Le monde est secoué par une crise migratoire sans précèdent ; selon des statistiques récentes de l’ONU le nombre de migrants internationaux est passé de 175 millions à 232 millions entre 2000 et 203. En 2015, d’après le Président du conseil européen Mr Donald TUSK, il y a environ 1,5 million de migrants illégaux qui sont entrés en Europe. Le phénomène se complexifie par l’intensification de catastrophes humanitaires, la crise de l’emploi, la diversité des destinations et des routes migratoires notamment le désert et les océans.
Ainsi, la migration devient un secteur propice au développement du trafic et de la traite des hommes. Au cœur de ce système, à l’absence d’un cadre légal pertinent, la mobilité des travailleurs migrants les expose à des violations permanentes de leurs droits et ceux de leur famille.
Préoccupée par les enjeux, l’organisation des Nations Unies a adopté la convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille par la résolution 45/158 du 18 Décembre 1990. Elle prend en compte la situation de vulnérabilité des émigrés et de leur famille. Elle vise tous les travailleurs, mêmes ceux qui sont dépourvus de documents ou en situation irrégulière notamment les ressortissants qui n’ont pas l’autorisation de séjour, de résidence et de titre pour exercer un emploi. Cette convention a attendu 13 années pour recueillir le nombre de ratifications qui lui a permis d’entrer en vigueur.
A l’occasion de la journée internationale des migrants, le Réseau Africain pour la Gouvernance des Migrations RAGM au Sénégal, en Espagne, en Suisse et en Mauritanie manifeste sa vive préoccupation pour l’application des pertinentes dispositions de ladite convention. Cette dernière rejette toute discrimination ; notamment de sexe, de race, de couleur, de langue, de religion, de nationalité et d’opinion entre autres.
Le RAGM considère que le faible nombre de pays (27) ayant ratifié la convention est un aveu de la duplicité et complicité active des états qui continuent de couvrir les flagrantes violations des droits humains et sociaux des travailleurs migrants. A ce titre ils préfèrent protéger des employeurs nationaux qui s’adonnent à une concurrence déloyale par l’emploi d’émigrés à bon marché.
Le RAGM dénonce le refus de ratification par les états européens dont la France, les USA qui sont les principaux pays d’accueil des migrants ; mais aussi de pays africains.
Nous élevons notre voix pour attirer solennellement l’attention de l’opinion internationale sur la tyrannie communicationnelle axée la thèse de l’invasion de migrants par les officines Européennes. Ces états contribuent à ignorer les droits à l’accès à un habitat décent, à un traitement salarial équitable, à une couverture sociale de tous les ayants droits liés aux migrants.
Ces discriminations empêchent aux migrants de réussir une intégration culturelle et économique et s’assurer les conditions de sécurité et d’épargne qui leur permettraient d’investir dans les programmes de développement de leur pays d’accueil et d’origine.
Par ailleurs, ils sont même les otages d’un système qui leur prive d’un minimum d’organisation favorable à un projet de retour volontaire maitrisé.
Aujourd’hui, nous exigeons des organisations de la société civile, des associations d’émigrés, des institutions internationales et des élus des assemblées du monde une forte mobilisation pour convaincre les états défaillants à ratifier ladite convention. Ce plaidoyer serait une contribution significative pour un monde de libre échange ou les capitaux, les marchandises, les données et les hommes circulent librement.
Aux états Africains suivistes des options tout sécuritaires de l’Europe ; nous leurs disons qu’il est temps de s’affranchir de l’aventure sans issue qui consiste à stigmatiser la migration. Certes, cette dernière peut engendrer des problèmes que nous ne pouvons pas taire ; mais si nos gouvernants s’exercent à améliorer la gestion institutionnelle des questions liées à la migration ; on pourrait intensifier les transferts de fonds productifs et une meilleure mobilité des compétences. Mieux nos états ont tout intérêt à s’engager à la définition et la mise en œuvre de véritables politiques migratoires, seule alternative capable de restaurer la confiance entre les émigrés et les autorités qui, malheureusement, n’en attendent que les transferts de fonds. Dans ce domaine les responsabilités sont partagées par les dirigeants du NORD et du SUD.
Le continent Africain, ses dirigeants et les organisations sous régionales et régionales sont interpellés par sa jeunesse qui, plongée dans les ténèbres du désespoir se jette dans la méditerranée ; mais aussi les parents qui ne comprennent pas l’inertie des pouvoirs publics devant ce dramatique phénomène qui pourrait être transformé en une opportunité.
Il est urgent que notre continent élabore un système d’information cohérent de collecte, d’analyse, de diffusion des informations liées à la migration. Ledit système serait un instrument de coopération pour favoriser la coordination et la planification des initiatives, actions, projets et programmes.
A quand la convocation d’une réflexion stratégique africaine de haut niveau et la mise en œuvre d’un programme africain en matière de migration et développement soutenu par un fonds ?
PRESIDENT
PAPA SAER GUEYE
Fait à Dakar, le 17 Décembre 2015