XALIMA NEWS – L‘entrée en rébellion de Idriss Deby et de Hassan Djamous a provoqué la «répression» contre les Zaghawas et les Hadjarais. Selon Fatou Hachim Saleh qui comparaissait à titre de témoin et de victime, une liste a été dressée pour arrêter les personnes appartenant à ces ethnies. Elle et son mari en faisaient partie. «Vers 4h du matin, Youssouf est venu nous voir. Il nous a dit que le régime est en train d’arrêter les Zaghawas et qu’il a vu mon nom et celui de mon mari», a-t-elle soutenu devant la barre. Le lendemain quand son mari est allé se renseigner, un détachement de soldats est arrivé pour les chercher.
Heureusement, selon le témoin, son époux était à son lieu de travail qui se trouvait en face du siège du journal El Watane. Informé du passage des soldats à son domicile à son retour, Souleymane Hamitt a décidé ainsi de partir se réfugier avec son épouse chez un ami. «Nous sommes restés dans cette maison pendant 37 jours. El Djonto (ancien patron de la Dds) et d’autres personnes sont venus nous interpeller, dit-elle, pour nous conduire au commissariat.» A la police, relate-t-elle, El Djonto «nous a conduits chez Torbo qui a demandé à mon mari son appartenance ethnique». A en croire le témoin, les soldats lui ont reproché d’avoir aidé Idriss Deby à sortir de Ndjamena. Ils l’ont aussi accusé de disposer d’une liste. «C’est une liste de l’école que nous avons constituée, avait répondu son époux», témoigne-elle.
Le témoin pleure
«Torbo lui a dit de suivre des soldats. Et depuis ce jour, je ne l’ai plus revu», a-t-elle informé, en larmes. «Après Torbo s’est retourné vers moi, ajoute-t-elle toujours émue, pour me demander si j’ai des liens de parenté avec mon mari.» Ensuite, elle a été conduite au commissariat alors qu’elle était en grossesse. «Ils m’ont bandé les yeux et m’ont conduite au fleuve où ils m’ont jetée dans l’eau. Un individu tirait en l’air. Ils m’ont demandé de leur dire combien nous avons cotisé pour la rébellion. Puis, ils m’ont remise dans l’eau. Un acte qu’ils ont réitéré à trois reprises», soutient la dame.
C’est dans ces circonstances qu’elle a accouché d’un garçon alors qu’elle était à son septième mois. Sa codétenue, Sahara, qui n’avait que 20 ans, l’a assistée. «Alors qu’elle ne savait rien de l’accouchement, elle est allée chercher un objet tranchant et sale pour couper le cordon ombilical», dit-elle. L’enfant ne survivra pas. «Il est mort quelque temps après et a été enterré par El Djonto et Torbo», témoigne-t-elle. Le calvaire va «se poursuivre» jusqu’à la chute de Habré le 1er décembre 1990 alors qu’elle a été arrêtée le 9 mai 1989. Fatou Hachim Saleh n’a jamais compris pourquoi elle n’a pas été libérée en même temps que ses codétenues. «Habré m’a dit : Je peux libérer 100 femmes sauf toi», dit-elle.
Aujourd’hui, elle demande une sanction «exemplaire» contre Habré. Comme un procureur.
Le Quotidien