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Mimi Toure  «Les mandats de 7 ans ne correspondent plus à la dynamique des démocraties modernes»

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Près d’un an après son départ de la Primature, Aminata Touré «Mimi» parle de toutes les questions qui agitent le landerneau politico-socio-judiciaire du pays. De la modification du règlement intérieur de l’Assemblée nationale, de la réduction du mandat présidentiel de 7 à 5 ans, de la traque des biens mal acquis, de la prochaine présidentielle, elle se livre sans détour.

Mme le Premier ministre, le règlement intérieur de l’Assemblée nationale a été modifié. Comment appréciez-vous la polémique qui a suivi cette loi ?

Je vais reprendre le décompte des voix, parce que c’est cela la démocratie. Il y a 142 voix pour sur un Parlement de 150 députés. Donc, la controverse ne me paraît pas fondée. Il  y a eu un large consensus au sein de l’Assemblée nationale. Le groupe Benno,  dans sa quasi-unanimité,  a adopté cette loi qui va dans le sens de l’approfondissement de la démocratie. On revient à une orthodoxie qui avait été changée pour des raisons politiciennes.  On s’en rappelle, c’était une astuce politicienne pour faire partir du perchoir l’actuel président de la République qui était président de l’Assemblée nationale en son temps. Une institution comme l’Assemblée nationale devait être exempte de toutes ces manœuvres politiciennes. Donc revenir au mandat de cinq ans, c’est rétablir la légitimité et renforcer notre système parlementaire. Deuxièmement, je me félicite en tant que militante des droits des femmes  de l’application de la  loi sur la parité au niveau du bureau de l’Assemblée. Pour ce qui concerne la constitution de groupes parlementaires, là également on revient à l’orthodoxie. On revient au dixième requis pour la création d’un groupe parlementaire. C’est ce qui existait avant que l’ancien régime sous le Président Wade ne décide de ramener le nombre à 10 députés en jouant sur le chiffre 10. C’était dans un contexte particulier, 2007, quand le Pds est allé aux élections législatives tout seul et s’est retrouvé avec un Parlement sans opposition. Le Président Wade a donc trouvé cette  astuce pour  créer un semblant d’opposition. Là également, on rétablit la norme en revenant au dixième des membres de l’Assemblée nationale pour avoir un groupe. Troisième élément de la réforme: lorsqu’on quitte son groupe, on devient un non inscrit. Lorsqu’on est investi sur une liste et qu’on bénéficie d’une confiance populaire, on ne peut pas au gré des alliances et des mésalliances politiciennes au sein de l’Assemblée perturber la représentation populaire. On garde son titre de député, sa liberté en tant que représentant du peuple, mais comme non inscrit. Toutes ces dispositions inscrites dans la loi qui  a été votée vont donc dans le sens du renforcement de la démocratie et rehaussent  l’institution parlementaire qui retrouve ses lettres de noblesse. La coalition Benno dont on annonçait l’émiettement a affiché sa vitalité et son unité. C’est certainement une déception pour ceux qui espéraient que cette coalition allait voler en éclats.

Avec le retour du dixième, certains estiment le principe de la pluralité au sein de l’Assemblée a été violé.

Nous n’avons pas inventé le dixième. Il existait quand le Président Wade est arrivé au pouvoir. C’est lui-même qui a introduit le nombre de dix députés parce que dans sa conception, le Parlement était un outil politicien. Le Parlement c’est quelque chose d’autrement plus sérieux puisque c’est la deuxième institution après l’Exécutif ; il a besoin de stabilité en termes de statut et de la durée du mandat de son Président. Mais également, il faudrait que les groupes soient solides, stables. Le vote à une majorité écrasante de cette loi reflète le besoin de la classe politique toute entière de mettre derrière nous les manœuvres politiciennes au Parlement. Vous venez comme député sur une liste qui vous a porté à l’Assemblée, vous avez la confiance du peuple. Ensuite, pour des intérêts individuels et personnels, vous voulez perturber le jeu.

Vous parlez de l’assainissement des mœurs politiques au  niveau de l’Assemblée. Et pourtant, des maires élus sur des listes de l’opposition rejoignent l’Apr et gardent toujours leurs postes.

