Dr Cheikh Tidiane Seck: «Le Sénégal est malade de son Président»

Le président de la Fédération nationale des cadres libéraux (Fncl) jette l’anathème contre le chef de l’Etat, Macky Sall, et son régime. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, hier, Dr Cheikh Tidiane Seck estime que « le Sénégal est malade de son Président ».

Dr Seck, vous êtes le président de la Fncl, membre du Comité directeur du Pds, quelle appréciation faites-vous de la situation globale du pays ?

Le Sénégal est malade de son Président qui, 4 ans après son élection, se cherche encore, au moment où les Sénégalais vivent dans un marasme économique sans précédent. Mon pays traverse une situation politique, sociale et sociétale délétère. En effet, le régime de Macky Sall ne respecte rien, même pas l’État de droit qui devient ainsi un Etat de passe droit, socle du chaos et de la justice par soi dans le pays. J’en veux pour preuve le refus du gouvernement de se soumettre à la décision de la Cour suprême favorable aux élèves maîtres ; que dire de la décision de la Cedeao et de l’avis du groupe de travail des Nationsunies concernant Karim Wade. Mais surtout, le kidnapping du député et Secrétaire général adjoint du Pds, Oumar Sarr, en pleine session de l’Assemblée nationale. Et l’Acte III de la dé- centralisation a fini d’installer les travailleurs des collectivités locales dans une précarité inacceptable. Ajoutez-y la situation de l’école, de la santé, la campagne agricole ratée, la difficile situation des marchands ambulants. La solution de tous ces problèmes est le départ de Macky Sall, et l’avènement de Karim Wade à la magistrature suprême.

Mais, président, votre parti n’est-il pas trop passif pour cette ambition ?

Non ! Notre parti est très actif. Cet activisme a valu à nos responsables une foule d’arrestations et d’interdictions, une répression tous azimuts. Mais, nous avons été trop pacifiques, et je suis convaincu que le Parti démocratique sénégalais doit opposer au régime une résistance à la hauteur de leur volonté de détruire notre parti et de museler l’opposition. Nous devons rester les sentinelles des libertés dé- mocratiques. C’est cela la vocation et la doctrine du Pds.

Le Président Macky Sall vient de proposer un projet de révision de la Constitution, et a exprimé sa volonté d’en discuter avec l’opposition. Qu’en pensez-vous ?

Le projet de révision de Macky Sall ne nous concerne pas. C’est entre lui et le peuple qui attend de lui le respect de sa parole et la ré- duction de la durée de son mandat. Cinq ans de Macky Sall, c’est déjà trop ! Le dialogue entre le Pds et Macky Sall est pour moi inacceptable. En effet, après quatre années de matraquage, d’humiliation, de répression et de tentatives de déstabilisation, voire de destruction du Pds, seul le peuple, par les urnes, peut nous départir. Je récuse tout contact avec ce régime avant les élections de 2017. Tout le combat, toute ma volonté, c’est de faire partir Macky Sall, et d’élire notre candidat, le frère Karim Meïssa Wade. Je profite de l’occasion pour dire que nous avons écouté religieusement la sortie de Tanor. Et le seul enseignement qu’on peut en tirer, c’est que cet homme hypothétique, pour ne pas dire virtuel successeur de Diouf, est devenu un homme sans valeur, un homme de contradiction et de reniement. Après qu’il ait fait du « wax waxeet », pour avoir déclaré dans le passé qu’il quitterait la tête du Ps et laisserait la place aux jeunes, il fait tout pour se dédire. C’est pourquoi il exhorte Macky Sall à faire du « wax waxeet », parce que l’annonce du Haut Conseil des collectivités locales est passée par là. Qu’on ne trompe personne, cette sortie de Tanor est organisée simplement pour lui permettre de donner plus de gages à Macky Sall qui compte le ligoter encore davantage en lui offrant le poste de président de ce machin qui va naître avec le référendum.

Mais, vous êtes très dur avec le leader des socialistes…

N’est-ce pas ce Tanor qui était à la place de l’Obélisque le soir même de la décision du Conseil constitutionnel validant la candidature de Wade pour la contester ? Aujourd’hui, il tente de nous dire que « la doctrine du Ps, c’est de respecter les avis et décisions du Conseil constitutionnel ». Tanor, décidément, a perdu toute sa dignité, allant même jusqu’à cautionner une entorse à la galanterie républicaine pour ses intérêts propres. Le Haut Conseil des collectivités locales qui va simplement se prononcer sur des questions liées à la décentralisation va sur le plan protocolaire être audessus du Conseil économique, social et environnemental qui, lui, se prononce sur toutes les questions socioéconomiques et professionnelles. Une véritable hérésie. Ce qu’il faut retenir c’est que les masques tombent, et ils continueront à tomber. Les Sénégalais comprendront que tous ces gens se valent, et qu’ils ont juste combattu Wade pour se servir du Sénégal.

Le Populaire