Deux jours après l’attaque menée par un commando d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui a fait 29 morts dans le centre-ville de la capitale burkinabè, le groupe terroriste a publié la photo de trois assaillants. À Ouagadougou, l’enquête se poursuit.
Les enquêteurs poursuivent leur travail de collecte d’informations sur le théâtre de l’attaque qui a visé, vendredi soir, l’hôtel Splendid et le café-restaurant Cappuccino, sur l’avenue Kwame N’Nkrumah, une des artères les plus fréquentées du centre-ville de Ouagadougou. Pas moins de dix-huit enquêteurs français, dont des magistrats et des membres de la police scientifique, ont été envoyés sur place pour épauler les autorités burkinabè.
Selon deux bilans divergents communiqués par les autorités du Burkina Faso, 14 ou 15 étrangers ont été tués dans l’attaque, dont un enfant de 9 ans, ainsi que 8 Burkinabè. Sept corps doivent encore être identifiés.
Trois assaillants identifiés
Les corps de trois jihadistes ont été identifiés, tous des hommes, selon le ministre de l’Intérieur, Simon Compaoré. De nombreux témoignages font cependant état de plus de trois assaillants. Beaucoup évoquent également la présence de deux femmes, une thèse écartée pour le moment par les autorités.
Dans un communiqué, Al-Qaïda au Maghreb islamique a publié les photos des trois assaillants et dévoilé leur nom de guerre : Al-Battar Al-Ansari, Abu Muhammad al-Buqali et Ahmad al-Fulani. Avant même l’assaut final des forces gouvernementales contre ces derniers, samedi matin, la filière maghrébine d’Al-Qaïda avait revendiqué l’attaque, l’attribuant au groupe Al-Mourabitoune de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar. Le communiqué d’Aqmi a également été relayé par le site SITE, une organisation américaine qui surveille les sites internet islamistes.
D’après le ministère de l’Intérieur, les terroristes ont prié dans une mosquée près de l’hôtel, avant de passer à l’attaque. La police burkinabé cherche à établir s’ils ont bénéficié de complicités. Selon une source au sein de la gendarmerie, ils avaient réservé une chambre à l’hôtel Splendid, cible de l’attaque, et ont donc probablement procédé à des repérages des lieux avant de passer à l’acte. Les enquêteurs vont aussi passer peigne fin la ou les voitures utilisées par les assaillants, qui ont incendié leurs véhicules « pour brouiller les indices », selon M. Compaoré.
Sécurité renforcée à Ouagadougou
Des soldats ont été déployés sur les grands axes de Ouagadougou, où les drapeaux sont en berne, trois jours de deuil national ayant été décrétés après l’attaque terroriste.
Les mesures de sécurité ont été renforcées dans l’ensemble de la capitale burkinabè avec une surveillance accrue des hôtels et de plusieurs points stratégiques, notamment les carrefours. Des postes de contrôle ont également été installées aux entrées et aux sorties des principales villes du pays, selon une source sécuritaire.
Le gouvernement lance un appel au calme
Dans un communiqué diffusé par le ministère de l’Intérieur, le gouvernement a appelé au calme et demandé à la population de ne pas faire d’amalgame entre musulmans et terroristes. « Des citoyens mus par une colère bien compréhensible s’en prennent à des personnes porteuses de barbe fournie, enturbannées ou voilées, de peau claire ou noire. Le gouvernement appelle les populations courageuses du Burkina Faso au calme et à la retenue », selon le texte. « Le gouvernement invite chaque Burkinabè à une franche collaboration avec les forces de défense et de sécurité et à s’abstenir de tout acte d’agression verbale ou physique à l’encontre d’autres personnes pouvant porter atteinte à la cohésion et à l’unité nationale », conclut le communiqué.
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