Mamadou Dia, l’ancien président du Conseil du Sénégal avait commis un certain nombre d’erreurs durant les événements de 1962. C’est la conviction du magistrat Ousmane Camara. Cet ancien président de la Cour Suprême du Sénégal, invité de l’émission « Grand Jury » de la Rfm, n’hésite pas de rappeler ces « erreurs » commises par Mamadou Dia, en interdisant notamment à des citoyens sénégalais de l’intérieur d’entrer à Dakar, privilégiant l’émotion. Mais en acceptant également d’être jugé par la haute cour de justice, alors qu’il pouvait refuser.
Au cœur de la crise au sommet de l’Etat, l’opposant au président Senghor, Mamadou Dia, mis au courant de la motion de censure déposée par les députés pour le destituer, fait immédiatement appel à tous les gouverneurs de région, afin qu’ils interdisent l’accès des citoyens à Dakar. Ousmane Camara trouve pourtant que cela faisait partie des prérogatives des députés, puisque Dia lui-même avait, en novembre 1962, accepté que ces parlementaires se mettent en session.
La mesure d’interdiction l’avait d’ailleurs trouvé à Thiès, ville où il était procureur, ainsi que le déclare Ousmane Camara : « Le tribunal était en face de la gare routière. Et J’ai vu des gens qui venaient de Matam. Arrivés jusqu’à Thiès, on les a arrêtés, en leur disant qu’ils n’avaient pas le droit d’entrer à Dakar. On les a livrés à eux-mêmes ».
Selon l’ancien magistrat, Mamadou Dia a privilégié l’émotion dans cette affaire alors que Senghor avait fait le choix de la raison. Il avait en outre systématiquement écarté le directeur de la Surêté, Leyti Niang et Valdiodio Ndiaye, son avocat, selon l’ancien juge, alors que ces personnes pouvaient le conseiller. Pendant ce temps, « Senghor s’était entouré pour pousser Mamadou Dia à la faute », signale Ousmane Camara qui cite parmi les hommes clés de Senghor durant ce conflit, André Guillabert et Doudou Thiam.
L’autre erreur commise par Dia durant cet événement, c’est selon Ousmane Camara, le fait que Mamadou Dia n’ait pas refusé d’être jugé par la haute cour de justice. « Quand on a un droit, cela vous appartient, on peut y renoncer ou en faire cadeau. Mais, connaissant la composition de la haute cour, sachant qu’il était condamné d’avance, il aurait été encore un peu plus grand, s’il avait usé du droit qu’il avait. Et ce droit c’était de refuser d’être jugé ».
Au lieu de cela, Mamadou Dia est allé chercher sept avocats dont trois sénégalais (Mes Abdoulaye Wade, Oumar Diop et Ogo Kane Diallo). En faisant ce choix, Ousmane Camara signale que Mamadou Dia était entré dans « le jeu » dans lequel, l’avait entrainé Senghor. Ce qui n’a d’ailleurs pas joué en sa faveur, puisqu’il avait été, par la suite, condamné.
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