Petersen brûlé par des hommes armés : les marchands ambulants crient vengeance ; Sandaga en alerte maximale

« Alioune Ndoye, maire de Dakar Plateau, est responsable de tout ça. Il est venu avec des bandits, des agresseurs avec des couteaux et des haches. Ils ont mis le feu à tous nos bagages », accuse Moustapha Cissé, un des marchands ambulants qui ont tous perdu.

Ils n’oublieront pas de si tôt ce dernier samedi, avant le mois de Ramadan. Toutes leurs marchandises ont été réduites en cendres. Ils ont été envahis, selon, eux puisqu’il n’y a pas eu d’avertissement de la part des agents municipaux.

Salaba est une mère de famille, assise par terre. Elle est en larmes devant ses bagages en fumée. « Il nous a dit qu’il viendra plutôt faire des tables qu’on paie, chaque mois. On a fait une liste parce qu’on était d’accord. Ce matin, ils viennent par surprise avec des couteaux et des haches mettre le feu à nos bagages. On est la jusqu’a 4h du matin, même si on doit mourir on est là», se propose-t-elle en martyr.

Sur le point de hurler dans son ensemble wax, elle s’adresse au président Macky Sall : « Macky Sall, si vous ne réagissez pas, avant que le pays ne brûle, on mourra tous ici ».

Un autre éploré, en sueur sous le soleil, lance : «le Président dit qu’il veut l’émergence, qu’il laisse les ambulants tranquilles. Ce n’est pas normal».

Les Chinois dont certains en pleurs ramassent ce qui reste de leurs marchandises. Des centenaires étaient présentés pour les évacuer leurs bagages”.

Plusieurs boutiques ont aussi brûlées, eux aussi, ont perdu leurs deux boutiques. Voulant rester dans l’anonymat. Ce vendeur est ébahi devant toutes les pertes : «très tôt ce matin, mon frère m’a appelé pour me dire que nos deux magasins ont brûlé. On n’a rien pu sauver. Ils ont brûlé les tables des ambulants et le feu s’est rependu dans nos boutiques »

Ils ont perdu beaucoup d’argent et ils ne comptent pas croiser les bras : « on a perdu près de 45 millions. On va porter plainte contre X, mais c’est la Mairie de Dakar qui a envoyé ces bandits. Ils pouvaient laisser pendant la nuit pour ramasser calmement toutes les tables ».

Ce déguerpissement ne laisse pas que les ambulants de Petersen dans le désarroi. Ceux de Sandaga sont venus leur prêter mains fortes. Saër Tambédou, Président de l’Association des jeunes marchands débrouillards. « On partage leurs peines. Le pays ne leur appartient pas. On n’est ni des voleurs ni des dealeurs pour qu’ils nous traitent ainsi. Ce n’est pas normal qu’un maire tire sur les ambulants comme un cowboy ».

Saer Tambedou est aussi marchand ambulant à Sandaga, il avertit : « ils disent qu’ils viendront lundi à Sandaga, on les attend. », avertit-il. A côté de lui, Mbaye est un ambulant venu de Pikine. Dans tout ses états, il jure : “sur le Saint Coran, ce n’est pas fini. Qu’ils nous dédommagent. On n’en a pas fini ; qu’ils nous tuent ou on les tue ».

A notre passage, les sapeurs pompiers essayaient d’éteindre le feu qui a déjà ravagé les boutiques avec les marchandises à l’intérieur. Sous le regard des propriétaires. On pouvait voir la fumée s’élever sur les immeubles au rond-point Petersen. Les policiers étaient aussi présents pour ramener l’ordre, en cas d’affrontements.

Une femme parmi les marchands ambulants n’en revient pas. Elle dit être la première à être déguerpie. Très en colère, elle propose mieux que de brûler les marchandises. « Qu’ils aillent sur l’autoroute pour balayer. Le pays est sale. Le canal est là dans un mauvais état. Laissez les pères et mères de familles ambulants travailler ». Puis elle poursuit : «on lui a dit de balayer les ordures, pas les personnes ».

Une dame qui passait par là, déplore l’état des lieux. « Il n’y a aucun intérêt à brûler leurs bagages, ça ne leur sert à rien. Ils ont détruit ces gens ». Les blessés, les ambulants en parlent. Selon eux, un de leurs délégués a été évacué à l’hôpital Fann. « Il serait en urgence », disent-ils.

« Une autre fillette a été blessée par des cailloux qu’on se lançait », a ajouté l’un d’entre eux. Les marchands ambulants ont promis de riposter. Mais ils n’ont pas voulu, pour le moment, révéler leurs méthodes. Des pneus ont quand même été brûlés à centenaire…Ce fut un samedi long, comme un jour sans pain.


Aissata Bathily (Actusen.com)