« Trois options s’offrent à l’individu en société: s’accommoder, s’exprimer ou s’exiler » -Albert Hirschman.
Les exégètes les plus hardis ont déjà donne leur verdict en rejetant comme de simples manœuvres politiciennes les 15 mesures institutionnelles rendues publiques par le président de la République dans son discours a la nation le 31 décembre. Sans verser dans l’attitude opposée, on pourrait cependant penser qu’elles constituent les bases pour engager un débat sérieux afin de mettre un terme a ce qui de plus en plus semble être une impasse générale préjudiciable a la marche du pays tous secteurs confondus.
Les adeptes d’un big bang, d’un chamboulement constitutionnel, ont certes des raisons de ne pas exulter et les plus prudents ont encore plus le droit de ne pas jeter aux orties leurs suspicions qui pourraient être fondées en légitimité. Toutefois, le danger ici serait de perdre de vue l’essentiel.[xalimasn.com] Au milieu de la pénombre, cette lueur, cette bougie allumée, mérite un meilleur sort. Puisqu’après des mois de valses-hésitations, voici enfin que le Président, même si c’est du bout des lèvres, sans enthousiasme, a redit, a la face du monde, son option pour un mandat présidentiel ramène a 5 ans au lieu des 7 ans actuels, y compris en se l’appliquant lui même. Ce faisant, Macky Sall a ouvert la voie à une révision constitutionnelle, peu importe la véracité ou non des intentions qu’on lui prête, a tort ou a raison, de vouloir jouer avec les concepts. Ou la crainte que les instances de la nation qu’il veut consulter préalablement, notamment la présidence de l’Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel, tous les deux sommes de lui donner l’imprimatur nécessaire ou le quitus pour se renier sans le faire directement, puissent nourrir les doutes sur la sincérité de sa démarche. Les plus avertis se posent, eux, des questions sur le choix de l’article 51 de la Constitution pour fonder sa démarche après avoir entendu le conseiller juridique du Président affirmer que l’avis du Conseil constitutionnel est une décision et non un simple avis, comme s’il cherchait une base juridique pour se défausser, si possible. Estimant qu’il y a là les germes d’une volonté de préparer l’opinion publique a un reniement, ils assurent que la voie proposée par l’article 103 de la Constitution aurait été plus simple pour atteindre l’objectif théoriquement proclame.
Jurisprudence Wade
Quoi qu’il en soit, quiconque parle se découvre, comme le dit l’adage wolof, et, sans connaitre l’issue de ce débat d‘initié, qui nous éclaire, on peut relever qu’en livrant ses propositions, restreintes ou authentiques, Macky Sall se trouve lui même pris dans un piège qui voit se réunir les conditions pour le prendre au mot. C’est là une chance inouïe a ne pas laisser passer. Afin, si besoin, de pouvoir l’acculer, ainsi que les instances consultées, pour que ni lui ni elles ne cherchent d’échappatoire en vue d’enterrer sa promesse électorale, déclinée sur toutes les plateformes pendant la dernière campagne électorale présidentielle et répétée, par la suite, en divers lieux, y compris a l’Élysée, de réduire son mandat, cette promesse ayant lourdement pesée sur le choix du corps électoral en sa faveur en 2012.
Je ne suis pas de ceux qui disent qu’il est encore dans le tempo du clair-obscur même si, comme l’autre, je garde le droit d’attendre de le voir a l’action pour me faire une religion définitive. Il n’empêche, mon sentiment immédiat est que son propos l’engage. À ceux qui pensent que le silence qu’il a observe quant à la date précise du référendum est un indice inquiétant, on peut opposer le fait que, pas sourds pour un sou, nous tous avons retenu celle de mai 2016 qu’il avait lui-même avancée au cours de l’année écoulée, pour la tenue du référendum. Il est dans la souricière.
Mettons donc de cote les finasseries en le prenant au mot. En étant fermes ! La jurisprudence Wade devrait suffire à lui rappeler que dans la société sénégalaise, toute engourdie qu’elle semble être ces temps-ci, sommeillent, tels des crocodiles prêts a rebondir, les mêmes forces du refus, celles du 23 juin et des alternances politiques au forceps, mais aussi des années de braise ayant donne du fil a retordre aux apprentis-sorciers dont le secret rêvé était de se jouer d’elles en voulant contourner la volonté populaire.
