Le halal, c’est 670 milliards de dollars, soit environ 402 mille milliards de francs Cfa et une croissance annuelle autour de 15%. Ce marché offre aujourd’hui de solides opportunités aux pays à économie rurale comme le Sénégal. C‘est ce que le Pr Khadiyatoulah Fall a expliqué hier, à l’occasion de l’ouverture du Premier forum africain sur le «business halal».
Avec un marché de plus de 670 milliards de dollars, soit environ 402 mille milliards de francs Cfa et une croissance annuelle autour de 15%, le business halal est aujourd’hui en pleine croissance. C‘est également un secteur qui peut-être très rentable pour les pays à économie rurale comme le Sénégal. C‘est la conviction du Pr Khadiyatoulah Fall, président du Salon international du business halal qui organise depuis hier à Dakar le premier forum africain sur la question. «Le Sénégal et plusieurs pays africains tablent sur l’élevage et l’agriculture pour se développer. Dans le business halal, il y a un potentiel incroyable pour nos pays, parce qu’on a des terres, de l’eau, du soleil et des travailleurs compétents. Tout est réuni pour que le business halal puisse éclore au Sénégal». Selon le Pr Fall, avec une population musulmane estimée à 1 milliards 600 millions de personnes dans le monde, le halal ne représente que 16% du marché. «Le marché n’est pas encore saturé et nos pays doivent avoir l’ambition d’y occuper une place», insiste-t-elle, avant d’en donner une brève définition. «J‘ai essayé de définir le business comme étant un business orienté par des principes économiques, de commercialisation, de production et de transformation. Et par des principes de financement qui correspondent aux attentes de consommation, aux attentes spirituelles et religieuses des consommateurs. Et cela ne concerne pas que les produits dérivés de la viande, mais aussi les produits dérivés de l’agriculture. C‘est un champ extrêmement vaste.»
Développer le halal pour résorber le chômage
Si on ramène souvent le halal à la viande ou à l’égorgement, force est de constater qu’il transcende ces domaines. «Le halal, c’est autre chose. Il y a tout ce qui est tiré de l’agriculture, la pharmacie ou la mode. Par exemple, une mangue, c’est halal. Mais elle peut devenir haram si elle est transformée en jus avec des produits illicites. Le Sénégal a intérêt à développer ce marché pour résorber le chômage, développer les régions et créer de l’emploi pour les femmes et les jeunes», indique le Pr Fall.
Une invite que le Premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dionne a bien entendu, puisque lui même fait la remarque qu’il s’agit là «d’un marché à fort potentiel de croissance». Beaucoup de pays, pas seulement des pays musulmans, l’ont d’ailleurs compris. Le Premier ministre donne l’exemple de l’Afrique du Sud qui s’est hissé au rang de pays leader. Ce qui lui fait dire que «le halal, c’est avant tout du business».
Harmoniser les règles de certification
Comment faire pour tirer profit de ce marché ? Le Pr Fall donne quelques pistes. Selon l’universitaire, jusque là, le Sénégal est resté en marge de ce marché essentiellement du fait d’une absence de volonté politique. Aujourd’hui, la situation a changé. Et l’universitaire demande aux autorités de faire montrer de la même audace qu’elles ont eue pour recourir aux sukuk, ces financements islamiques très en vogue. «On parle beaucoup de sukuk, je crois qu’il faut avoir la même audace pour aller chercher des fonds et renforcer le business halal. Il faut mettre de l’argent et former des gens aux métiers du business halal». C‘est ce genre de stratégie qui vaut aujourd’hui, au Maroc d’enregistrer d’importantes avancées en matière de business halal. Selon le ministre d’Etat marocain en charge du Commerce extérieur, Mohamed Abbou, le halal enregistre une croissance régulière de 12% par an depuis 2004 dans le royaume. Il indique que le Maroc compte plus de 70 entreprises certifiées halal. Cette labellisation permet ainsi au pays de renforcer son offre de produits halals et de développer l’exportation. Le Premier ministre invite ainsi les pays musulmans à développer une approche coordonnée pour harmoniser les règles de certification des produits, une des principales contraintes au développement de ce marché dans nos pays.
Bonjour Professeur Fall,
Permettez-moi de saluer vos remarquables suggestions qui s’appuient sur un travail de recherche bien plausible.
Bien cordialement,
Mouhamed Mboup
Indianapolis USA