Comme le plan Jaxaay tant loué par le chef de l’Etat a échoué, le gouvernement consigne d’autres terres de Tivaouane Peulh pour, dit-t-il, y déplacer les sinistrés de la banlieue. Ce qui était prévu hier. Mais le site sis à Tivaouane Peulh est loin d’offrir le cadre minimum pour accueillir «des réfugiés». Les aménagements accusent du retard. C’est la précipitation. Par Birame FAYE
Les herbes n’ont pas eu le temps de grandir. Bulldozers et grues en ont décidé ainsi, en nivelant les dunes de sable. Ces engins s’adonnent à un travail de terrassement d’une bande de terre de 07 hectares. «Il n’y a pas possibilité d’inondation», se convainc un paysan. Cette perméabilité du sol est, pour le moment, la qualité pédologique de ce site à faire valoir. Le terrain a été prévu pour le recasement des sinistrés des inondations de la banlieue à partir d’hier, comme l’avait annoncé le Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye, le 28 juin dernier, à l’issue d’un Conseil interministériel.
Les services de base comme l’eau de robinet et l’électricité, en l’occurrence, sont encore inexistants sur le site. Les sinistrés pourront, quand même, se contenter du seul puits d’une profondeur qui avoisine 10 mètres d’un ex-verger agricole, à partager avec les populations locales. A défaut, ils pourront se rabattre sur la ferme du plan Reva (Retour vers l’agriculture) située de l’autre côté de la piste chaotique en latérite qui mène à la cité de Namora, la seule voie d’accès à ce nouveau «camp», qui devra accueillir 22 mille victimes des inondations.
Le puits constitue, pour le moment, la principale source d’approvisionnement en eau pour les populations locales. Anna Coly, une habitante de Darou Rahmane, quartier contigu au site de recasement provisoire, souligne que cette partie du village de Tivaouane Peulh (à 5 Km de Sangalkam et à 2 km de Keur Massar) n’a jamais connu le réseau d’eau, d’électricité ou d’assainissement. Le malheur des sinistrés fera-t-il le bonheur des populations locales ? «Il y a quelques jours, des agents ont procédé à des études. J’espère que le projet d’électrification et d’adduction d’eau concernera notre quartier», espère-t-elle. Et son voisin Babacar Diop, ancien habitant de Guédiawaye, de se réjouir de l’hospitalité des villageois?: «Il n’est pas facile de déménager dans en endroit que l’on ignore. Mais, j’invite les sinistrés à venir. Nous n’avons pas de problèmes, ils n’ont qu’à venir», appuie le villageois Mamadou Sow. Les enfants sinistrés vont étudier dans des classes en bois dont le fondement de moins de 50 cm de profondeur est en train d’être creusé.
UNE CITE RECONVERTIE
Il est 12h 43mn. Le responsable des travaux de terrassement donne des instructions aux conducteurs des engins. Derrière lui, une parcelle de tentes militaires. Elles sont implantées en six rangées de 18 tentes regroupées en lot de trois. Il est impossible de passer trois minutes dans ces abris de campagne, à cause de la forte chaleur. Celle-ci est accentuée par la canicule de l’hivernage. Autour des bâches, de jeunes sapeurs-pompiers habillés en maillots de couleur rouge, bleu, vert, ou en vieux pantalon treillis, camouflés s’attèlent aux derniers réglages. Certains de leurs frères d’armes prennent la pause sous l’ombre des tentes, observant des bâches étendues à raz-le-sol. Elles aussi, attendent d’être ériger en tentes.
En face de ces groupuscules de soldats du feu, des ouvriers travaillent d’arrache-pied sur un appartement. Les signes d’une toiture récemment bétonnée sont visibles. L’on nous signale que le responsable du chantier vient juste de partir.
Quant au chef des pompiers, comandant des opérations, il est dans un véhicule 4X4 stationné sur la partie haute d’une dune de sable, et s’exprime au téléphone. Quand votre serviteur lui demande si un premier contingent de sinistrés de la banlieue passera aujourd’hui (hier) la nuit sous les tentes, le commandant des opérations se taille un manteau de l’arrogance. «Pourquoi vous le demandez?? Vous n’avez pas le droit de le demander. Le dossier du relogement des sinistrés est géré par la Primature. Allez là-bas», s’écria-t-il, sous le regard de ses troupes assis sur un banc. On apprend, tout de même, d’un ouvrier que la villa en finition accélérée, fera office de poste de santé.
Le site destiné à 2 500 familles sinistrées de la banlieue a été initialement programmé pour une cité bâtie en dur, en témoigne une rangée de maisons en chantier. Et les sinistrés côtoieront les habitants de la richissime cité de Namora et tout juste derrière, celle des «Lionnes» du basket, vainqueur de la dernière Coupe d’Afrique des Nations. Toutefois, ils pourront profiter des services de son centre de santé qui porte le nom de l’ancien ministre des Sports, le défunt Issa Mbaye Samb. Mais le minimum vital du Premier ministre est loin d’être tenu.