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Polémique. Pourquoi Paris suscite-t-il plus d’empathie que Beyrouth ?

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Les attentats de Paris ont provoqué une vague d’émotion très largement relayée par la presse internationale et les internautes, notamment sur leurs profils Facebook. Mais de nombreuses voix, à Beyrouth, à Moscou et ailleurs dénoncent une solidarité à géométrie variable.
“Le 12 novembre à 18 heures, un double attentat secoue Bourj El-Barajneh, dans la banlieue sud de Beyrouth, faisant 44 morts. Le lendemain soir, 7 attaques, tuant 129 personnes, endeuillent Paris. Facebook réagit rapidement au drame survenu dans la capitale française et propose aux internautes de faire savoir à leurs ‘amis’ qu’ils sont en sécurité grâce au bouton ‘safety check’. Les Libanais, eux, n’ont pas eu cette possibilité. Pourtant, les deux attentats présentent des similitudes, dont le nombre élevé de morts et une revendication par le groupe Etat islamique”, écrit L’Orient-Le jour. Le quotidien libanais se fait l’écho de la colère des Libanais, qui s’estiment oubliés. Le journal cite, par exemple, le tweet de cette internaute.
Le sentiment de beaucoup de Libanais, c’est que “les vies arabes comptent moins [que d’autres]. Ou que leur pays – relativement calme malgré la guerre en Syrie – est perçu comme un endroit où le carnage reste la norme”, explique The New York Times. “Mais ce qui est sûr, c’est que les attaques n’avaient pas la même portée symbolique à Paris et à Beyrouth. Paris a vécu cela comme une attaque soudaine, la pire attaque dans la ville depuis des décennies, tandis qu’à Beyrouth cet attentat n’est que la confirmation d’une peur toujours latente d’un déchaînement de violence”, estime le quotidien américain. Les Syriens aussi ont pu être frappés par la différence de compassion entre ce qu’ils vivent depuis quatre ans et le drame qui a affecté Paris, ajoute le journal. La mort de 129 personnes est parfois, pendant les pires périodes, une réalité quotidienne en Syrie.

Les filtres tricolores appliqués sur les profils des utilisateurs de Facebook ont également créé la discorde sur les réseaux sociaux en Russie. Le lendemain des attaques meurtrières à Paris, de nombreux Russes ont affiché sur leur profil le drapeau français et ont publié des messages de soutien aux Parisiens sur leurs comptes Twitter. Cela a provoqué l’ire d’autres internautes, qui ont reproché aux premiers de ne pas avoir fait preuve du même élan de compassion après le crash de l’avion russe A321 dans le Sinaï égyptien, le 31 octobre dernier, qui avait fait 224 victimes.

Ainsi Vladimir Samsonov, le baryton du théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg, a refusé “par principe” de mettre son profil aux couleurs de la France, qu’il assure par ailleurs “aimer de toute [son] âme”, parce que ce serait “une trahison vis-à-vis des Russes et de leurs enfants assassinés récemment, et dont la mort a été cyniquement ignorée par Facebook”, a-t-il écrit sur sa page.

D’autres ont appelé à éviter “la concurrence des victimes”, rapporte Ioulia Melamed sur le site du quotidien en ligne Gazeta.ru. “La question des couleurs du profil est devenue plus importante que la tragédie elle-même”, déplore-t-elle. Pour elle, cette discorde est la preuve d’une “crise identitaire” profonde que vivent les Russes actuellement.
Chaque fois qu’il y a une attaque terroriste majeure dans une ville européenne ou américaine, elle capte bien plus l’attention des Américains et des Européens que les mêmes atrocités commises ailleurs”, rappelle The Atlantic. “Rarement des événements se font écho aussi clairement que les attaques contre Beyrouth et Paris. Alors pourquoi tant de différence dans l’empathie ?” s’interroge le magazine américain. La réalité, c’est que “les Américains sont beaucoup plus susceptibles d’avoir été à Paris qu’à Beyrouth, au Caire, à Nairobi ou dans d’autres villes ayant connu une attaque terroriste. S’ils n’ont pas visité Paris, du moins l’ont-ils vu dans un film ou à la télé. Tout comme une attaque dans votre ville vous sensibilise plus qu’une attaque dans la ville d’à côté, l’Américain moyen ressent davantage la violence à Paris qu’ailleurs. Il y a aussi un composant troublant à ce sentiment de familiarité : les gens ont tendance à être plus empathiques quand les victimes leur ressemblent physiquement et qu’ils se mettent facilement à leur place ».

courrierinternational.com

1 COMMENTAIRE

  1. Simplement parce que tout existe par les médias. Tout vit et meurt par les médias. Les médias deviennent des cerveaux extérieurs de beaucoup de gens pas très précautionneux .
    Prenez un exemple simple chez nous, au Sénégal. Où est Malick Noël Seck ? Il est en vie ? Il est mort ? Il est malade ? Est ce pareil avec le lendemain de sa lettre aux juges du Conseil Constitutionnel ?

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