L’évidence est sans ambage : tout »waax wakhete » (reniement en wolof), même avec le coup de pouce, force ou volontaire, des institutions consultées sur ce projet mériterait d’être aussi vigoureusement rejeté que l’a été naguère celui tente en vain par son prédécesseur, Abdoulaye Wade, quand il avait voulu imposer une altération de la Constitution sur-mesure pour mettre sur orbite son fils. La souveraineté du peuple est le litmus-test, le baromètre suprême, et gare a ceux qui veulent la piétiner par des artifices de quelque sorte…
Aussi bien, au lieu de pinailler, il convient d’agir. Tous ceux, comme l’auteur de ces lignes, qui sentent que rater cette occasion de redonner un lifting a notre démocratie ou de lever les incertitudes sur notre contrat politico-social aurait de graves conséquences, se doivent de se mobiliser, ici et maintenant. Un tien vaut mieux que deux, tu l’auras, dit le proverbe, alors prenons ce qui se présente a notre portée, surtout qu’en matière de reformes constitutionnelles, comme le prouvent les amendements a la Constitution américaine qui se poursuivent plus de 200 ans après l’adoption de celle-ci, on pourra toujours, demain, plus tard, revisiter la nôtre, du moins ce privilège pourrait être celui des générations futures de Sénégalais.
Ce qui s’impose dès à présent, la première urgence à résoudre, c’est de faire en sorte que les forces vives de la nation, pas seulement les partis politiques ou les mouvements citoyens, mais le peuple, dans ses diverses composantes, se mettent en ordre de marche, de bataille, pour assurer une veille républicaine intransigeante. Dans ce sens, il faut instituer des groupes d’intérêts transversaux mus par le souci de garantir l’application où l’applicabilité des mesures énoncées, en bouchant toutes les issues d’évitement de la parole donnée.
C’est en montrant cette capacité de mobilisation et de sensibilisation non seulement de la population sénégalaise, mais de la communauté internationale, à commencer par le corps diplomatique étranger au Sénégal, que le pari sera réussi de maintenir la pression sur celles et ceux qui auront leur mot a dire sur la mise en oeuvre du référendum… Un certain, 23 juin, il y a cinq ans, on sait ce que la force de l’union, le courage de s’assumer, a pu réussir pour endiguer ce qui allait être une violation de notre loi fondamentale.
forte attente
Le combat démocratique n’étant jamais une tache aisée, il faut alors avoir à l’esprit les dangers à surmonter. Sous ce rapport, deux mauvaises perspectives s’offrent. La première est pour le camp des partisans de la réduction du mandat. A force de se lancer dans des analyses sans fin pour prouver que la démarche de Macky Sall n’a d’autre but que de jeter la poudre aux yeux des Sénégalais, certains tenants du référendum omniprésents dans les médias courent le risque de lui donner précisément l’espace, voie de sortie, dont il pourrait rêver (discrètement?) pour ne pas s’y soumettre. Alors que celles et ceux, apprentis-sorciers, le poussant a se déjuger se trouveraient en roue libre pour continuer leurs manigances quitte, sans s’en rendre compte, a créer un climat de tension interne identique a celui ayant entraîne la révolte populaire au Burkina Faso, en octobre 2014, pour ne citer que cet exemple.
Le temps de l’organisation est venu pour ceux qui estiment qu’il faut saisir la balle au bond en contribuant par des idées et des actes a ce qu’aucun prétexte ne puisse s’opposer a ce que le référendum n’ait lieu, ni que nos compatriotes ne perdent de vue la nécessité de voter oui malgré certains grincements de dents légitimes sur ses oublis face aux attentes plus vastes des plus ambitieux partisans de la reforme. Ni la formulation de la question référendaire ni les délais ou autres arguties juridiques ou politiciens ne doivent prospérer il faut garder le cap, pour que le discours présidentiel se conforme a la réalité voulue par le pays.
C’est dire que le temps de l’action est venu, et il presse. Ne pas agir maintenant, c’est se faire complice des comploteurs rêvant d’un ‘waax wakhete‘ en catimini. C’est pourquoi c’est là, rien que là, ou doit se situer le curseur sur le débat dont le but est de redonner un souffle a notre démocratie, de la conforter, de permettre que la conversation nationale sur les enjeux sérieux du pays, ponctuée par le vote des citoyens, vienne décrisper ce climat assurément malsain dans lequel nous baignons en dépit des rodomontades de ceux qui veulent nous faire croire que nous sommes a l’orée d’un décollage vers les prairies du bonheur sur terre.
