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Le Parti Socialiste, à l’épreuve de la présidentielle de 2017 – Chronique d’une implosion programmée

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En route vers la présidentielle de 2017 (si la réduction du mandat présidentiel est actée), le Parti socialiste, à la tête de l’Etat sénégalais pendant une quarantaine d’années, est traversé de part et d’autre par une césure qui semble s’accentuer au fur et à mesure que se profile l’échéance électorale devant déterminer si Macky Sall rempilera à la présidence de la République ou pas. Au centre du trouble socialiste, on retrouve la question phare de la candidature du parti à l’élection présidentielle.

Jamais dans l’histoire politique du Sénégal, la formation de Léopold Sedar Senghor, n’a été aussi indécise dans sa volonté de briguer les suffrages des Sénégalais. Surtout, dans une élection présidentielle.  Pour la huitième course après celles de 1978, 1983, 1988, 1993, 2000, 2007 et 2012, les Socialistes peinent à accorder en vérité leurs violons.

D’un côté, des partisans d’un candidat issu des rangs socialistes et de l’autre, ceux d’un soutien à Macky Sall, occupent les médias et multiplient des déclarations contradictoires. Signe d’un malaise dont les germes d’une implosion ne devraient tarder. Du maire de Ourossogui, Moussa Bocar Thiam, porte-parole adjoint, à Jean Baptiste Diouf, édile de Grand Dakar, en passant par Barthélemy Dias (Mermoz Sacre Cœur) Bamba Ndiaye (Médina) et autres jeunes socialistes, Babacar Diop de la JDS à Bounama Sall, Président du Mouvement national des jeunes socialistes, les sorties ne font que brouiller les pistes et affaiblir les Verts. Chronique d’une implosion annoncée matinée de rappels historiques déterminants!

PS : 40 ANS DE POUVOIR CONTRE 12 ANS D’OPPOSITION 

La formation d’Ousmane Tanor Dieng a présidé aux destinées du Sénégal depuis 1960. Ce n’est qu’en 2000 qu’il a perdu le pouvoir au profit de son opposant de toujours, le pape du Sopi, Abdoulaye Wade. Pendant donc 40 ans, les Socialistes ont joui des délices du pouvoir. Ils ont construit un Etat, cimenté la Nation, veillé à son équilibre religieux, social, ethnique, voire régional.  Ils se sont aussi enrichis. Licitement ou illicitement. Ce n’est pas pour rien d’ailleurs qu’Abdou Diouf avait mis en place la Cour de répression d’enrichissement illicite (la fameuse CREI) en 1981. Même si cette juridiction d’exception n’a jamais été mise en branle, pendant les 19 ans de son pouvoir.  C’est aussi sous le magistère des Socialistes qu’il y a eu plus de désengagement de l’Etat avec une vague de privatisation des sociétés nationales. Sans occulter les politiques d’ajustements structurels imposés par les institutions de Breton Woods et la dévaluation du franc Cfa en 1994.

Quid du système scolaire avec une année blanche en 1988 et une autre invalide en 1993 qui n’arrivent pas à faire oublier la crise de 1968.  Tous ces obstacles n’ont pas été sans conséquences sur l’économie nationale et la bonne marche du pays. Combinée à l’usure du pouvoir, les Socialistes seront sanctionnés par les Sénégalais le 19 mars 2000.

LES CONSEQUENCES D’UNE PERTE DU POUVOIR 

Apres la perte du pouvoir, Ousmane Tanor Dieng et compagnie ont été affaiblis par les résultats des audits lancés par le régime de Wade. Tous les criminels à col blanc ont été contraints à rejoindre les Libéraux pour éviter la prison. C’était la débande. Le sauve-qui-peut. Le bateau des Verts est touché en pleine tempête. La saignée était telle que le Ps mettra du temps à se relever. Mais la plus grosse erreur politique des Socialistes a été le boycott des élections législatives de 2007 laissant tout le pouvoir à Abdoulaye Wade. Or, au Sénégal, il faut savoir entretenir la clientèle politique. Autrement, il faut payer les factures d’eau, d’électricité, les frais de scolarité, les mariages, les baptêmes. Sans compter les militants alimentaires qui ne s’interrogent point sur l’idéologie du parti, encore moins sur ses valeurs et autres principes. La seule religion pour eux, c’est l’argent. Les marabouts idem.

Pendant douze ans, les Socialistes qui avaient le droit de vie et de mort sur certains, sont relégués au second rang. Aussi bien dans les cérémonies religieuses que dans les débats médiatiques. Cette traversée du désert va faire beaucoup de dégâts. Seuls les fidèles vont rester.