Apprécions d’abord ce premier progrès important. Il y a un besoin d’éthique au sein de l’Assemblée. Il fait échec aux changements intempestifs pour des raisons purement personnelles ou politiciens.  Aujourd’hui, on est avec la majorité, mais quand on n’a pas eu ce qu’on voulait en termes de prébendes et de privilèges, on va renforcer l’opposition. Lorsque comme membre d’un groupe parlementaire vous quittez votre groupe d’origine, le règlement intérieur de l’Assemblée vous reconnaît le droit de ne pas être d’accord avec la ligne de votre groupe d’origine, vous gardez votre mandat mais vous devenez non-inscrit. Je suis tout à fait d’accord qu’il faut assainir les mœurs politiques dans l’ensemble tout en préservant aussi le droit au désaccord. On devrait  réfléchir sur un code de l’éthique ou code de l’honneur des hommes et des femmes politiques.

On soupçonne l’Apr de vouloir ferrer le Parti socialiste à travers la disposition qui oblige un député démissionnaire d’un groupe parlementaire à être un non inscrit.

Quitter un groupe pour devenir non inscrit préserve  l’équilibre des forces politiques au sein de l’Assemblée nationale tel que les Sénégalais l’avaient souhaité lors des élections. Et cela laisse également au député dissident la possibilité de revendiquer sa divergence, sa différence comme non inscrit. Si on restait dans les pratiques anciennes de débauchage, cette disposition  n’aurait pas fait l’affaire de la majorité parlementaire, parce que c’est elle qui, d’habitude, cherchait à débaucher les députés membres de l’opposition. Et actuellement, la majorité ne pourrait  plus le faire. Si Benno décidait d’aller recruter les députés du groupe de l’opposition, ils ne viendraient pas dans Benno Bokk Yaakaar, ils seraient non inscrits. C’est dire qu’on n’est pas dans une logique de manœuvre politicienne mais plutôt dans celle d’assainissement des mœurs politiques.

Mais un groupe puissant comme le Ps ne pourra pas non plus constituer son propre groupe parlementaire.

L’écrasante majorité des députés du Ps a voté pour la loi. J’ai le sentiment que les journaux étaient déçus le lendemain de l’adoption de la loi après avoir annoncé à grandes manchettes l’éclatement et la déroute de Benno.

La date de la prochaine présidentielle, c’est 2017  ou  2019 ? Vous êtes pour quelle date ?

Je vous renvoie à la promesse de Monsieur le Président de la République de réduire le mandat de sept à cinq ans. Il faut lui reconnaître ce mérite. C’est sans pression et de manière unilatérale qu’il a décidé que le Sénégal devait s’inscrire dans la dynamique de modernité en terme de durée du mandat et il s’est engagé à ramener la durée du mandat présidentiel à cinq ans. Cette promesse, il ne compte pas y revenir. Maintenant, des changements aussi importants nécessitent l’avis du Conseil constitutionnel pour voir comment la mise en œuvre peut se faire.

Des responsables politiques comme Idrissa Seck ont commencé à le mettre en garde contre tout revirement par rapport à sa promesse de faire un mandat de cinq ans.

Je rappelle encore une fois que le Président Macky Sall a décidé librement de réduire le mandat présidentiel sans aucune pression. Je suggère donc que tout le monde garde la sérénité y compris ceux qui ont du mal à cacher leur empressement à vouloir lui succéder. Le Président a dit et redit qu’il respectera sa parole de faire passer le mandat présidentiel de 7 ans à 5 ans. Il saisira le Conseil constitutionnel pour demander son avis sur les voies et moyens de le faire. Ceci me parait très clair. Le Conseil constitutionnel indiquera la voie à suivre. Maintenant les soi-disant mises en garde de Massamba ou de Mademba n’ont pas beaucoup d’importance. J’en profite pour dire qu’un certain style d’opposition est de nos jours passé de mode. La politique, ce n’est plus les invectives et les menaces, mais la confrontation d’idées et de  programmes. Il faut donc élever le jeu politique au niveau attendu par les Sénégalais.

Vous pensez qu’il ne cédera pas aux pressions de son entourage qui l’invitent à faire un septennat.

Le Président a été clair, il compte diminuer le mandat de 7 à 5 ans. Comment cela va se faire ? Dans quelles conditions ? C’est le Conseil constitutionnel qui le dira. Il faut juste être patient et attendre l’avis du Conseil. Félicitons-nous qu’on aura justement une durée du mandat qui s’inscrit dans la norme internationale. Les mandats de sept ans sont des mandats relativement longs et ne correspondent plus à la dynamique des démocraties modernes.

Et je rappelle qu’à l’époque, le candidat Macky Sall président de l’Apr s’était toujours tenu aux avis du Conseil constitutionnel. En 2012 quand le Conseil Constitutionnel a décidé que Me Wade pouvait réclamer un troisième mandat, il avait dit qu’à cela se tienne, nous irons aux élections. Une  République fonctionne avec des mécanismes de droit et une Constitution qu’il faut respecter. Dès qu’on aura l’avis du Conseil Constitutionnel, cet avis sera mis en application.

