Le Tribunal des flagrants délits de Dakar a mis en délibéré jusqu’au 19 Août une rocambolesque affaire de complicité d’avortement, de procuration d’avortement et de détournement de mineure. Au centre de cette affaire pas comme les autres : un vieillard de 82 ans et un infirmier au crépuscule de sa carrière. Sans oublier la tutrice de la victime, agent à la société PCCI, et son amie. L’auteur n’a même pas cherché à nier les faits, indiquant juste que la fillette de 16 ans était sa petite amie.
Un procès autour d’une affaire somme toute rocambolesque met en scène un vieillard de 82 ans et un infirmier d’Etat à quelques mois de la retraite. Mané Soumah, Maguette Mbaye, Hamet Konaté et Amadou Boukari Diallo étaient, hier devant le Tribunal pour répondre de divers chefs d’inculpation, au préjudice de D. Camara, une fillette âgée de moins de 16 ans : les deux premières personnes sont poursuivies pour complicité d’avortement, la troisième pour procuration d’avortement et la quatrième, quant à elle, est accusée de pédophilie et de détournement de mineure.
C’est ainsi qu’elle informe son amie Maguette Mbaye, et fait examiner la fille chez un spécialiste, afin d’avoir un certificat médical et de saisir la justice. Une fois à l’hôpital, l’infirmier Hamet Konaté les dissuade de porter plainte, pour ne pas porter préjudice à l’image de la fille et celle du vieux. En contrepartie, il leur propose de faire avorter la fille. Bouleversées, les amies acceptent la proposition et remettent 60.000 francs à l’infirmier. Rendez-vous est alors pris le lendemain, aux fins d’interrompre la grossesse de 2 mois.
Attrait à la barre, le vieux Amadou Diallo reconnaît avoir eu des rapports sexuels avec D. Camara, à trois reprises, au cours du mois de Mars dernier, mais affirme que cette dernière est sa petite amie. Par contre, la gamine soutient que son bourreau l’a entraînée dans sa chambre, l’a déshabillée avant d’abuser d’elle. Pour sa part, l’infirmier reconnaît son geste et dit avoir agi par humanisme ; car il n’a jamais été question de rétribuer.
Le procureur, dans ses réquisitions, est revenu sur les faits. Il a souligné que tous les quatre prévenus ont agi en connaissance de cause. Il a donc requis leur maintien dans les liens de la prévention et s’est remis à la décision du Tribunal
Les conseils de la défense se sont, tour à tour, succédé au parloir et ont plaidé pour une application bienveillante de la loi contre leurs clients. Car, aussi bien les dames que l’infirmier avaient tous l’idée d’avortement dans leur subconscient et il fallait un élément déclencheur, et qu’importe l’auteur. Même si l’infirmier est un récidiviste, pour avoir été condamné en 2004 pour les mêmes faits, il n’en demeure pas moins qu’il se soit amendé. Seulement, dit-il, ils étaient en face d’un dilemme : il fallait choisir entre le marteau des contingences sociales et l’enclume du désir de justice. Le conseil de Mané Soumah a demandé qu’on tende la perche à son client, pour qu’elle continue d’assister la fille, parce que celle-ci sera la vraie perdante. Ils ont suggéré au Tribunal de faire la différence entre une interruption de grossesse et un infanticide.
L’avocat du vieux a, par contre demandé la relaxe de son client au bénéfice du doute, du fait que l’acte de naissance établi étant faux, donc l’age exact de la fille n’est pas connu. Aussi, affirme-t-il que la fille a consenti aux rapports sexuels. Non sans rappeler que son client a été placé sous surveillance, pour éviter qu’il se suicide. Tout ce beau sera fixé sur son sort, le 19 Août prochain, jour du délibéré.
Moussa CISS (Stagiaire)
lasquotidien.info