Taïb, un détenu en or à Rebeuss

Taïb Socé est surpris : visage défiguré, il est étreint par un sentiment d’injustice. Le prêcheur est touché dans son orgueil et dans sa dignité. Le juge d’appel vient en effet, de lui décerner un mandat de dépôt sur l’audience, après avoir prononcé une condamnation à 5 ans de prison dont 3 ans ferme. Il est donc face à lui-même, secoué par cette main glacée du destin qui succède aux chaudes illusions du succès. C’est avec une mine défaite que Taïb Socé a rejoint le box des prévenus. Bien sûr, le prêcheur n’était pas dans une posture enviable. Son épouse est présente, murée dans le silence, face à son mari arrêté sur l’audience. En fait, le juge d’appel a infirmé la décision du Tribunal correctionnel de Dakar, qui avait prononcé la relaxe pure et simple de Taïb Socé.

La cour a aussi accordé à la partie civile, la somme de 160 mil­lions, en guise de dommages et intérêts. Finalement, Oustaz Taïb Socé a été acheminé à la prison de Reubeuss sur ordre du procureur de la République, en exécution de la décision rendue par la Cour d’appel de Dakar. Le juge a, auparavant, rejeté la de­mande de rabat de la défense. L’avocat de Taïb So­cé avait demandé le rabat du délibéré et la réouverture des débats, ce qui a été refusé par la Cour d’appel.
Venu s’enquérir de la décision de la Cour d’appel, Taib Socé s’est livré à l’Avocat général, qui a considéré que le prêcheur, sur qui pèse un mandat d’arrêt, est déjà à la disposition de la justice. Dès lors, la mise sous mandat de dé­pôt devient la conséquence immédiate de la décision de condamnation, selon le Parquet général. Et le juge d’appel a suivi. Taïb Socé s’est vu notifier, séance tenante, une ordonnance de placement sous mandat de dépôt à l’audience, après s’être déplacé au Palais de justice de Dakar. Il a été reconnu coupable d’association de malfaiteurs et d’escroquerie.
Bien avant cela, le juge d’appel a mis à exécution le mandat d’arrêt demandé par l’Avocat général, le 3 août dernier. Cette décision subodore le pire pour le prêcheur de la Radio futurs média (Rfm), qui pourrait peut-être espérer une éventuelle liberté provi­soire. Au­jourd’hui, sa vie de prêcheur, faite de plaisirs, a basculé vers des privations dans l’obscurité de la maison d’arrêt de Rebeuss. Même si sa défense a annoncé qu’elle se battra jusqu’au bout pour le sortir de cette situation. Me Mbaye Ja­ques Ndiaye et Cie renseignent de leur intention de saisir la Cham­bre d’accusation, pour une remise en liberté de leur client. En attendant, Taïb Socé est au cœur d’une affaire d’escroquerie sur de l’or portant sur un montant de 146 millions de francs Cfa. L’opé­ration a mal tourné et la partie civile, un ressortissant dubaïote, a porté plainte contre le prêcheur.

Le Quotidien