas qu’on enterre les gens aussi. C’est vrai, Aliou Sall ne peut pas être ministre ni directeur général, mais ce serait normal, à Guédiawaye, qu’on puisse faire la promotion d’autres cadres, et il y en a plein là-bas. Et ce serait normal que Aliou Sall puisse retrouver une position politique confortable à l’Apr. Ce n’est pas le cas parce que le Président et le parti en général sont victimes de ce jugement médiatique, et Guédiawaye est victime de mon nom.

Voulez-vous dire que le Président est un peu tétanisé ?
Il est trop sensible sur cette question et je le comprends, mais parfois j’ai juste envie de dire y en a marre…

Y en a marre de quoi ?
Je ne réponds pas à votre question. (Rires).
A Suivre

2 Commentaires

  1. Il serait inintéressant qu’il nous parle de cette concession pétrolière qu’il a vendue à une firme américaine , l’information a été divulguée par Baba Aïdara , avec moult détails de la firme acquéreuse . C’est cet argent environ 200 milliards cfa ( 400 milions de dollars ) qui a été déversé pour l’achat de conscience à guédiawaye , ce n’est plus un secret !!! La concession pétrolière depuis qu’elle est divulguée , a vu une chape de plomb s’abattre sur elle , aucune presse n’a repris cette nouvelle d’un vol éhonté perpétré par cette famille encombrante se croyant tout permis pensant être l’alpha et l’oméga de ce pays !!!! Vous ne perdez rien pour attendre , le même sort que ceux que vous pourchassez , vous sera appliqué !!!

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