Le chanteur ivoirien Tiken Jah Fakoly met en garde les dirigeants africains qui tenteraient de s’accrocher au pouvoir, les appelant à entrer dans l’Histoire par « la grande porte » en cédant leur place démocratiquement à la fin de leur mandat.
« Tous ceux qui vont insister à s’accrocher au pouvoir (…), auront en face d’eux une génération que l’on appelle +la génération consciente+ et je pense que ces présidents, plutôt que d’entrer par la grande porte de l’Histoire, vont, par leurs actions, entrer par la petite porte », déclare-t-il dans un entretien accordé à l’Afp à Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo, pays dont le président, Joseph Kabila, est soupçonné de chercher à se maintenir au pouvoir au-delà du terme de son mandat, fin 2016.Pour le chanteur, cette « génération consciente » s’est manifestée, en octobre, dans la révolte populaire qui a chassé du pouvoir le président burkinabè Blaise Compaoré… Le sujet est brûlant dans la région.
Les présidents Pierre Nkurunziza au Burundi, Joseph Kabila en République démocratique du Congo, Denis Sassou Nguesso au Congo Brazzaville et Paul Kagame au Rwanda ne peuvent pas se représenter à la fin de leur mandat en 2015 pour le premier, 2016 pour les deux Congolais, et 2017 pour le Rwandais. Leurs oppositions respectives les soupçonnent de vouloir modifier la Constitution ou trafiquer le processus électoral afin de se maintenir plus longtemps en place. Engagé, Tiken Jah Fakoly est toujours prompt à soutenir le Mali, son pays d’adoption depuis 2002, dont le nord, tombé, en 2012, sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, reste en proie aux conflits armés. Il déplore la « gangrène » que représente, pour l’Afrique, la menace du groupe islamiste Boko Haram qui (…) ne fait « qu’hypothéquer » l’avenir des Africains.
Il salue toutefois la coalition régionale qui s’est mise en place pour combattre le groupe armé. Le Nigeria et ses pays limitrophes – Tchad, Niger, Cameroun et Bénin – se sont accordés le 7 février pour mobiliser 8.700 hommes dans une force militaire régionale contre Boko Haram. Pour lui, « ça veut dire que l’Afrique a décidé de se prendre en main ». « Se prendre en main », s’unir, est plus que jamais le leitmotiv du « reggae man » ivoirien. Son dernier album, sorti en 2014 et intitulé « Dernier appel », est d’ailleurs résolument panafricaniste.
« Dernier appel, c’est pour l’urgence de l’unité africaine. ( ) Il faut que nous allions vers l’intégration. D’abord, sous-régionale, puis pour tout le continent. L’Afrique unie gagnera tous les combats », martèle-t-il.
« C’est un appel à l’unité africaine, prônée par nos ancêtres, dont Patrice Lumumba [éphémère Premier ministre du Congo indépendant, assassiné], Hailé Sélassié [empereur d’Ethopie], Kwamé Nkrumah (Père de l’indépendance du Ghana], Thomas Sankara » (révolutionnaire anti-impérialiste burkinabè, assassiné en 1987 après quatre ans au pouvoir), énumère-t-il…
AFP
Q’il soit ainsi…