« Les terroristes disposent abondamment de deux choses qui manquent cruellement à nos Etats sous pression : le temps et l’argent », dira Bakary Sambe en guise d’introduction de son exposé reprenant les grandes lignes du document de travail qu’il a publié en collaboration avec la Fondation pour la Recherche stratégique (FRS).
S’exprimant lors du panel consacré au terrorisme qu’il partageait, entre autres, avec l’Envoyé Spécial des Nations Unies et d’autres experts internationaux, le Sénégalais, Dr. Bakary Sambe a voulu dès l’entame de son propos, « attirer l’attention de la communauté internationale sur les risques d’en arriver à une amère impression d’un second ‘trop tard’ si l’on continue à privilégier les solutions strictement militaires en négligeant l’approche sociologique et préventive du phénomène terroriste ».
Pour le coordonnateur de l’Observatoire des radicalismes religieux à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, « les différentes stratégies Sahel qui gagneraient d’ailleurs à être harmonisées accusent un retard d’au moins 40 ans sur les réseaux qu’elles veulent éradiquer », rappelant que « la région du Sahel a souffert des sécheresses des années 70 et des politiques d’ajustement des années 80 pendant que l’Europe, subissant les effets du choc pétrolier, n’avait aucune politique d’anticipation au moment où les pétrodollars avaient envahi l’espace du social et de l’humanitaire dans un contexte d’affaiblissement aggravé des Etats africains ».
« Sans une harmonisation de ces différentes stratégies dites du Sahel de la part des partenaires au développement, elles perdront de leur efficacité comme cela a été le cas pour l’aide bilatérale ou encore multilatérale », dira Bakary Sambe.
D’après cet enseignant-chercheur au Centre d’Etude des Religions (CER) de l’UGB, « les groupes terroristes comme Al-Qaida ont radicalement changé de stratégie, loin des actions à visée globale, se suffisant de parasiter les conflits locaux tout en attirant l’Occident dans le piège de l’interventionnisme lui-même générateur de frustrations et de radicalisation ».