Dans les grandes résidences dans quartiers dits riches comme dans les petites maisons de la banlieue, le coût de la consommation est passé du simple au double, même le triple. Certains qui payaient seulement une facture de 50.000 francs sont passés à 80.000 voire 100.000 Fcfa.
Et aujourd’hui, même dans les maisons pauvres de la banlieue, à Pikine, aux Parcelles Assainies, et encore dans la ville de Dakar, les factures estimées entre 75.000 et 175.000 francs ne sont plus rares. Quand le releveur passe, il n’est pas rare qu’il signale la présence de fer à repasser électrique pour expliquer quelques dérapages. Et c’est quand on veut baisser la facture du bimestre suivant, en éliminant tous les appareils de consommation (frigo, congélateurs, fer à repasser, micro-onde etc), qu’on est encore plus dépité.
La petite feuille aux couleurs blanche et bleue arrive comme une note de condamnation de prison. Madame et monsieur demandent aux enfants de laisser la note sur la table. Personne ne veut lire le premier ; de peur de faire un infarctus. On voit un peut de tout en terme de factures estimées. Et d’autres encore dans les quartiers dits huppés de 200.000, 300.000 à 700.000 voire même un million de Fcfa, le bimestre sans que la société de service public ne donne de véritables explications à ces hausses. Où se situe l’anomalie ? Dans les agences comme celle de la Senelec Bourguiba, ou encore au niveau de la Direction Générale à la rue Vincent située dans le centre de Dakar, les réclamations n’ont pas tardé.
Les chefs d’agences ont été presque débordés tous les jours pour donner des explications. Ils évoquent pour l’essentiel, non seulement la hausse de l’énergie, mais encore des retards dans les relevés qui ont fait que souvent au lieu d’un bimestre, sur les factures, des délais de calculs excédaient souvent 75 jours. De plus en plus riches (s’il y en a) et pauvres se retrouvent chez les chefs d’agence pour négocier un recul de délai. Ce que certains responsables quand ils ne vous connaissent pas, se plaignent certains clients, refusent catégoriquement.
Et, entre les frais fixes de la maison (téléphone, eau, électricité), les questions graves liées à la nourriture, au manque de couverture maladie et aux énormes frais que demandent aujourd’hui cliniques privées et hôpitaux, c’est à croire que l’enfer sur terre existe pour certaines familles.
Un peuple de gaspilleurs
Mais, il ne serait pas juste de tout jeter sur la Société nationale d’électricité et l’Etat. Les Sénégalais n’ont en réalité pas encore pensé à la maison à basse consommation d’électricité. L’usage des lampes à basse tension, malgré la publicité à la télévision, dans les journaux et à la radio, n’est pas encore passé à la mode. Nul doute que quand le Président de la République a demandé un moment à la population de retourner à la bougie, il blaguait.
Mais, ce mot bougie n’a jamais été aussi présent dans la nuit des gens ordinaires comme des riches dans leur vie de tous les jours. Et dans ce cas aussi, les bougies vendues au Sénégal sont toute de très mauvaise qualité. Elles sont d’ailleurs la cause de nombreux incendies. Et, de plus en plus, ceux qui ont les moyens, commandent ces bougies d’Europe ou des Etats-Unis. Un juste retour aux années 30, au moment où une grande partie du territoire, dans les villages comme dans une bonne partie des villes vivait la nuit avec la petite flamme de la lampe à pétrole et de la bougie, si ce n’était le bois allumé le soir au milieu de la grande concession familiale.
La conséquence dans les zones rurales a été la prolifération des incendies. Des dizaines de villages construits avec de la paille de mil (hat en Wolof) pour la toiture des cases, ont été rayés de la carte. Et aujourd’hui encore, même les villages récemment électrifiés dans le Djoloff, dans la région de Thiès, au Saloum, avec la grande chaleur, sont tous les jours brûlés par le feu provoqué par les bougies, les lampes à pétrole, le feu de bois.
sudonline.sn