Le chef de l’Etat avait fait le détour sur les lieux, le jour du Maouloud, pour inaugurer l’usine qui devait être le fer de lance de la relance du textile au Sénégal. Le rêve vient de se terminer en cauchemar.
Par Mohamed GUEYE
Le site politicosn.com a annoncé hier la fermeture de l’usine Politexka de Kahone, et la disparition de son directeur, le Français Jean-Marc Secondi. Le journal en ligne a rappelé que cette usine avait été inaugurée en grande pompe par le président de la République, aiguillé par le ministre d’Etat, chargé de l’Industrie, Me Ousmane Ngom, au mois de mars dernier. L’usine qui a été lancée par le Président Wade à Kaolack même a cessé de fonctionner. Depuis trois mois, en effet, l’usine a fermé boutique et le propriétaire des lieux, le Français Jean Marc Secondi a disparu des lieux laissant sur place quatre à cinq mois d’arriérés de salaires aux travailleurs.
En fait, comme l’avait dit Le Quotidien des 6 et 7 mars derniers, l’usine n’a jamais réellement fonctionné comme le prétendait le ministre d’Etat chargé des Mines, de l’Industrie et de la Tapa. A cette époque, l’article avait fait sortir le ministre Ngom du bois, et lui avait fait perdre toute la sérénité qui sied à ses fonctions. La bave littéralement aux lèvres, il avait couvert l’auteur de ces lignes, d’injures indignes de son rang de personnage public. Ce faisant, il s’était comporté comme partie prenante dans la société Politexka, laissant dans l’ombre Jean-Marc Secondi. Ce dernier n’a jamais répondu à aucune des tentatives du journal Le Quotidien d’entrer en contact avec lui, même quand les attaques contre lui prenaient une tournure… à la Ousmane Ngom, c’est-à-dire, en-dessous de la ceinture.
Or, sur Politexka à Kahone, les espoirs du pays étaient grands, pour ne pas dire, immenses. Ce devait être la rampe de lancement du renouveau du textile sénégalais, et même de la culture de coton, comme l’avait indiqué le Président Wade, emporté par l’euphorie par ce qu’on venait de lui montrer à Kahone. Ousmane Ngom, qui doit sans doute avoir des comptes personnels à régler avec M. Ibrahima Macodou Fall, avait éjecté ce dernier de cette unité industriel, en lui refusant toutes les voies de recours, pour une créance que ce dernier n’avait jamais refusé de payer.
Pour relancer le textile à partir de Kahone, loin du littoral et dans une zone sans route de qualité, l’Etat a fermé les yeux sur le dépeçage du domaine foncier de la Sotiba, et sur la disparition de son patrimoine, opérations menées, comme partout où il passe, par Secondi. Tout esprit sérieux peut difficilement accepter que le ministre d’Etat, en introduisant Secondi dans la bergerie, avait réellement en vue la relance du textile sénégalais.
Quoi qu’il en soit, avant même de chercher à débattre pour connaître les vraies raisons de la débâcle, le gouvernement devrait se pencher le plus rapidement possible sur le cas des travailleurs de l’usine. Voilà des soutiens de famille qui ont été utilisés pour des intérêts qui les dépassent, et sans qu’ils en tirent un quelconque bénéfice. On les avait pris de l’usine de Sotiba, pour les transférer à Kahone, et ils s’étaient considérés comme des bienheureux, ceux qui étaient restés à Dakar ayant perdu leur emploi de manière irrémédiable et sans droit. Or, plus de trois mois après, ils ont fini par comprendre que leur martyre n’avait été que prolongé. Leur patron ayant disparu sans donner de nouvelles, ne serait-il pas juste que l’Etat, qui lui a accordé tous les avantages et mis dans les conditions d’agir comme il l’a fait, les dédommage de leu préjudice??
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