L’audition du témoin Mamadou Diop devant la CREI s’est terminée hier. Invité par le président à poser des questions à l’ancien PCA de CD Média, Karim Wade a posé des conditions et refusé dans un premier temps d’aller s’asseoir. Un comportement qui n’a pas plu à Henri Grégoire Diop.
Hier, pour le dernier jour de son audition, Mamadou Diop, l’ancien PCA de CD Média, a fait face à la défense de Karim Wade. Interpellé sur sa démission, il a révélé qu’il avait présenté sa lettre de démission à la secrétaire du Dg. «Pourquoi vous ne l’avez pas présentée au Dg ?», lui a demandé Me Bathily. «Je ne sais pas pourquoi je l’ai fait », a-t-il répondu. « C’est parce que Karim ne vous a jamais embauché », a fait remarquer Me Bathily, vite rappelé à l’ordre par le président qui lui a demandé de ne pas faire de commentaire.
Ensuite, Me Amadou Sall a interpellé le témoin sur le chiffre d’affaires du journal Le Pays. «Les Sénégalais préfèrent les journaux qui tirent sur le pouvoir’’, a répondu Mamadou Diop, pour dire que ce groupe de presse ne faisait pas de bénéfices. Avant de souligner que si c’était à vendre, le journal ne coûterait pas plus de 10 millions. Cette réponse a suscité cette réaction de l’ancien ministre de la Justice : «on parle d’une société qui appartiendrait à notre client et qui ne vaut que 10 millions ». Me Seydou Diagne a lui interpellé le témoin sur l’absence de réunion du conseil d’Administration. ‘’J’ai déjà dit que je n’ai jamais assisté à un conseil d’administration », a redit le témoin.
Et lorsque Me Diagne a voulu savoir en quoi consistait son rôle de PCA, l’ancien greffier a la Cour d’Appel a répondu : ‘’Je pense que le promoteur Karim Wade pouvait susciter la réunion, mais encore une fois, mes préoccupations étaient autres. A la question de Me Diagne de savoir si CD Média est de la propriété du journal Le Pays, sa réponse n’a pas tardé. ‘’Pour moi, à l’époque, il n’y avait pas de doute. Mais, c’est qu’aujourd’hui qu’il y a procès que le problème se pose. Quand un ministre de la République vous convoque pour vous faire part de son besoin d’ouvrir un groupe de presse, vous n’allez pas douter que ça lui appartient».
Karim Wade : «vous venez encore une fois de montrer que ce procès est purement politique»
Lorsque les avocats en ont fini avec le témoin, le président de la CREI a, comme de coutume, invité les prévenus à se présenter à la barre et à poser des questions, au besoin, au témoin. Mais, une fois encore, Karim Wade a fait des siennes, au point d’irriter au plus haut point le président Diop. Invité à poser ses questions, l’ex-ministre a demandé au préalable d’avoir des éclaircissements sur la société CD Média qui est en cours d’évaluation. Et pour cela, il a insisté pour poser une question au parquet spécial. Ce qui lui a été refusé. «J’ai besoin de cette réponse pour pouvoir poser des questions au témoin», a-t-il insisté. «Respectez la procédure», lui dit le Président.
«Vos avocats savent comment procéder. Ecrivez une lettre et le procureur spécial va vous répondre», a ajouté Henri Diop qui lui a intimé l’ordre de retourner à sa place. Ce à quoi Karim Wade a maugréé qu’il est devant un «procès politique», avant de retourner s’asseoir sous la conduite des agents de sécurité. Ses avocats ont tenté d’expliquer son acte. «Si on avait inclus le montant de CD Média, je pense que notre client n’allait pas poser cette question au parquet», a conclu Me Diagne, avant que le Président ne mette fin à l’audition de Mamadou Diop.
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