Il faut dès lors être ‘focussed‘, concentre, sur cet essentiel. L’enjeu est suffisamment grave, important, pour que nous fermions les yeux sur l’ambiance morose d’une fin d’année sans guirlandes ni feux d’artifice, sous la psychose de l’hydre terroriste. Aucune tête, dans ce pays, n’est à la fête. Tous sont conscients que la vie de l’écrasante majorité des Sénégalais et la marche de leurs activités professionnelles (s’ils en ont d’ailleurs !) ou encore leurs relations sociales se résument à une désespérante angoisse existentielle voire a une fuite en avant pour oublier un insoutenable présent. Que rares aient été ceux qui s’attendaient a retrouver le sourire par le seul fait du discours traditionnel à la nation, en cette époque, du président de la République, n’est donc pas surprenant. Un an plus tôt, se sont-ils souvenus, le même était venu leur dire que le jackpot avait été décroché au Groupe consultatif de Paris. Las, les milliards de CFA attendus, en dehors des déclamations officielles, sont restes invisibles, reléguant aux calendes locales la promesse d’un pays promis à l’émergence sous l’effet d’une pluie d’espèces sonnantes et trébuchantes venues de l’étranger. Impôts aux pauvres contribuables et recettes douanières parfois perverses sont restes les mamelles de l’économie nationale.
Le doute sur l’état de la nation est donc là, indeniable ! Chômage, mendicité, grèves en série, fermeture d’entreprises, marchés de gré a gré, expression d’une mal gouvernance reelle, sont plus que jamais les marqueurs d’une societe soudain plombee. Surtout que l’incertitude politique, avec des tensions continues, fait le reste. C’est dire que le pays auquel Macky Sall s’est adressé dans son troisieme discours de fin d’année avait besoin d’etre rassuré.
En raison de cette forte attente, ne nous attardons donc pas sur les faiblesses de son message ni sur son rendu laborieux et atone ni sur les glorifications du bilan de son régime (le propre d’un politicien, c’est de toujours voir les choses en rose tant que la massue électorale n’est pas reçue), et oublions surtout la litanie des chiffres dont le champion toutes catégories est le ministre des Finances, chiffres que l’on peut cuisiner (doctored, disent les anglophones) pour leur faire dire ce que l’on veut a force de les torturer, et revenons à la bougie allumée, a cette petite lueur.
C’est elle qui permet de croire qu’il est possible que le discours prononce par Macky Sall a la fin de cette annus horribilis (année horrible) pour beaucoup de sénégalais peut ne pas être dans le registre du déjà-vu ou entendu, un BAU -business as usual, comme d’hab. Cela est possible si, tout de suite, nous nous y mettons pour aller vers le référendum dès le mois de mai de cette année, avant une double élection présidentielle et législative en 2017, ouvertes, y compris aux indépendants, pour donner a notre pays le bol d’air sans lequel il risque de suffoquer. L’émergence si jamais elle doit être, passera par la transparence. Enterrons les atermoiements et les flous politico-juridiques, tous aux armes. pardon, aux actes, citoyens ! Que chacun s’engage à jouer sa partition. Nous sommes tous concernés… C’est en agissant que le rêve sera une réalité !
*Adama Gaye, journaliste et consultant sénégalais.
[email protected]
Ps: Si les insulteurs professionnels pensent pouvoir imposer un crépuscule sur les idées et les idéaux qu’ils se détrompent, et même sur leur propre terrain ou au plan judiciaire le combat sera mené avec les dégâts collatéraux, si besoin !
Heureux de te lire Grand Adama ! Nous sommes d’accord sur l’essentiel. Les idées sont cohérentes et bien agencées mais le style est moins brillant cette fois. Te connaissant, nous mettons cela sous le compte d’une année qui démarre en mode diesel. En revanche, en lisant le ton de ton Post scriptum, on reconnaît le belliqueux, « celui qui ne fuit jamais la bagarre », comme on dit de façon triviale chez nous ! Meilleurs vœux au Grand frère valeureux et à tous !
Rires. Cher ami cette fois ci il s’agit d’un combat qui requiert l’action immediatement. Il nous faut faire ce referendum et faire aussi face aux obstructionnistes qui n’hesitent pas a plonger dans la fange pour empecher le deferlement des idees et ideaux democratiques, pour nous maintenir dans le flou. Oui pas de probleme on ameliorera la sauce editoriale la prochaine fois, avec l’aide des amis comme toi, car pour faire un bon texte il faut de bons relecteurs, et surtout la bienveillance et la vigilance de combattants democratiques comme les gars de xalima.
Soyons focussed sur la tenue du Referendum et de l’election presidentielle-legislative -entre 2016 et 2017, le tout. Je suis sur que se joue un moment important de notre pays, democratie, liberte. Aux actes donc !
