En 1999, l’Afrique avait été choisie comme thème central des Escales de Saint-Nazaire : le festival de musiques du monde avait attiré 32 000 spectateurs. En offrant à nouveau à ce continent la part du lion dans la programmation de la 19e édition qui s’est tenue les vendredi 6 et samedi 7 août sous l’intitulé « Musiques noires » – avec Féfé, George Clinton, Bibi Tanga ouAbraham Inc. pour l’axe funk et groove -, les organisateurs ont vu juste.
Au lendemain du festival, dimanche 8 août, ils annonçaient plus de 35 000 entrées payantes. Un record. Avec ses inconvénients, quant à la convivialité, la circulation sur le site et la visibilité (des écrans s’avéreraient nécessaires).
Au vu de l’affluence devant les scènes pour Youssou N’Dour, Rokia Traoré, Salif Keita,Mahmoud Ahmed ou N’Diale, savoureux tissage entre la Bretagne et le Mali et l’engorgement des quais, animés par la troupe des Tambours du Burundi, l’Afrique fait donc recette. Elle a donné en amont des idées qui font mouche.
Le masque africain futuriste de l’affiche, conçue par le graphiste Guillaume Bretin, la scénographie délirante imaginée par Lionel Ducos, avec têtes de girafe à la cime des arbres, peaux léopard et tôle ondulée, sont accueillis avec enthousiasme par le coeur de cible hétérogène du festival nazairien, un public familial bon enfant, concerné ou non par les musiques du monde.
A l’instar de ses collègues travaillant sur ce terrain, Patrice Bulting, directeur artistique des Escales de Saint-Nazaire, voit dans les musiques du monde et l’accueil que leur réserve le public une réponse cinglante à certains propos entendus récemment qui « donnent la nausée ».
Les crispations autour de la question identitaire, les discours répressifs de l’Elysée, et ceux faisant le lien entre délinquance et immigration, autant de sujets qui suscitent commentaires et réactions indignées aux Escales de Saint-Nazaire.