Ces derniers mois, des Sénégalais sont tués à l’étranger comme si de rien n’était. Babacar Sèye, président de l’organisation internationale Horizon sans frontières, estime que la recrudescence des assassinats d’expatriés sénégalais est due à un échec des politiques d’intégration du Sénégal.
On ne les compte plus. Souleymane Diallo est le dernier Sénégalais à être tué à l’étranger. Il a été tabassé avant de recevoir une balle à la police du 4e arrondissement de Treichville où il était en détention. Moustapha Kébé, un autre Sénégalais, a trouvé la mort dans des conditions nébuleuses au Gabon. Le jeune Sénégalais Hassane Thioune a été assassiné à Tanger le 10 août. Sans oublier Charles Ndour et Ismaïla Faye assassinés au Maroc. Il y a quinze jours, 52 Sénégalais ont été expulsés du Gabon dans des conditions atroces.
Ces exemples ne sont pas exhaustifs et interpellent les autorités sénégalaises. Le président de l’organisation internationale Horizon sans frontières a vivement dénoncé hier la recrudescence des assassinats d’expatriés sénégalais. Boubacar Sèye explique cette situation par l’abandon dont sont victimes, à ses yeux, les ressortissants sénégalais. «Les compatriotes sont laissés eux-mêmes. Ils ne bénéficient pas de l’assistance des autorités sénégalaises», a déploré M. Sèye. Pour lui, l’Etat sénégalais a échoué dans sa mission régalienne consistant à protéger ses fils, où qu’ils se trouvent, «fut-il à l’étranger». «C’est un échec des politiques d’intégration structurelle et culturelle», a soutenu M. Sèye. D’ailleurs, ajoute-t-il, «il n’y a jamais eu de politique migratoire au Sénégal». Il pense également que la formation des expatriés devrait être un outil principal et indispensable pour leur permettre de vivre dignement et faire valoir leurs potentialités à l’étranger. «Ce qui leur permettrait d’être respectés, respectueux et d’avoir des bonnes relations avec les autochtones. Car, explique Babacar Sèye, à cause de la crise économique mondiale, les fonds décaissés par l’Union européenne n’ont pas pu profiter aux ayants droit.» Pour réussir une politique d’intégration, l’Etat doit mettre en place un ministère des Affaires étrangères autonome qui n’a rien à voir avec la diplomatie, selon Babacar Sèye. «La diplomatie n’a pas apporté de solution, elle n’a pas pris en compte la transversalité de la migration. Il y a des failles dans cette diplomatie qui n’a pas pris en compte la migration», fait-il remarquer.
Babacar Sèye sur la suppression du poste de secrétaire d’Etat chargé des Sénégalais de l’extérieur
«Il est à l’origine de la cacophonie au ministère des Affaires étrangères»
Le poste de secrétaire d’Etat chargé des Sénégalais de l’extérieur qui avait été occupé par Souleymane Jules Diop n’avait pas sa raison d’être, selon le président d’Horizon sans frontières. Babacar Sèye qui dit prendre acte de la décision du président de la République de supprimer ce poste a soutenu que ce poste n’était pas le bienvenu. «Il est à l’origine de la cacophonie et des querelles de positionnement dans ce ministère. Cette querelle de leadership a fini par affaiblir le Sénégal», a-t-il déploré.
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