Récemment, vous avez présidé une assemblée générale à Grand-Yoff. Cela veut-il dire que vous vous êtes réconciliée avec les populations de Grand-Yoff qui ne vous avaient pas fait confiance lors des locales ?

Les locales et la présidentielle, ce sont deux élections différentes. En 2012, l’Apr est arrivée en première position à Grand Yoff devant toutes les autres forces. Les dynamiques des locales sont différentes de celles de la présidentielle. Cela dit, les populations sont souveraines, elles décident et cela ne se pose pas en terme de réconciliation. Le plus important, c’est de continuer l’engagement, faire prévaloir nos idées et expliquer tous les progrès qui ont été obtenus depuis l’arrivée de Macky Sall au pouvoir. En 2012, la commune de Grand-Yoff était flottante dès les premières pluies. Trois ans après, je vous mets au défi, durant tout l’hivernage d’avoir des points d’inondations sur Grand-Yoff. Il y a eu des investissements de plusieurs milliards, avec la forte volonté de soulager les populations. Cela est valable pour la banlieue, que ce soit Pikine ou Guédiawaye.  Notre faiblesse,  c’est que nous sommes trop modestes par rapport aux réalisations. Nous devrions plus communiquer. Mais, ce n’est pas moins de 100 milliards qui ont été investis dans le programme de lutte contre les inondations avec les résultats que nous tous nous observons. Le progrès est extrêmement important et Grand-Yoff en a bénéficié.

De Premier ministre, vous passez aux fonctions d’Envoyée spéciale. Dans le protocole, vous êtes un peu à la marge. Est-ce que vous n’êtes pas gênée d’être derrière des ministres dont vous étiez le chef?

Le protocole ce n’est pas ce qui m’intéresse en particulier. D’abord laissez-moi vous préciser que je ne suis pas dans le Gouvernement, donc je ne suis pas concerné par le protocole. Je travaille avec le président de la République et je dépends de lui directement. Quand je m’engage en politique, le protocole, c’est ce qu’il y a de moins important. Je travaille avec le président sur des dossiers particuliers et je mène ma vie politique. Ce qui m’intéresse, c’est comment faire avancer les projets du point de vue de la réflexion, de l’accompagnement et de la mobilisation des populations. Je viens d’une école politique où le protocole n’est pas ce qu’il y a de plus important. Je suis en paix avec ce que je fais. Maintenant, le protocole, ce n’est pas toujours agréable contrairement à ce vous croyez. Quand vous observez de loin, vous verrez que parfois nous sommes pressée d’y échapper.

En quoi consiste concrètement votre travail d’Envoyée spéciale ?

Il y a une fonction de conseil sur des dossiers particuliers qui relèvent de la volonté du Président en fonction de ce que je sais faire, du travail de représentation, de réflexion. Voilà ce que je fais. Evidemment c’est la première fois qu’on a un poste d’Envoyée spéciale, mais c’est une bonne chose que les choses évoluent. En tout cas, je suis engagée à accompagner le Président. Je pense avoir une petite expérience à apporter.

D’aucuns soutiennent que votre regain d’activisme est sous-tendu par  une ambition de diriger la campagne du Président Sall ?

Je milite depuis l’âge de 14 ans. Et je militais de manière très active dans le mouvement estudiantin, dans le syndicalisme et dans la politique donc, il n’y a pas de regain du tout. C’est un engagement politique pour le Sénégal. Il ne faut pas qu’on pense que les gens font de la politique juste pour leurs propres intérêts. Il y en a beaucoup qui le font de manière engagée parce qu’ils pensent qu’ils peuvent faire avancer le pays. Voilà donc pourquoi, je m’active pour qu’on puisse rassembler toutes nos forces, qu’on puisse expliquer nos programmes auxquels j’ai contribué aussi bien dans l’élaboration que la mise en œuvre. Ça existe également le militantisme pour juste faire avancer le pays. C’est cela qu’il faut d’ailleurs recommander aux jeunes générations.

Pourtant, vos contempteurs soutiennent que c’est parce que vous êtes pouvoiriste que vous avez accepté le poste d’Envoyée spéciale.

Oui, les gens disent beaucoup de choses, mais moi je ne m’occupe pas beaucoup du « qu’en dira-t-on », je me concentre sur mes convictions et sur ce que j’ai à faire. Quand on commençait toute cette aventure, il n’y avait aucune certitude au bout. On a occupé des postes importants au niveau international avec des niveaux de rémunération satisfaisants. Mais à un moment de sa vie, on peut tout simplement préférer travailler pour son pays. Il ne faut pas toujours voir des raisons occultes derrière les engagements. Pourquoi voulez-vous réduire l’engagement politique à des questions de postes ? C’est une question que je trouve très curieuse. Il y a beaucoup de gens qui s’engagent dans des associations caritatives, des Ong et qui n’attendent rien. Vous pouvez même rester chez vous et travailler pour le pays.

