La collectivité internationale a encore en mémoire, l’impressionnante marche ayant eu lieu à Paris le dimanche 11 janvier 2015 pour rendre hommage aux disparus de Charlie Hebdo, et à laquelle prenait part le président béninois Boni Yayi. Pourtant, d’après les récentes déclarations d’Ozias Sounouvou, journaliste à l’ORTB, il semblerait que l’homme d’Etat ne soit pas si favorable que cela à la liberté d’expression.
A Porto Novo,
L’Afrique n’est pas vraiment réputée pour faire partie du peloton de tête quand il est question de liberté de la presse. Si la récente participation du président béninois Boni Yayi à la marche organisée en hommage aux disparus de Charlie Hebdo aurait pu donner l’impression qu’au Bénin, la liberté d’expression était à son optimum, Ozias Sounouvou, journaliste à l’ORTB (Office de Radiodiffusion et Télévision du Bénin), vient de jeter un sacré pavé dans la mare.
Quand un des meilleurs journalistes de la chaine de télévision nationale prend la parole en plein journal pour décrier le fait que la chaine publique soit quelque peu muselée par le Président, cela laisse clairement supposer qu’il y a un problème. « Autant qu’à Paris, monsieur le Président, soyez Charlie pour les journalistes de l’ORTB. Libérez l’ORTB pour des débats contradictoires, permettez la libre expression sur la chaîne publique », voilà en somme, la substance des déclarations d’Ozias Sounouvou alors qu’il présentait le journal télévisé de 23h, le lundi 12 janvier 2015.
Quelle vérité se cache derrière de tels propos ? La question mérite d’être posée, d’autant plus que l’opinion publique semble clairement craindre le fait que des représailles soient prises à l’encontre du jeune journaliste. Si l’homme de presse a lui-même évoqué l’ « impertinence » au moment de qualifier ses déclarations, nombreuses sont les personnes qui au Bénin, saluent un acte de hardiesse. Le journaliste a d’ailleurs reçu le soutien de certaines organisations de la société civile et la page « 10 000 j’aime pour Ozias Sounouvou » a été créée sur le réseau social Facebook, comptant déjà plus de 2 245 « j’aime ». Les rumeurs font état d’une prochaine affectation vers Abomey en guise de « punition », tandis que les théories les plus alarmistes semblent conduire à croire qu’il faille craindre le pire pour la vie d’Ozias Sounouvou.
Sont-elles pour autant fondées ? Nul ne saurait le dire. On retiendra simplement que c’est en surfant sur la vague de liberté d’expression qui parcourt le monde depuis les attentats de Charlie Hebdo qu’Ozias Sounouvou a osé dire tout haut, ce que la majorité pensait tout bas. De ce fait, l’homme des médias est en quelque sorte devenu le Charlie Hebdo béninois, inspirant même le slogan « Je suis Ozias Sounouvou ». Quoiqu’il en soit, alors que la France continue de panser ses plaies après les récents évènements, le Président Boni Yayi tient là une occasion en or de devenir Charlie de façon concrète. A lui de prouver à son peuple en général et à Ozias Sounouvou en particulier, qu’au Bénin, liberté d’expression ne rime pas avec sanction, car c’est bien cela être Charlie n’est-ce pas ?
afrik.com
voilà comment nous parviendrons à rendre nos états démocratiques! merci journaliste! merci société civile béninoise!nous n’avons presque plus de société civile au Sénégal!
tres pertinent