L’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) a publié hier son rapport 2015. Le rapport fait état de l’augmentation du trafic illicite de drogues en Afrique avec des usagers jeunes. Au Sénégal, les saisies de drogues synthétiques interpellent cet organe des Nations unies.
La question du trafic de drogue est si préoccupante qu’une session extraordinaire sur le problème mondial de la drogue est prévue en avril 2016, par l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS). Cette rencontre va permettre d’examiner l’état d’avancement de la mise en œuvre de la Déclaration politique et du Plan d’action de 2009 sur la coopération internationale, en vue d’une stratégie intégrée et équilibrée de lutte contre le problème mondial de la drogue et, d’autre part, pour évaluer les progrès accomplis et les difficultés rencontrées à cet égard dans le cadre des trois conventions internationales relatives au contrôle des drogues et d’autres instruments pertinents des Nations unies. Outre un examen de la politique mondiale en matière de drogues, cette session extraordinaire devrait donner lieu à une nouvelle réflexion sur les priorités mondiales en matière de lutte contre la drogue et à un recentrage de ces priorités. En attendant, le rapport 2015 de l’OICS a été rendu public hier.
Le document renseigne que l’Afrique demeure l’une des principales zones de transit du trafic de drogues. L’ouest du continent est régulièrement utilisé par les trafiquants pour passer de la cocaïne et d’autres drogues en contrebande vers l’Europe. De plus, l’Afrique du Nord reste l’une des premières sources des drogues entrant en Europe, tandis que l’Afrique de l’Est sert de plus en plus de plaque tournante pour le trafic d’héroïne afghane à destination de l’Europe. En témoigne le fait que les pays de la sous-région et certains pays européens signalent une progression annuelle des saisies d’héroïne provenant d’Afrique.
La classe moyenne africaine ciblée par les trafiquants
Il ressort également du document que les trafiquants en quête de nouveaux marchés illicites où écouler la cocaïne et l’héroïne ciblent la classe moyenne qui se développe dans certains pays africains. Ainsi, des pays de transit deviennent des pays consommateurs. Le rapport alerte et renseigne que ‘’le trafic de drogues en Afrique de l’Ouest pourrait avoir une incidence sur l’abus de certains types de drogues comme le cannabis, la cocaïne, l’héroïne et les stimulants de type amphétamine dans la sous-région’.
D’ailleurs, au Sénégal, l’OICS fait état des importantes saisies de stimulants de type amphétamine, notamment celle de 30 kg de méthamphétamine à Kidira, près de la frontière malienne, en janvier 2015, suivie d’une autre de 82 kg à Koumpentoum, en février 2015. Dans les deux cas, les drogues provenaient du Mali et avaient été acheminées en contrebande depuis Bamako. A propos de ces drogues synthétiques, le rapport souligne que, jusqu’à ces dernières années, l’Afrique de l’Ouest ne jouait pas un rôle très important sur le marché. ‘’Le revirement de situation auquel on assiste, qui s’inscrit dans le cadre d’une augmentation globale de la demande illicite de stimulants de type amphétamine dans le monde, peut s’expliquer par l’insuffisance des contrôles portant sur les importations légales de leurs précurseurs et par la situation socio-économique de la sous-région’’, souligne le texte.
La criminalité organisée et son coût socioéconomique
Sur un autre registre, l’Organe international de contrôle des stupéfiants fait remarquer que l’intensification du trafic de drogues s’accompagne non seulement d’une augmentation de l’usage illicite, en particulier chez les jeunes, mais aussi d’un surcroît d’activité des groupes criminels organisés. Ainsi, en Afrique de l’Ouest et du Centre, la criminalité organisée continue de générer un coût socio-économique, du fait de l’augmentation du trafic de drogues et de la toxicomanie mais aussi du fait de la concentration des richesses et du pouvoir entre les mains d’un nombre relativement faible de criminels fortement armés.
Toutefois, les autorités n’ont pas baissé les bras. Dans un plan d’action pour la période 2016-2020, la CEDEAO s’est fixé les priorités suivantes en matière de lutte contre le trafic de drogues et la criminalité transnationale organisée en Afrique de l’Ouest : améliorer l’efficacité de la coopération au niveau national et sous-régional en matière de détection et de répression du trafic de drogues et de la criminalité organisée; mettre en place des systèmes de justice pénale appropriés, adéquats et efficaces; réduire effectivement et durablement la demande par la prévention de l’abus de drogues, le traitement de la toxicomanie et la réadaptation des toxicomanes ; et créer un système viable de collecte de données valables et fiables pour surveiller le trafic de drogues, la criminalité organisée et l’abus de drogues.
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