Certains pensent aussi qu’avec le poste d’Envoyée spéciale, le Président a trouvé un moyen de vous ferrer et vous empêcher d’afficher des ambitions présidentielles parce qu’il y avait des mouvements de soutien à Mimi Touré qui commençaient à essaimer

Et pourquoi n’envisagez-vous pas dans vos hypothèses l’option de vouloir travailler avec le Président de la République sur un projet de société pour lequel on s’est aussi battu? Comme directrice de cabinet du candidat Macky Sall,  j’ai contribué à l’élaboration du programme  Yonnu Yokkuté qui est devenu Plan Sénégal Emergent (Pse), avec l’ambition de faire avancer le pays.  Que je sois dans le gouvernement ou pas,  je souhaiterais que les ambitions de départ soient réalisées et même dépassées. C’est un défi aussi pour la génération du Président de la République, notre génération.

Vous avez piloté la traque des bien mal acquis quand vous étiez ministre de la Justice. Tout récemment l’Ige a publié son rapport 2014 et beaucoup de structures ont été épinglées. Vous n’êtes pas un peu gênée par le fait que l’actuel régime soit mêlé dans des pratiques de mal gouvernance qu’il combat pourtant?

Quand vous dites régime, c’est comme si tous des acteurs, les ministres, les Dg étaient concernés. Ce sont les gestionnaires qui ont géré. N’est-ce pas que le Président a dit que tous ceux qui ont eu à mal gérer passeront par le même processus. D’ailleurs, il a dit que ce que nous faisons en terme de mise en place de mécanismes comme l’Ofnac, la Déclaration de patrimoine, c’est pour ceux qui sont là. Ce sont les mêmes méthodes qui seront appliquées aux mêmes auteurs. Donc, il n’y a pas à être gêné ou pas. Il importe juste de faire fonctionner les dispositifs de lutte contre la corruption et de les appliquer à tout le monde sans distinction. Et ce que le Sénégal fait en matière de bonne gouvernance est reconnu au niveau international. En témoigne notre classement récent par Transparency International où nous sommes au même niveau que de nombreux pays développés.

Cela fera bientôt un an que vous avez quitté la Primature. Avez-vous des regrets ?

Je vis ma vie sans regrets majeurs. Je prends acte, j’apprends des expériences et je continue. Je reste toujours engagée et je prie juste d’avoir une bonne santé pour pouvoir continuer. Que notre génération puisse à la fin de sa mission présenter un bon bilan. Je pense que c’est l’objectif du Président de la République et de nous autres qui l’accompagnons. Je suis chauviniste. A l’époque je travaillais pour les Nations Unis où on classait les pays par ordre de développement et j’étais toujours intérieurement scandalisée par le fait que les pays africains soient toujours au bas de l’échelle. Je pense qu’on doit  se battre pour que l’Afrique, nos pays occupent une place honorable dans le concert des Nations et que nos populations connaissent une amélioration notable dans leur niveau de vie.

Donc s’il y a eu des regrets, c’est par rapport à quoi ?

Oui les regrets existent toujours dans la vie sinon elle n’aurait pas de piquant (sourire).  On aurait voulu peut être que les choses aillent plus vite, qu’on ait un parti plus fonctionnel, mais tout ça on y travaille.

Avec votre prédécesseur Abdoul Mbaye, ce n’était pas la grande amitié.

Mon prédécesseur a fait sa mission, comme j’ai eu à faire la mienne, comme d’autres feront leur mission. Tout le reste, ce sont des détails.

Vos contempteurs vous accusent d’avoir travaillé à son départ de la Primature pour le remplacer. Et pourtant, vous avez duré moins que lui à la tête du Gouvernement?

Je ne vois pas la vie en terme de position, de durée à un poste et de calculs. Je rappelle que j’ai quand même été à des positions importantes au niveau international. J’étais fonctionnaire des Nations Unies à un âge relativement jeune. C’était à l’âge de 32 ans. En plus, on relativise beaucoup de choses quand on est militant. On se dit qu’il y a beaucoup de gens qui se sont battus pour ce pays. J’en ai connu beaucoup qui sont engagés, qui ont risqué leur carrière et même leur vie pour faire avancer ce pays. Et pourtant, ils n’ont jamais été ministre ou député. J’ai beaucoup de respect pour ces gens-là.

