Khalifa Sall, le maire de la Ville de Dakar devrait surveiller davantage ses arrières, s’il ne veut se retrouver bientôt « délesté » d’une bonne partie des ressources collectées à partir de la patente payée par les entreprises logées dans l’agglomération de la capitale.
Pour cause, le maire apériste de Guédiéwaye et patron de l’Ams Aliou Sall a vigoureusement plaidé hier, jeudi 14 janvier 2016, pour la redéfinition des critères de distribution de la patente collectée par la ville de Dakar. Aliou Sall a invité par conséquent le ministre Abdoulaye Diouf Sarr à prendre en compte dans l’évaluation de la réforme de l’Acte III de la décentralisation cet aspect de l’équilibre dans la distribution des ressources. Comme s’il annonçait déjà l’acte 3 de la stratégie du pouvoir pour fragiliser davantage le maire de Dakar et potentiel candidat à la présidentielle !
Va-t-on vers un nouveau feuilleton Khalifa Sall-État du Sénégal après le bras de fer qui a suivi respectivement la mise en œuvre de l’Acte III de la décentralisation, le blocage de l’emprunt obligataire de la Ville de Dakar et le retrait de la gestion des ordures du département de Dakar à l’Entente Cadak-Car ? Tout porte à le croire.
En effet, s’exprimant hier, jeudi 14 janvier, lors de la cérémonie d’installation officielle du Comité de coordination de la préparation du nouveau Programme d’appui à la décentralisation, le président de l’Association des maires du Sénégal (Ams), par ailleurs maire de la ville de Guédiawaye, Aliou Sall, a déploré l’absence de l’équité territoriale dans la distribution de la patente payée par les entreprises installées dans la capitale. Pour lui, la ville de Dakar ne doit pas se retrouver avec un excédent de ressources issues des patentes au moment où certaines villes comme Guédiawaye peinent réellement à faire face à certaines tâches. Le maire de Guédiawaye a ainsi plaidé pour la redéfinition des critères de distribution de la patente collectée par la ville de Dakar.
«Si je prends le cas de ma ville Guédiawaye, nos ressources propres tournent autour de 50 millions de francs Cfa le mois au moment où notre masse salariale est estimée à 46 millions de francs Cfa le mois. Au même moment, dans la même région, une ville comme Dakar se retrouve avec un excédent de ressources dues aux patentes qui sont des taxes appliquées aux entreprises dont les travailleurs viennent de Dakar, de Guédiawaye, de Pikine et de Rufisque. En retour, ces taxes-là sont versées à une seule collectivité qui, pourtant, se voit décharger de l’essentiel de ces compétences. Il n’y a pas donc de surprise à ce qu’une telle collectivité locale soit en mesure de rembourser ses dettes. Je ne crois qu’il ait de mérite exceptionnel à ce qu’une telle collectivité ne soit pas endettée vis-à-vis de l’État et à ce que d’autres collectivités comme Guédiawaye soit surendettées vis-à-vis de l’État», a déploré le maire Aliou Sall.
Poursuivant son propos, le président de l’Ams et responsable politique de l’Alliance pour la République (Apr) a ainsi invité le ministre Abdoulaye Diouf Sarr à prendre en compte dans l’évaluation de la réforme de l’Acte III de la décentralisation cet aspect de l’équilibre dans la distribution des ressources. Cela, a-t-il dit, pour non seulement mettre en exergue la solidarité régionale vu que la richesse des entreprises est développée par l’ensemble des habitants de la région de Dakar mais aussi pour une solution à l’endettement des collectivités locales. Car, selon Aliou Sall, la richesse des entreprises est créée par l’ensemble des habitants de Dakar, elle devrait donc aussi être partagée équitablement par l’ensemble des collectivités locales de la région de Dakar.
Aliou Sall pour un épurement de l’endettement
Auparavant, c’est le président de l’Association des maires du Sénégal (Ams), par ailleurs maire de Guédiawaye, Aliou Sall qui est monté au créneau pour plaider le remboursement de cet endettement. Révélant que sa commune doit près de 300 millions de F CFA à l’Adm, le maire Aliou Sall a ainsi annoncé que plus de 90% des ressources d’investissements dans le budget de cette année sont consacrés au remboursement progressif de cette dette. Car, selon lui, la solvabilité est un critère important pour la crédibilité des collectivités locales qui ont eu à bénéficier de financements à travers le Programme de renforcement et d’équipement des collectivités locales (Precol), et par suite duquel certaines collectivités doivent aujourd’hui beaucoup d’argent à l’Agence de développement municipal (Adm).
Il faut souligner que la dette des communes vis-à-vis de l’Adm est estimée à près de 3.300 milliards. La commune de Kaolack occupe la première place sur cette ardoise, elle est suivie par la ville de Ziguinchor qui est elle-même talonnée par Saint Louis, Thiès et les autres capitales régionales. Il faut noter enfin que l’objectif du Programme d’appui à la décentralisation est entre autres d’appuyer les réformes transversales par la rationalisation de la répartition des transferts du Fonds d’équipement des collectivités locales (Fecl), voire de renforcer les capacités des communes dans les domaines de la programmation, financement, gestion par la mise en place d’un système basé sur la performance.
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