Regroupés au sein du Collectif des Industriels indépendants de la transformation des oléagineux, Copeol Sénégal, Complexe agro-industriel de Touba (Cait) et West African oil (Wao), se sont interrogés sur « les sorties dans la presse du ministre de l’Agriculture, ainsi qu’un certain nombre d’organisations dont nous ignorons la représentativité, mais qui ont repris point pour point l’argumentaire du ministre et ont gravement mis en cause l’attitude des huiliers au cours de la présente campagne arachidière ». Aussi, ont-ils tenu à « rétablir un certain nombre de vérités ». Selon eux, le ministre de l’Agriculture affirme que la collecte dérisoire des huiliers est liée à leur refus de pratiquer un prix équitable et à leur absence d’implication dans l’amont agricole.
Or, disent-ils, « dès le mois de janvier, on avait proposé une hausse conséquente des prix de l’arachide carreau usine par rapport au prix plancher fixé par l’Interprofession avec un résultat médiocre quant aux volumes de collecte. L’inflation sur le prix de la graine que tous les opérateurs de la filière ont pu constater n’est pas liée à l’attitude des industriels, mais à une insuffisance de l’offre de graines d’arachide ». Ils ajoutent que tous les huiliers ont à différents degrés tenté de s’impliquer dans l’amont agricole en contractualisant avec les organisations paysannes, les coopératives ou avec les producteurs. Ces efforts ont été contrariés par des décisions administratives qui échappent au contrôle des industriels. C’est ainsi, à titre d’exemple, que la société Copeol Sénégal a dû supprimer à la dernière minute un programme de contractualisation paysanne sur 5 000 ha dans la région de Tambacounda après le retrait inexpliqué de son quota semencier.
Rappelant que le ministère de l’Agriculture a annoncé, dès le mois de novembre, une récolte record de 1 125 000 tonnes d’arachide, ils notent que ce département a manqué de leur communiquer, comme c’est de coutume, les statistiques d’emblavement et de rendement permettant d’étayer ces chiffres. « Sur la base de ces prévisions du ministère de l’Agriculture, nombre d’opérateurs huiliers comme exportateurs ont contracté à l’exportation, pour se retrouver aujourd’hui en défaut sur leurs contrats faute d’approvisionnement en graines d’arachide », se désolent-ils. Ils soutiennent que les dernières statistiques du Cnia montrent qu’au 31 janvier 2016, le volume cumulé de la collecte des huiliers (29 523T) et des exportateurs (75 269T principalement sur la Chine et le Vietnam) est de 104 792 tonnes, malgré un démarrage précoce de la campagne et l’absence de problème de financement.
En dehors de la Suneor qui avait un objectif de collecte de 300 000 tonnes, les huiliers indépendants ont la capacité d’acquérir 250 000 tonnes de graines, soit dix fois plus que ce qu’ils ont effectivement collecté au 31 janvier 2016, note le document. « La politique récente d’ouverture débridée et sans contrôle de l’exportation de la graine a condamné l’industrie locale et il est probable que la présente campagne en sonne le glas. Cependant, les industriels indépendants qui sont les victimes de cette politique n’acceptent pas d’être les ‘boucs émissaires’ des difficultés de la filière », renseigne le communiqué qui informe que leurs propres intérêts sont « désormais totalement compromis ». Ils réclament au ministre de l’Agriculture des mesures d’urgence de sauvegarde indispensables pour préserver l’avenir de la filière.
Le Populaire