Vous êtes allée à la conquête de la Ville de Dakar qui a été finalement remportée par Khalifa Sall. Que pensez-vous de la manière dont la Ville de Dakar est gérée ?

La Ville de Dakar a son maire qui est en train de faire son travail. Nous sommes des habitants de Dakar et nous observons.

En tant que Dakaroise, êtes-vous satisfaite de la gestion de Khalifa Sall ?

On évaluera à l’arrivée. C’est notre maire et on souhaite qu’il réussisse sa mission. Comme Dakaroise, je ne souhaiterais pas qu’il y ait des tas d’immondices devant chez moi.

Pensez-vous qu’il puisse réussir sa mission si le pouvoir central lui glisse tout le temps de peaux de bananes sous les pieds ? On peut citer le blocage de l’emprunt obligataire que la Mairie de Dakar voulait lancer

Venons-en aux faits, c’est très important pour éclairer l’opinion. J’estime que c’était un dialogue entre la Ville de Dakar et le gouvernement à travers le ministère des Finances qui a émis ses réserves. Que se passerait-il si la Ville était défaillante ? Est-ce que cela aurait un impact sur les taux de solvabilité de l’Etat du Sénégal? Je comprends que le ministre des finances puisse poser  des questions de ce genre parce qu’il est quand même important de contrôler notre niveau d’endettement. Voilà le dialogue qui s’engageait. Maintenant, on a voulu en donner un autre contenu politicien.

Qu’est-ce que vous pensez du bras de fer entre Barthélemy Dias et les propriétaires des régies publicitaires ?

Il faut que les maires respectent les lois du pays. Je vais d’abord commencer par dénoncer l’utilisation de nervis. On assiste de plus en plus à ces spectacles. Certains maires utilisent des nervis pour des actions qu’ils veulent mener. C’est tout à fait en désaccord avec les lois du pays. La sécurité est assurée par des forces régaliennes. S’il y a un différend entre le maire et les acteurs, il y a une  instance consacrée par la Constitution. C’est le système judiciaire. Il faut que l’on sache que dans un Etat de droit, on respecte la loi ; on ne se fait pas justice soi-même. Parce que ce sont de telles pratiques qui ont justement entraîné des dérives dans certains pays. Donc, je voudrais appeler tous ces maires à revenir à l’orthodoxie de l’Etat de droit, à saisir les juridictions du pays lorsqu’ils ont des contentieux avec des acteurs économiques. Car, nul ne saurait se faire justice soi-même. Ce n’est pas acceptable dans un pays démocratique.

Dans le cadre de la traque des biens mal acquis, il n’y a que le dossier de Karim Wade qui a été conduit jusqu’au bout.

Les autres dossiers devraient suivre leur cours normal, c’est ma position personnelle et ma recommandation. Les Sénégalais souhaitent savoir ce qu’on a fait de leurs deniers publics. Maintenant, ce sont des dossiers qui ne sont pas simples parce qu’il faut construire des preuves. Désormais, plus rien ne sera comme avant. Les administrateurs de comptes et de fonds publics feront très attention dans l’utilisation de ces deniers-là. Justice doit poursuivre et justice poursuivra son cours.

A ce rythme, le Président Macky Sall va boucler ses deux mandats sans que la liste des 25 dignitaires de l’ancien régime visés par la procédure ne soit traitée. Cela risque de renforcer les suspicions d’acharnement contre Karim?

C’est pourquoi il faut justement accélérer le processus. Tous les dossiers qui sont sur la table du juge doivent être étudiés conformément aux dispositions de la loi, sans acharnement, sans que l’on n’y voit de l’interprétation politicienne ou d’expression de rancune.

A votre avis, Karim Wade peut-il bénéficier d’une grâce présidentielle ?

Franchement, cette question ne me concerne pas. J’ai tourné la page de ce dossier depuis longtemps. Il y a des mécanismes qui existent pour la demande de grâce. Cette question concerne le détenu et le président de la République qui donne la grâce. De toute façon, je trouve que le délit d’enrichissement est très grave et doit être combattu.

Thione Seck est incarcéré dans une affaire de faux billets de banque. Que pensez-vous de cette affaire ?

Ma génération a connu Thione Seck. On a fait nos années de jeunesse au rythme de sa musique. Je me désole de ce qui lui arrive. Il s’agit néanmoins d’une accusation  très grave. Encore une fois, je pense que justice doit suivre son cours, ni plus ni moins. Son statut de célébrité ne doit être ni en sa faveur ni en sa défaveur. Laissons la justice faire son travail.

lasquotidien.sn

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