Des milliers de Noirs se sont rassemblés samedi à Washington près du Capitole, siège du Congrès américain, pour réclamer justice au moment où une série de bavures policières a ravivé les tensions raciales.
Ce rassemblement d’hommes, de femmes et d’enfants venus d’un peu partout des États-Unis est organisé à l’occasion du vingtième anniversaire du «Million Man March», à laquelle seuls des hommes avaient participé et qui visait à interpeller en 1995 l’opinion et les élus sur les inégalités socio-économiques frappant les Noirs américains.
Nation of Islam est la principale organisation de cette marche. Dirigée par Louis Farrakhan et composée exclusivement d’hommes noirs, elle est controversée, considérée comme un groupe incitant à la haine selon le Southern Poverty Law Center qui suit aux États-Unis ce type de mouvements.
«Ce n’est pas une marche, mais un rassemblement de ceux qui cherchent la justice», a lancé Louis Farrakhan près des marches du Capitale devant une foule plutôt festive regroupée sur le Mall, une grande esplanade au coeur de Washington où se trouve le Capitole.
«Il doit venir un temps où on se dit « assez est assez », ça doit changer et il faut être prêts à faire tout ce qui doit être fait pour que ça change», a-t-il ajouté.
«Si on nous refuse ce qui nous est justement dû, il faut alors une action unifiée pour forcer la justice que nous recherchons», a encore martelé le leader noir.
«Il y a vingt ans, la mort de Tamir Rice (12 ans) serait passée inaperçue, laissant la police mentir sans que le monde sache la vérité», a aussi déclaré avant lui une des organisatrices de ce rassemblement, Tamika Mallory, en énumérant tous les jeunes Noirs tués par des policiers ces dernières années, comme Michael Brown à Ferguson ou Eric Garner à New York.
Ces tragiques faits divers ont inspiré un mouvement de protestation national sous la bannière «Black Lives Matter» (les vies des Noirs comptent), très présent samedi à Washington.
«Je suis ici parce que les vies noires comptent et sans justice il ne peut pas y avoir de paix (…) et je ne veux pas perdre mon fils dans la rue», a déclaré à l’AFP Mike Hinton, la quarantaine venu d’Annapolis dans le Maryland à une cinquantaine de km de Washington.
Robert Cox, 50 ans, un capitaine des pompiers de Boston (Massachusetts, nord-est), explique être venu «parce qu’il se passe beaucoup de choses graves que les gens au sommet ne paraissent pas bien saisir», soulignant «qu’aucun être humain ne devrait être marginalisé ou être victime de discrimination».
Avant de devenir le premier président noir des États-Unis, Barack Obama avait participé en 1995 à la «Million Man March» alors qu’il était sénateur de l’Illinois.
Selon différentes estimations, de 400 000 à près d’un million de personnes avait participé à cette marche.
Depuis ces vingt dernières années, les conditions socio-économiques des Noirs ne se sont pas vraiment améliorées si l’en on croit les chiffres officiels de l’emploi: le taux de chômage des hommes noirs était de 8,9% en septembre 2015, contre 8,1% en octobre 1995.
Selon le FBI cité par des médias, le nombre de Noirs arrêtés par la police a cependant diminué, avec 2,5 millions en 2013 au total contre 3,5 millions en 1994, soit 28% de toutes les arrestations contre 30,9%
afp via lapresse.ca