En prenant la décision de se désengager des dossiers de liquidation des droits légaux dus aux ex-agents d’Air Afrique et d’Air Sénégal international, Karim Wade a prouvé aux Sénégalais qu’il n’est manifestement pas à la hauteur des responsabilités que lui a confiées son père. Il a, de sa fonction, une idée très réductrice?; celui que l’on présente dans un bel emballage de «primus inter pares», celui-là qu’on dépeint sous les traits d’un démiurge vient de se signaler dans sa véritable nature. A travers un communiqué de son ministère, Karim Wade offre l’image d’un gamin, d’un enfant gâté, prompt à la bouderie?; ce «Pygmalion» à qui le papa chéri a confié la responsabilité du Ciel et de la Terre vient de verser dans l’insouciance et l’irresponsabilité.
Non Monsieur le ministre?; vous ne pouvez pas agir en facilitateur ni en courtier dans la liquidation des droits dus à des ex-travailleurs placés sous la tutelle de votre département. Votre engagement dans cette affaire relève d’une mission régalienne et non d’un privilège offert.
Vous ne saurez donc vous en dérober aussi longtemps que vous serez à la tête du département des Transports aériens. Que pouvait faire du reste un syndic qui n’avait aucun contrôle sur le handling?; ce que vos prédécesseurs ont compris en mettant en place le 25 août 2005 un fonds social alimenté par un prélèvement de 2% sur les recettes du handling?; ce fonds a permis d’indemniser seulement à ce jour 157 agents sur 987. On s’en vante tant et pourtant, il manque d’efficacité car les recettes qu’il génère par an étendent le règlement de tous les droits sur une période de 25 ans. Dans l’ensemble des pays membres d’Air Afrique, la seule activité handling a été utilisée pour boucler la liquidation en moins d’un an. Au Sénégal, nous nous acheminons lentement vers la neuvième année sans aucune perspective claire. Nous sommes convaincus que Karim Wade peine à honorer de nombreux engagements pris devant les ex-travailleurs d’Air Afrique et d’Air Sénégal international. Il s’est même lancé dans des voies transactionnelles, car de 7 milliards 800 millions de francs Cfa représentant le portefeuille de droits concernant Air Afrique, il avait proposé de transiger sur la base de 5 milliards de francs Cfa avant de se rétracter 1 an plus tard à la modique somme de 3 milliards de francs Cfa. Maintenant, dos au mur, ne sachant plus quoi faire, et ne pouvant plus faire de promesse, puisque la seule promesse qu’il n’a pas faite c’est de tenir sa promesse, il profite d’un mouvement d’humeur du personnel de l’aéroport pour jeter l’éponge?; avouant ainsi son incompétence. Dommage pour le Sénégal qui a connu de grands ministres dans ce département comme Robert Sagna, Tidiane Sylla etc. Ce qui fait mal aux professionnels du secteur, c’est l’absence depuis 2 ans d’un pavillon Sénégalais dans les airs, une première dans l’aéronautique chez nous. Ce qui choque, c’est l’opacité qui a entouré la cession des licences d’exploitation du handling. Ce qui révolte, c’est le pillage opéré sur les terres de l’aéroport?; c’est le sort réservé à l’ex-centre de formation d’Air Afrique que certains ex-agents voulaient relancer à travers des modules de formation pluridisciplinaire sans parler des pièces détachées bradées. C’est pourquoi plus que jamais, l’Etat doit réparation à ces ex-travailleurs d’Air Afrique et d’Air Sénégal international qui ont porté tour à tour le drapeau sénégalais de 1961 à 2008. C’est donc légitimement que nous revendiquons nos droits?; nous le ferons en usant de tous les moyens?; nous en appelons à un large front de toutes les forces sociales du transport aérien pour faire face au monstre. Aucun sacrifice ne sera de trop. Dans ce combat nous ne mettrons jamais notre dignité en berne. En définitive, nous comprenons aisément que Monsieur Karim Wade, las de faire des promesses, se trouvant acculé et dos au mur n’ait d’autre salut que de capituler. Pour nous, l’Etat demeure responsable et l’Etat ne se résume pas à Karim Wade.
Papa Massar NDOYE
Coordonnateur du Collectif
d’ex-agents d’Air Afrique
