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Confidences du milieu de terrain des U23 : Ousseynou Thioune raconte sa Can

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On pensait que ce ne serait pas facile de décrocher Ousseynou Thioune, l’un des grands déçus de la Can U23, expulsé en demi-finale contre le Nigeria. Mais il a suffi juste d’un coup de fil pour que le milieu récupérateur des Olympiques accepte de nous accorder un entretien. Et pour manifester sa disponibilité, c’est dans les gradins du stade Demba Diop, lors de la rencontre de son équipe Diambars contre le Jaraaf (3-3) ce lundi, que nous l’avons accroché. Confidences.

Quel bilan tirez-vous de la participation de l’Equipe nationale U23 qui a terminé à la quatrième place lors de la Coupe d’Afrique des Nations organisée à domicile ?
Tout d’abord, je pense qu’on a fait un bon tournoi avec une bonne entame. Nous avons remporté nos trois premiers matchs. On est la seule équipe à avoir aligné trois victoires en phase de poules. C’est quand même une belle performance. Là-dessus, on rend grâce à Dieu. Malheureusement, tout s’est écroulé en demi-finale contre le Nigeria. Un match qu’on aurait pu remporter parce qu’on s’était procuré beaucoup d’occasions. Ce n’est que dans les dernières minutes que le match a basculé. Je dirais qu’on a manqué de chance en demi-finale et ensuite en match de classement contre l’Afrique du Sud. Mais dans l’ensemble, je pense qu’on a une bonne équipe qui a su développer un beau jeu durant la compétition. On a dominé l’adversaire lors de chacune de nos sorties. Malheureusement, sur les deux derniers matchs, on a manqué de réussite. Du coup, on a raté l’objectif qu’on s’était fixé qui est de se qualifier pour les Jeux Olympiques. C’est vraiment dommage pour l’équipe, mais également pour le Peuple sénégalais.

Qu’est-ce qui s’est passé au sein du groupe durant les deux derniers matchs ?
Personne ne peut le dire. Nous ne savons pas. C’est comme le télescopage survenu contre le Nigeria entre le gardien et moi. Ça a été à l’origine de notre élimination en demi-finale. Je pense que c’est un manque de chance. Je suis toujours affecté par cette élimination. Les gens nous encouragent par-ci, par-là, mais on aurait aimé que cela soit plutôt des félicitations, après la qualification. On n’a pas su donner au Peuple, cette qualification. C’est vraiment dommage.

Pour revenir à votre télescopage avec le gardien Pape Seydou, il n’y avait pourtant aucun danger. Qu’est-ce qui s’est passé ?
Je peux dire que c’est une petite erreur d’appréciation. Il n’y avait pas de danger effectivement, puisque j’avais pu neutraliser l’adversaire. Il ne pouvait pas toucher le ballon. J’ai donc protégé la balle pour que le gardien puisse s’en saisir. Et subitement, il y a eu un télescopage entre le gardien et moi. Je n’ai rien compris. Et quand j’ai vu que la balle prenait la direction des buts, je croyais que l’arbitre avait sifflé. Je me suis alors saisi de la balle avec la main pour ne pas qu’elle rentre dans les buts. Il faut dire aussi que l’adversaire m’a un peu déstabilisé. C’est par la suite que j’ai compris que l’arbitre venait de siffler un penalty contre nous et sortir le carton rouge.

A cet instant, vous vous êtes dit que la Can était finie pour vous ?
J’y ai pensé bien évidemment. Même si on s’était qualifié, je n’allais pas jouer la finale. Durant ces moments-là, on pense également aux potes qu’on va laisser sur le terrain en infériorité numérique. Cela fait très mal de sortir ainsi d’une compétition. Surtout qu’en face, l’adversaire n’avait pas eu des occasions franches. C’est une rencontre qu’on maîtrisait pourtant mais le sort en avait décidé autrement.

Comment avez-vous vécu la fin de ce match seul dans les vestiaires ?   
Avant de sortir du terrain, je me suis écroulé. J’avais les larmes aux yeux. Je pensais que j’étais blessé parce qu’il y avait du sang sur mon maillot et sur mon front. C’est par la suite que j’ai compris que c’est Pape Seydou, le gardien, qui était blessé. Et quand j’ai regagné les vestiaires, je suis resté longtemps à pleurer. Je pensais à mes partenaires que j’avais laissés dans une mauvaise posture. Surtout qu’ils venaient d’être menés. Avant la fin du match, je suis revenu pour suivre les derniers instants de la rencontre, espérant un retournement de situation. Mais c’était déjà perdu !

On a d’ailleurs appris qu’à la fin du match contre le Nigeria, vous avez eu un malaise. C’était dû à quoi ?
C’était certainement dû au choc avec le gardien. Il faut dire aussi que je ne me sentais pas bien le jour du match contre le Nigeria. Je l’ai dit au coach. Par la suite, j’ai essayé de trouver de la motivation pour être présent. Même la veille du match, je n’arrivais pas dormir. Je suis resté jusqu’à 2 heures du matin sans pouvoir dormir. Le jour du match lors de l’échauffement, je me sentais lourd. D’habitude, c’est moi qui dirigeais la séance. Ce jour-là, je n’étais pas bien. Je me suis senti trop faible. J’avais des maux de tête.

