Les autorités marocaines maintiennent leur demande de report de la Coupe d’Afrique des nations de football, prévue du 17 janvier au 8 février 2015 au Maroc. Elles restent inflexibles face à la Confédération africaine, par peur du virus Ebola. La CAF doit décider d’une annulation, d’une délocalisation et/ou d’un report du tournoi, le 11 novembre.
La Coupe d’Afrique des nations 2015 de football n’aura pas lieu au Maroc du 17 janvier au 8 février prochain. Sauf revirement, le Royaume chérifien a renoncé à accueillir la plus grande compétition sportive du continent. En effet, les autorités marocaines ont maintenu leur demande de report de la compétition, par peur du virus Ebola. Le Maroc s’oppose ainsi à la Confédération africaine de football (CAF) qui était restée inflexible suite à sa demande de repousser la CAN 2015.
Cette décision est « dictée par des raisons sanitaires de la plus haute dangerosité, liées aux risques sérieux de propagation de la pandémie mortelle Ebola », explique le ministère de la Jeunesse et des sports dans un communiqué.
La CAF, instance tutélaire du football africain, doit désormais prendre une décision le 11 novembre, à l’issue d’une réunion de son Comité exécutif. Il y a quatre possibilités :
– accéder à la demande du Maroc, ce qui serait un aveu d’impuissance.
– annuler la CAN 2015. C’est l’option la moins plausible tant la CAF est dépendante des retombées financières de la Coupe d’Afrique.
– trouver un ou deux autres pays hôtes. Mais les Etats volontaires et capables d’accueillir le tournoi dans deux mois ne sont pas légion. L’Afrique du Sud, qui a organisé la CAN 2013, a déjà fait savoir qu’elle ne servirait pas de recours.
– reporter la CAN 2015 en juin ou en janvier/février 2016. Cette deuxième hypothèse semble plus réaliste. Elle entraînerait l’annulation ou le report du Championnat d’Afrique des nations (le CHAN 2016 au Rwanda), une coupe d’Afrique de moindre importance réservée aux joueurs évoluant sur le continent.
Le Maroc sanctionné ?
Quelque soit l’option choisie, elle ne sera pas sans conséquence pour la CAF qui pourrait faire payer cette situation au Maroc. L’article 90 du règlement de la CAN prévoit qu’un pays hôte se désistant subira des « sanctions disciplinaires », laissées à la discrétion de la CAF. De fait, le football marocain pourrait être suspendu pendant plusieurs mois, voire plusieurs années. Côté finances, la CAF infligera 50.000 dollars d’amende et réclamera surtout « la réparation de tous les préjudices moraux et financiers causés ». Reste que le Maroc ne s’est pas officiellement désisté…
La demande de report de la CAN 2015 a suscité un vif débat en Afrique et ailleurs, ces derniers jours. Les autorités marocaines ont-elles raison d’avoir peur d’Ebola ? Des trois pays les plus touchés par le virus, seule la Guinée reste en mesure de se qualifier pour la phase finale. D’autre part, la plupart des joueurs africains évoluent en Europe, loin des foyers d’infection. Enfin, la Coupe d’Afrique des nations génère peu de tourisme contrairement à un Championnat d’Europe ou à une Coupe du monde.
Par ailleurs, des voix se sont élevées pour dénoncer le manque de cohérence des autorités marocaines. Celles-ci ont accueilli des rencontres de l’équipe nationale de Guinée, interdite de matches à Conakry par la CAF, pour des raisons sanitaires. Et le Maroc est le seul pays à avoir maintenu des liaisons aériennes vers la Sierra Leone, la Guinée et le Liberia. Enfin, le Maroc a maintenu l’organisation de la Coupe du monde des clubs de foot en décembre prochain. Les autorités marocaines ont balayé ces critiques et invoquent le principe de précaution.
Rfi.fr