S’il y a un symbole emblématique dans le magistère de Macky Sall, qui exprime et imprime incontestablement l’absence de rupture et de changement d’avec le régime de Wade, c’est bien la RTS. Il est même opportun de penser que la ligne éditoriale impulsée par son actuel Directeur se trace avec plus de parti-pris et de zèle qu’avant son arrivée.
Lorsque Macky Sall a remercié et récompensé Babacar Diagne pour loyaux services rendus à l’époque de Wade (Macky a été son Directeur de Campagne et son Premier ministre), nous avion pensé mais à tort, que la rupture allait intervenir avec les méthodes à la » soviet suprême » instaurées depuis belle lurette à la télévision nationale. On pouvait raisonnablement le penser car le Président et ses partisans assénait dans l’opinion »La patrie avant le parti ». Un slogan qui s’est vidé de tout sens et qui a disparu des arguties apéristes. On pouvait également l’espérer parce que Macky a embarqué dans sa besace gouvernementale des hommes de communication hors pair( Latif, Jules, Yaham…), qui avaient déployé tout leur talent pour fustiger et combattre la propagande outrancièrement partisane de la RTS du règne de Wade. Leur silence bruyant face à l’indécence anti-démocratique affichée sur les écrans de la chaine de Racine Talla Sall, est plus que troublant.
Il suffit de regarder les programmes de la RTS pour sentir un malaise malsain. Une télévision nationale qui ne reflète nullement la pluralité démocratique, encore moins la diversité politique. Une télévision nationale qui vit de ressources publiques et largement de publicités des démembrements étatiques et qui consacre quasi exclusivement ses temps d’antenne au Président, à son parti et à sa famille. Racine applique à la lettre la volonté présidentielle : »Réduire l’opposition à sa plus simple expression ». La première dame est-elle plus légitime à occuper plus d’espace à la RTS que les députés de l’opposition ? La confusion « servir le Sénégal » et servir Macky Sall, est très volontairement entretenue. Les événements politiques qui secouent l’opposition y sont systématiquement zappés, pour ne relayer que les meetings et manifestations des partisans et laudateurs du camarade en chef. Quel anachronisme et quel anti-professionnalisme, à l’époque de l’explosion des chaines audio-visuelles et des réseaux sociaux ! Les chaines concurrentes se délectent à l’idée de ravir à la RTS des parts de marché considérables, en traitant simplement et à profusion des infos sur les activités et événements de l’opposition. C’est tellement devenu un réflexe banal de zapping que pour savoir ce qui se passe au PDS ou à REWMI, il faut regarder tout sauf la RTS.
Pourtant les leçons du passé récent nous édifient sur l’inefficacité et la contre-productivité de ce « centralisme médiatique ». Beaucoup de pays de Démocratie avancée y ont renoncé pour acquis à la cause. Cette politique de tapage et de personnalisation à la « KIM JONG-UN » est néfaste. Pour preuve illustrative, elle n’a pas sauvée Abdou Diouf et a perdu Abdoulaye Wade. Mais avec la « patrimonialisation familiale », la transhumance, la mal gouvernance et l’arrogance ostentatoire de la marque « FARBA », le régime actuel s’évertue à la reproduction des valeurs honnies par les Sénégalais. Un sentiment de plus en plus répandu dans la population consistant à dire « on n’avait pas voté pour çà », est la véritable déconvenue qui guette les » pouvoiristes « de l’APR. Et la RTS est l’instrument par lequel la volonté de SOPI devient le dégout du SAPI. C’est le piège dans lequel succombent tous nos gouvernants une fois élus par narcissisme exacerbé. Mais n’est-ce pas un de nos traits culturels de toutes époques : La propension à la flatterie et à la vanité. Voilà pourquoi la RTS devient toujours un griot.
CHERIF BEN AMAR NDIAYE
Kaadoubitimrew.com