Le rapport de l’administrateur provisoire de Hardstand, Ibrahima Diop, a fait ressortir des irrégularités, notamment dans l’acquisition du terrain sur la corniche ouest. Mais l’expert n’a pas établi un lien entre Karim Meïssa Wade et les initiateurs du projet Hardstand, les frères Bourgi.
L’administrateur provisoire de la société Hardstand, Ibrahima Diop, a été rappelé à la barre hier, pour apporter des précisions dans un rapport qu’il a lui-même produit. L’expert-comptable a encore évoqué la question de l’acquisition de terrain pour le compte des sociétés revendiquées par Ibrahim Aboukhalil Bourgi dit Bibo. Il ressort de la présentation de l’expert, Ibrahima Diop, des irrégularités notamment par rapport à la superposition de baux sur une même assiette foncière.
En fait, le terrain en question, sis sur la corniche ouest et devant accueillir le projet immobilier du complexe résidentiel Hardstrand de la société Eden Rock, a été attribué auparavant au sieur Pape Mody Ndiaye, alors que le bail du général Lamine Cissé n’était pas résilié. Cette anomalie n’est pas passée inaperçue, même si l‘expert-comptable ignore les intentions de l’administration à l’époque. C’est un mois et demi après la création de la société par le patron de Bourgi Transit qu’une demande de bail a été déposée. Dans son rapport, M. Diop précise qu’une autorisation précaire d’occupation a été attribuée à Bibo Bourgi pour lui permettre d’exploiter la surface.
L’expert a confirmé les collusions entre l’homme d’affaires franco-libanais et certains anciens ministres de Me Abdoulaye Wade d’une part, et d’autre part entre Bibo Bourgi et des membres de la Commission de contrôle des opérations domaniales (Ccod). Selon l’administrateur provisoire, il y a possibilité qu’il y ait quelqu’un qui se cache derrière pour ce qui est de l’acquisition de terrain pour le compte de Ibrahim Aboukhalil Bourgi dit Bibo. Mais à ce propos, M. Diop n’a pas établi un lien entre Karim Wade et ses présumés complices, notamment les frères Bourgi. «Sur l’apparent, le nom de Karim Meïssa Wade n’apparaît pas», a fait savoir l’expert-comptable.
Ce dernier est d’avis que dans les travaux qui ont précédé la confection d’un rapport, il n’a pu viser une personne particulière. Selon lui, l’idée était de répertorier toutes les actions nébuleuses. «Nous avons rédigé le rapport à partir des documents qui nous ont été fournis par la commission d’instruction», précise l’expert. Moment choisi par Ibrahim Aboukhalil Bourgi dit Bibo pour préciser que les documents à la disposition de l’expert Diop lui ont été remis à la suite d’une perquisition à leur insu. Cette visite inopinée des éléments de la Section de recherches de la gendarmerie est comme une pilule que l’homme d’affaires a du mal à avaler.
Pour les sociétés Eden Rock et Hardstand, Ibrahim Aboukhalil en a revendiqué la paternité, avec son frère Karim Aboukhalil. Visiblement en colère, Bibo Bourgi s’est adressé à la Cour en ces termes : «Le projet immobilier du complexe résidentiel Hardstrand de la société Eden Rock a été mené de bout en bout par mon frère et moi. Hardstrand est une société quasi-familiale des frères Aboukhalil.».
Le Quotidien