Après l’élimination en demi-finale, il y avait encore une chance de se qualifier pour les Jeux Olympiques. Comment le groupe a vécu cette période ?
Il fallait mobiliser tout le monde. Personnellement, il fallait que je sois là, même si je ne pouvais plus jouer. J’ai tenu d’ailleurs à m’entraîner avec l’équipe. Malheu­reusement, malgré toute notre détermination, on n’a pas réussi à se qualifier durant ce match également.

Justement, revenons sur cette défaite face à l’Afrique du Sud…
Une grosse déception. C’est le match qui me fait le plus mal. C’est le même scénario que contre le Nigeria. Pendant tout le match, on a su contenir l’adversaire. Et quand tu as l’occasion de tuer le match, tu ne le fais pas et finalement tu te fais punir. C’est ce qui nous est arrivé.
Il y a une chose aussi qui a surpris plus d’un, c’est l’histoire des penalties. Cinq ratés en deux matchs. C’est beaucoup.

Comment l’expliquez-vous ?
Très honnêtement, nous avons toujours réussi nos penalties à l’entraînement. Et le cas de Moussa Wagué est plus surprenant. Il a toujours transformé ses penalties. C’est la même chose pour Sylvain (Badji). Ce qui s’est passé ce jour-là a surpris tout le monde. Les joueurs n’étaient pas eux-mêmes. Ils avaient perdu tous leurs moyens. Ça se voyait dans leur regard. Je ne sais vraiment pas ce qui s’est passé.

Le fait de ne pas vous qualifier aux Jeux Olympiques, cela vous fait quoi ?
C’est une grosse déception d’autant plus que c’est ma dernière année avec les Olympiques du fait de l’âge. Ce sera difficile de rejouer dans cette équipe. Je crois que c’est valable pour une bonne partie des joueurs qui composent l’équipe. Et pourtant, on avait un bon groupe. On était comme des frères. Il y avait une certaine complicité. C’est cela qui a fait notre force au Congo Brazzaville ainsi qu’à Saint-Louis lors du tournoi de l’Ufoa. Les gens n’étaient pas habitués à voir une équipe développer du beau jeu. Je crois qu’on a développé du beau jeu durant ce tournoi. Et cela, avec le travail des coachs.

Durant cette compétition, on a noté une certaine complicité entre vous et Boubacar Cissokho au niveau de l’entrejeu. Comment est née cette relation ?
C’est une complicité qui existe sur le terrain et même en dehors. On est super bien. On se parle, on communique. Et c’est quelqu’un qui est très réceptif. On n’a pas de limites. On se dit tout. On se chambre aussi très souvent. Et pourtant, on a failli en venir aux mains lors d’un match entre Diambars et Suneor (rire). Il n’arrêtait pas de donner des coups à mes coéquipiers. Cela m’a énervé et on s’est chamaillé. C’est quand on s’est retrouvé en sélection qu’on est devenu de vrais amis. On communique facilement sur le terrain parce que chacun connaît le rôle de l’autre. C’est quelqu’un de formidable avec un grand cœur. J’espère qu’on va continuer à jouer ensemble en sélection. Pourquoi pas avec l’équipe A. Même si je crois que c’est encore loin. On doit encore beaucoup travailler pour mériter une sélection en équipe nationale A.

Et vos relations avec le reste du groupe ?
Ce sont des gens que je remercie. Ce n’est pas facile d’être ensemble pendant une longue période sans qu’il y ait des problèmes. Et pourtant, on a vécu toute la Can sans problèmes. On est resté des frères. C’est une génération qui peut valoir beaucoup de satisfactions au football sénégalais. Et je crois que deux ou trois joueurs peuvent espérer rejoindre un jour l’équipe A.

Comment voyez-vous votre avenir ?
Je ne me prends pas la tête. Je laisse tout entre les mains de Dieu. Je continue ma progression avec l’équipe de Diambars dans le championnat sénégalais. C’est vrai que j’ai envie de m’expatrier comme la plupart des joueurs évoluant dans le championnat local. Mais, il ne faut pas trop se presser.

Qu’est-ce qui vous manque pour partir ?
Je crois que je dois prendre plus de volume au niveau de la musculature. Et je travaille là-dessus. Je prends moins de cartons maintenant (rire). Ce qui est une bonne chose.  D’ailleurs, je n’ai reçu aucun avertissement durant la Can. Pas même des avertissements verbaux. Je gagne en maturité et en leadership.

Cette année peut être la bonne pour signer à l’étranger ?
Je l’espère. En tous cas, je travaille beaucoup pour que cela puisse se réaliser.

Avez-vous eu des contacts durant la Can U23 ?
Pour le moment, je ne peux rien dire là-dessus. Et même si c’est le cas, c’est le club qui gère. Je ne suis informé que lorsqu’il y a du concret.

Mais vous avez quelques touches ?
Il y avait des agents qui étaient venus me superviser. Mais comme je dis, c’est le club qui s’occupe de choses de ce genre.

D’où viennent ces pistes ?
Je crois que c’est en Europe. Voilà tout ce que je peux dire. Pour l’instant, je me repose en attendant de reprendre le travail avec mon club. On verra comment les choses vont évoluer. Il me faut juste un peu de repos parce que cela fait quatre ans que je n’ai pas pris de vacances. J’ai enchaîné les compétitions. Je sens que mon corps a besoin de repos. Je ressens des douleurs. Donc il me faut du repos.

Le Quotidien

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