Le gouvernement malien a annoncé un deuil national de trois jours et l’état d’urgence pour 10 jours à compter de vendredi minuit, après l’attaque jihadiste qui a fait une trentaine de morts à Bamako, selon une source militaire malienne.
Ces mesures ont été décidées lors d’un Conseil des ministres extraordinaire présidé jusque tard vendredi soir par le chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Keïta, rentré précipitamment en fin de journée d’un sommet de pays du Sahel à N’Djamena, au Tchad, en raison de l’attaque à Bamako contre l’hôtel Radisson Blu, dans une zone réputée sécurisée.
Le gouvernement « a déclaré l’état d’urgence sur l’ensemble du territoire national à compter du 20 novembre à minuit (nuit de vendredi à samedi) pour une durée de 10 jours », indique un communiqué diffusé par la radio publique malienne ORTM.
« L’état d’urgence institué permettra de renforcer les moyens juridiques des autorités administratives et compétentes pour rechercher et mettre à la disposition des autorités judiciaires des terroristes qui seraient en cavale et d’éventuels complices », selon le communiqué.
De même source, le Conseil des ministres a aussi décidé d’ »instituer un deuil national de trois jours sur toute l’étendue du territoire national » à compter de lundi, « en hommage aux victimes de la prise d’otages ».
Le gouvernement a réitéré l’hommage fait plus tôt dans la journée par le président Keïta aux forces maliennes de défense et de sécurité pour « leur professionnalisme », et les remerciements à l’adresse « des pays amis » du Mali pour leur assistance – des militaires français et américains ont notamment participé à l’opération contre les assaillants.
Dans un discours à la Nation diffusé par la télévision publique, le président a fait état d’un bilan de 21 morts et sept blessés dans l’attaque, sans précisions d’identités et de camps. « La terreur ne triomphera pas », « vive le Mali, le terrorisme ne passera pas », a-t-il notamment dit.
Quelques heures auparavant, une source militaire malienne avait rapporté à l’AFP un décompte d’ »au moins trois terroristes tués ou qui se sont fait exploser » lors de l’attaque, et d’au moins 27 morts parmi les résidents et employés de l’hôtel Radisson Blu.
L’assaut a été revendiqué par le groupe jihadiste de Mokhtar Belmokhtar, Al-Mourabitoune, qui a indiqué qu’il s’agissait d’une opération conjointe avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). La revendication a été faite par un communiqué lu au téléphone au site mauritanien Al-Akhbar et à la chaîne de télévision panarabe Al-Jazeera.
L’attaque à Bamako a été condamnée par l’ex-rébellion à dominante touareg du nord du Mali (Coordination des mouvements de l’Azawad, CMA) et les groupes armés pro-gouvernementaux (Plateforme), dans une déclaration conjointe lue au nom d’un porte-parole à la télévision publique.
La CMA et la Plateforme font partie des signataires de l’accord de paix au Mali – validé en mai par le gouvernement et ses alliés, en juin par les ex-rebelles – dont la mise en oeuvre est confrontée à des écueils, notamment l’activisme jihadiste dans la région.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Ils en ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit.
Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères. Les attaques jihadistes se sont étendues depuis le début de l’année vers le centre, puis le sud du pays