Le procès opposant hier l’ancien «tigre» de Fass à un tiers pour occupation illégale de terrain a été marqué par plusieurs incidents d’audience qui ont mis aux prises les avocats des deux parties et celui de la société, le procureur. Le tout devant le président du tribunal qui a tenu à jouer pleinement son rôle d’arbitre.
Par Binta NDONG
L’ancien «tigre de Fass», le lutteur Moustapha Guèye était hier à la barre du Tribunal des flagrants délits, en tant que partie civile, dans une affaire d’occupation illégale de terrain. Il est en contentieux avec le sieur Abdourahmane Kane par rapport à un terrain délivré par l’Apecsy (Association pour la promotion économique et sociale de Yoff). Si le procès s’est révélé simple au départ, il a par contre était émaillé d’incidents d’audience. En effet, Moustapha Guèye avance qu’il a acquis le terrain en question depuis 1992. Et c’est un nommé Elimane Mbengue, imam à Yoff, qui lui a vendu le terrain. Par la suite, c’est un certain Thiaw de l’Apecsy qui lui a fourni tous les papiers. Il s’est trouvé que revenant d’un voyage, il s’est rendu compte qu’on était en train de construire sur son site. Toutefois, il ne dispose pas encore du bail mais que tous ses papiers sont réguliers au niveau du service des Domaines.
De son côté, Abdourahmane Kane, lui, dispose d’un acte de cession et d’une attestation d’attribution. Pour lui, ces deux papiers suffisaient, étant donné qu’ils lui ont été délivrés par les chefs coutumiers et que le terrain était en cours de régularisation. C’est pourquoi il n’a pas jugé nécessaire d’aller au service des Domaines. Toutes les deux parties ont même tenté une médiation pénale au niveau du Parquet, mais cela n’a pas abouti.
INCIDENTS D’AUDIENCE
Dans ses envolées, un des avocats de la défense a lancé une pique à l’endroit de Moustapha Guèye. En effet, Me Abdourahmane Sô dit Lénine a avancé tout de go : «C’est son incorrection qui l’a amené ici.» Sur ce, l’avocat du lutteur rappelle à l’ordre son confrère ainsi que le procureur et le président du tribunal. Et le procureur de lui faire savoir qu’il est l’avocat de la société et que si on injurie un citoyen devant la barre, il se permet d’intervenir. Ainsi, il s’en suit des échanges entre lui et Me Sô, appuyé en cela par l’assesseur Sidy Dieng qui fait savoir à Me Sô qu’il n’avait aucun droit d’injurier les gens qui sont à la barre.
Lorsque les débats ont repris, l’avocat de la partie civile a avancé que c’est un dossier très simple, dans la mesure où le plus important reste le droit de propriété et celui-ci est détenu par son client. Selon Me Diallo, si l’on se réfère aux papiers fournis par les Domaines, ceux-ci attestent que M. Guèye est le propriétaire légitime du site. Et que si le prévenu a accepté de négocier avec son client, c’est parce qu’il sait que le terrain ne lui appartient pas. «C’est un acquéreur de mauvaise foi», lance-t-il. Sur ce, il a juste demandé le franc symbolique.
Le procureur a avancé que Sana Diène, qui avait vendu le site à Moustapha Guèye avait pris la fuite. C’est pourquoi il n’a pas été arrêté et que les pièces versées dans le dossier confortent la thèse de Moustapha Guèye, parce que la propriété d’un terrain se prouve par l’inscription au livre foncier. Ainsi, il a requis 3 mois de prison assortis de sursis pour Abdourahmane Kane, étant donné que c’est un délinquant primaire.
«VOUS RACONTEZ DES CONTREVERITES»
Me Ndéné Ndiaye avocat de la défense, a soutenu que le nommé Sana Diéne et Moustapha Guèye refusaient à chaque fois de déférer à la convocation du Parquet. Et que tous les actes déposés par le lutteur dans le dossier sont faux, son nom ne figure pas dans le livre foncier. Sur ce, le procureur interrompt Me Ndiaye en lui faisant savoir que le sieur Diène a pris la fuite, c’est pourquoi il n’a pas été arrêté. S’ensuivit un second incident qui oppose le Parquet à Me Ndéné Ndiaye. Car celui-ci insinuait que Moustapha Guèye bénéficiait d’une certaine faveur de la part du Parquet. «Ce que vous dites est faux, vous racontez des contrevérités. Si vous jurez sur la foi de votre serment, dites la vérité», lui rétorque Abass Yaya Wane, qui lui fait savoir qu’il n’acceptera jamais qu’on jette le discrédit sur le Parquet. «Vous ne m’impressionnez pas», lui répond Me Ndiaye. Et le procureur de lui faire savoir qu’il est loin de là et ne cherche pas à l’impressionner.
Les échanges devenaient de plus en plus houleux jusqu’au point où le président du tribunal a été obligé de suspendre l’audience pendant quelques minutes. A la reprise, les débats ont repris de plus belle et la défense a sollicité la relaxe pure et simple.
La décision sera rendue le 19 août.