La Banque centrale vient de procéder au lancement national de la centrale des incidents de paiements (Cip) dans l’espace Uemoa. C’est un dispositif informatif devant sécuriser l’usage des instruments de paiement et contribuer à l’assainissement de l’environnement des affaires au sein de l’Union.
C’est un pas de plus dans la modernisation de l’économie et la protection contre les nouvelles pratiques illicites sur les instruments de paiement au sein de l’espace Uemoa. Il a été procédé, hier à Dakar, au lancement national de la Centrale des incidents de paiements de l’Uemoa (Cip – Uemoa), un complément au dispositif de sécurisation déjà mis en place au lendemain de la crise financière qui a déclenché un certain nombre de pratiques frauduleuses. Par-delà, la Bceao s’inscrit dans l’optique de contribuer à l’amélioration du climat des affaires dans les Etats membres. La Cip est présentée comme une base de données régionales permettant de centraliser et diffuser des informations sur les paiements frauduleux par chèques, cartes bancaires, billets à ordre et lettres de change, dans les Etats de l’Union. Initiée en collaboration avec les banques et établissements financiers de l’Uemoa, le système a comme principaux acteurs les banques, le parquet et les usagers. La Cip participe donc à l’assainissement du cadre dans lequel ces moyens de paiement sont appelés à jouer un rôle central dans le règlement des transactions courantes et commerciales. Avec une mise en place graduelle, cet outil devrait idéalement couvrir à 100 % les déclarations de comptes au Sénégal, contre près de 85 % actuellement. Les huissiers et les notaires surtout ont un rôle déterminant à jouer, notamment au niveau des recours des bénéficiaires victimes de défaut de paiement.
Un instrument de détection des délinquants financiers
Après le lancement de la Cip au niveau régional, il y a une vingtaine de jours, son application effective au Sénégal marque l’opérationnalisation de cet outil appelé à jouer un rôle primordial dans la sécurisation des populations contre les abus dans les instruments de paiement. La centrale, selon Mme Fatoumétou Zahra Diop, offre aux commerçants, entreprises et opérateurs économiques un moyen d’éviter la manipulation de l’argent liquide, en privilégiant les paiements par chèque, carte bancaire et effets de commerce en toute quiétude. La Cip n’a pas pour vocation de diffuser des informations sur les soldes des comptes des émetteurs de chèques, encore moins sur les établissements. Elle permet d’abord de donner des indications sur la régularité ou non des moyens de paiement qui circulent et à assurer notamment que l’émetteur n’est pas sous le coup d’une interdiction de chéquier ou de cartes bancaires, que le compte n’est pas clôturé, que le chèque ou la carte n’est pas déclaré volé ou perdu, falsifié ou contrefait. C’est en fait un instrument de détection des délinquants financiers qui tentent d’abuser de la confiance des populations et des commerçants dans l’utilisation des instruments de paiement. Ce qui fonde la satisfaction de l’Association professionnelle des banques et établissements financiers (Apbe), ainsi que de la justice sénégalaise. C’est le sentiment du directeur de Cabinet du ministère de la Justice, M. Abdoulaye Ndiaye, qui voit là également une solution à la réflexion déjà engagée dans la perspective de mettre en place un dispositif préventif afin de compléter le dispositif répressif.
Adama MBODJ
lesoleil.sn