RE-CONQUETE DU POUVOIR ET PEUR DE L’ECHEC 

Chat échaudé craint l’eau froide, dit l’adage. Le Parti socialiste se trouve dans un énorme dilemme avec des équations à plusieurs inconnues.  D’abord, il ne fait l’ombre d’aucun doute que les Verts veulent reconquérir le pouvoir qu’ils ont perdu depuis 2000. Toutefois, les deux échecs en 2007 et en 2012 avec leur candidat Ousmane Tanor Dieng les poussent à réfléchir avant de s’engager. Mais, c’est surtout un candidat consensuel qui leur fait défaut.

Khalifa Ababacar Sall s’est bien illustré à Dakar en 2009, puis en 2014, seulement le secrétaire national chargé de la vie politique du PS aurait du mal à obtenir la bénédiction du bureau politique, encore moins le secrétariat exécutif national qui sont sous le contrôle d’Ousmane Tanor Dieng. Mieux, le secrétaire général du PS serait moins un problème pour le maire de Dakar que ses lieutenants. Particulièrement Serigne Mbaye Thiam, Abdoulaye Wilane et surtout Aminata Mbengue Ndiaye. On parle moins de l’ancienne maire de Louga, mais elle dispose du contingent électoral le plus dynamique: la coordination des femmes socialistes qui lui voue un grand respect. Et selon des sources dignes de foi, Mme Ndiaye en voudrait à Khalifa Sall d’être l’une des personnalités à avoir refusé la parité intégrale chère à Aminata Mbengue Ndiaye dans les instances socialistes.

Abdoulaye Wilane n’apprécierait pas non plus l’édile de la capitale qui a freiné son ascension au sein du parti en prenant faits et causes pour Feu Pape Babacar Mbaye.
Quant à Serigne Mbaye Thiam, il n’a pas hésité à contredire Khalifa Sall dans le processus d’élection du secrétaire général du PS. Le maire de Dakar avait sorti un communiqué en mai 2014 pour annoncer “l’arrêt de la compétition électorale, dans l’intérêt supérieur du Parti socialiste“. Mais la réplique du ministre de l’Education nationale ne s’était pas fait attendre.

Dans son édit, il annonce à son tour que “le processus se poursuit, en application des dispositions de la circulaire additive du 16 mai 2014”. Rappelons qu’Ousmane Tanor Dieng devrait faire face à Aïssata Tall Sall au congrès du 7 juin. Dans cette bataille des édits, le secrétaire national aux élections et aux affaires juridiques du PS sortira vainqueur. Khalifa Ababacar Sall sera contraint d’abdiquer et de rentrer dans les rangs, laissant la mairesse de Podor, seule dans son combat.
Deuxièmement, ce sont les hésitations des Socialistes. Elles s’expliquent par le fait que Khalifa Sall ne fait l’unanimité, même s’il semble le mieux à même de  ramener le PS au pouvoir.

Troisièmement, le PS aurait aussi une peur bleue de la fin de son idylle avec l’Apr et les conséquences d’une telle rupture. Aujourd’hui, il contrôle deux départements ministériels, compte une vingtaine de députés, trois postes de PCA et son secrétaire général qui continue à tisser sa toile auprès du Chef de l’Etat. Dans la perspective d’une renégociation, Ousmane Tanor Dieng pourrait même atterrir à la présidence de l’Assemblée nationale, à défaut de diriger la deuxième chambre parlementaire dénommée Haut Conseil des Collectivités Locales.

Enfin, si le PS ne se précipite pas vers le divorce, c’est également pour ne pas laisser le champ libre à son principal ennemi, l’Afp de Moustapha Niasse qui lui, a fini de faire acte d’allégeance à Macky Sall. Cette peur bleue de l’inconnu freine les ambitions des Socialistes.

LES “PECHES” DE KHALIFA SALL 

L’ouragan Khalifa avec Takhawou Ndakarou, balayant tout sur son passage, n’a pour autant pas impressionné ses camarades socialistes. Ce qui semble plus paradoxal, c’est que ni les membres du bureau politique et encore moins ceux du secrétariat exécutif contrôlés en majorité par Ousmane Tanor Dieng n’accepteront de lui servir le PS sur un plateau d’argent. Et ce, même si Khalifa Ababacar Sall s’avère l’un des principaux challengers de Macky Sall, capable surtout de le mettre en ballotage.

Pis, en cas de primaires, il n’a aucune chance de passer. Khalifa Sall est plus populaire au niveau de l’opinion publique…dakaroise qu’au sein de sa propre formation et à l’intérieur du pays. Pourquoi alors une telle personnalité politique, maire de la capitale Sénégalaise trouverait-il autant d’opposition et de résistance à ses ambitions présidentielles, au sein de sa propre formation ? Même si de telles ambitions ne sont pas encore clairement déclinées par l’intéressé.

Refusant de prendre conscience de cet état de fait ou encore en s’obstinant à obtenir la bénédiction du PS pour briguer les suffrages des Sénégalais, le maire de Dakar risquerait de griller sa carte.

Sud Quotidien

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