Moi je vois plus mon grand sur Fbk…Anyway Happy Nu Year. Always a pleasure to read you
I’am proud of you cher Ami. Cependant, je pense que notre démocratie conflictuelle constitue l’un des facteurs bloquant pour permettre à notre senegal de se placer sur la rampe des pays pré- émergents. Il est du devoir du Président Macky Sall de corriger tous ces manquements à notre démocratie actuelle. Les points proposés sont largement insuffisant pour guérrir notre démocratie conflictuelle. Happy New Year cher Adama .
Adama GAYE, donneur de leçons devant l’éternel, nous avait demandé,entre les 2 tours des présidentielles de 2012, de ne pas choisir un PR car il s’agissait d’un choix entre la peste et le choléra. Il accusait le candidat Macky de corrompu.
Qui est il pour lancer des diatribes ou donner des leçons ? Ce lobbyeur est frustré de ne pas être associé aux transactions dans le monde du pétrole et les relations sino- sénégalais.
Je ne soutiens pas Macky mais j’abhorre ce type de mecs suffisants, vaniteux et roublards.
PS: Monsieur, en tant que Journaliste Professionnel n’avait pas besoin de ce PS. Il donne sa pensée et basta. Nous sommes libres de commenter en toute responsabilité
Almamy, je ne vous connais pas mais je pense que vous meritez une reponse. Je passe par dessus vos jugements de valeur sur ma personne. Je ne tiens pas compte de vos adjectifs. Maintenant, permettez que je vous dise ceci: je suis un Consultant, c’est a dire je travaille pour amener des investisseurs ou aider des entreprises a prendre pied au Senegal, y compris par la mise en oeuvre de projets. Contribuable et senegalais, j’en ai le droit entier !
Vous parlez des transactions petroleres? Attention !!! J’ai aide Macky Sall a faire un contrat petrolier. ATTTENTION. Ne me poussez pas….Sur les relations sino-senegalaises, comment ne puis-je pas avoir le droit de m’y interesser? Le monde entier sait que je suis de tres pres les relations entre la Chine et l’Afrique. C’est mon droit.
Je ne vais pas demander la levee de votre anonymat pour vous traduire en justice pour vos jugements -FAUX- sur ma personne que vous ne connaissez pas. Je vous dis avec fermete que le debat continuera et que les insultes trouveront au tribunal ou en puissance mille leurs reponses avec des faits qui transformeront l’affaire Lamine Diack en jeu d’enfants. Faites attention, conseil de grand frere degg nga…Moytou ma. Nous allons continuer le debat sur le Referendum et sur l’election presidentielle de 2016 et 2017 respectivement, pour le business, les transactions je continue sans aucune tache d’escroquerie ni de roublardise. Tout le monde ne peut pas en dire autant, a bon entendeur !
Adama Gaye
La peste et le cholera, diagnostic pose par rapport aux deux candidats de l’an 2012, Wade et Macky,est une realite confirmee par les faits. QUi ose encore nier cela?
Pourquoi les sénégalais ne restent jamais dans l’espace d’un débat, le temps de convaincre par la force des arguments. Au lieu de viser la personne dans sa composante humaine, il faut s’attaquer à ces idées, loin du topos de l’injure et du dénigrement. Le débat soulevé par Adama ( que je connais pas) est limpide comme l’eau de roche, même si je pense que l’argumentaire est inutilement long. On peut ne pas être d’accord sur ses propos, mais leurs formulations sont pertinents, au regard de ce brouhaha médiatique sur un engagement qui tarde à prendre forme. Le grand défaut de la communication du camp présidentiel, c’est que tout le monde communique sur des questions sensibles, dans le désordre et parfois dans l’indicispline. Macky risque d’être surpris par le grand peuple.
Amadou Sarr Diop, nous ne nous connaissons pas mais merci de recentrer le debat. Cela dit, comprenez bien que ceux qui surgissent comme des diables pour vouloir le deplacer sur le champ de la personne savent ceux qu’ils font: depourvus d’arguments, il ne leur reste qu’insultes et diffamations pour tenter de noyer le poisson. Je n’en ai cure. Ils veulent empecher le debat. Ca aura lieu ce debat. La est l’enjeu. Nulle part ailleurs. Nous restons sur cette ligne tout en affrontant ces ennemis de la liberte, qui veulent transformer le Senegal en republique bananiere au service de macky sall. Ca ne passera pas. NO PASSARAN !
Adama Gaye