Phylogénie Du Mensonge Et Du Reniement par Abdou Ndukur Kacc Ndao
La révolution générationnelle de la transition bat son plein. Le matérialisme historique et dialectique reste en principe le fondement (théologique ?) théorique du communisme. Il est vrai que les partisans de Marx ne courent plus les rues même s’il existe encore des bolchevick téméraires et tenaces. En revanche, le matérialisme mystique qui (re)inverse ou renverse doublement celui de Marx et Hegel continue d’irradier de sa superbe nos intériorités, nos invisibilités tuées par peur ou par honte. Nos consciences intérieures veulent encore les confiner dans nos psychologies des profondeurs.
Le combat ne peut être que brutal et sera destructif. Les réactions et appréciations sont bien timides. Elles sont d’une grave gravité. Les individualités secrètes sont-elles atteintes ? La psychanalyse Jungienne avait raison de noter que « La Genèse représente l’acquisition de la conscience comme la violation d’un tabou, et tout se passe, comme si, par la connaissance, l’homme avait outre-passé frauduleusement une limite sacrée. Je crois que la Genèse à raison, en ce sens que toute démarche vers une plus grande conscience est une sorte de culpabilité prométhéenne ».
Tout le monde sait pourquoi croyons-nous en Dieu sans lui faire confiance. Jung, en dépit de son passé controversé au nazi reste un penseur exceptionnel qui nous a révélé nos profondeurs cachées. Nos prêtresses du Sine, de Yoff, de Bargny, du Kassa aussi. Pour ressusciter des intériorités malades. Nous devrions mieux les valoriser en évitant de les classer dans les marges d’un savoir-faire psychanalytique capté par des universitaires ou praticiens à l’efficacité sans audace. Nous ne faisons pas confiance en Dieu. Pourquoi devrions-nous le faire pour des mortels ? Notre rapport à nous-mêmes a souvent été un rapport de duplicité de ce que, nous ne sommes pas. Il tire sa complexité et son existence au cœur de nos socialisations enfantines.
Les cellules familiales de base en sont les pépinières exportatrices et irradiantes d’une société de justifications et d’explications. En permanence. Dans toutes ses sphères, nos individualités nous deviennent étrangères. Nous nous dérobons devant l’obstacle dans le refus de faire notre révolution de maturité sociale. Trop de forces féodales nous tiennent en laisse et nous obligent à s’opposer au mouvement historique. Voilà la cause profonde du rassemblement des forces obscures du passé contre notre futur. Mais on ne remontera pas le cours de l’Histoire !
Voilà pourquoi, nous avons pris, entre Wade et Macky, pris autant d’années à disserter d’un mandat. Même lorsque le mensonge était cousu de fil blanc, nous avons convoqué les doctes rhéteurs du pouvoir et de l’opposition pour légitimer ou délégitimer nos pharisaïsmes. Lorsque le vieux a été pris en flagrance, il nous a servi son wax waxet ironique qui a mobilisé encore les débatteurs justificateurs de toutes les « escobarderies ». Et Macky nous sert ses cautèles, il nous revient encore des hâbleurs explicatifs de ses « scélératesses ». Ainsi sera la vie d’un Sénégal qui aurait pu rédiger son dictionnaire homologué sur la phylogénie des reniements et des mensonges.
Le réveil brutal de l’élite politique avec son réflexe de sauvegarde de position socialement individuelle sera brutal et définitif pour sa dernière génération décadente. Même lorsque le Président se décide à proposer un texte constitutionnel qui semble confirmer les 5 ans, les malignités prennent plumes et investissent radios et télés pour féliciter le partisan des « rosseries ». Comme s’il s’agissait d’une vérité qui doit apprendre à marcher.
Pendant ce temps, nous déléguons aux dieux et aux invisibles esprits saouls d’espiègleries politiciennes nos vrais débats de sociétés. Le problème de fonds n’est pas stricto-sensu tel ou tel responsables politiques qui nous servent depuis plus de 50 ans les mêmes couardises. Toutes proportions gardées. Mais bien d’une classe politique et d’une culture politique de « palinodies qui n’est que la pointe avancée de notre tragédie collective.
C’est parce qu’une fois élus, aux différentes « stations », nos hommes politiques se considèrent comme des démiurges. Ils essayent d’installer un rapport quasi prophétique avec leurs concitoyens. Dans une société de courtisans, de lèche-bottes, de flagorneurs à couper le souffle.
Ainsi les lumières seront abattues pour le Sénégal et dans nos accusations, nos reconnaissances définitivement terrassées.
« Matérialisme mystique » envoyé depuis Bissau qui célébrait hier la mort du Grand combattant de nos libertés, Amilcar Cabral. .
ANKN