Après plusieurs renvois, l’affaire de l’immeuble Eden Roc opposant l’Etat du Sénégal à Ibrahim Aboukhalil dit Bibo Bourgi a été plaidée hier. Les deux parties qui se disputent l’immeuble seront édifiées sur leur sort, le 11 avril prochain. Le juge des référés décidera si Bibo Bourgi va conserver l’immeuble ou le céder à l’Etat. Toutefois, si cela ne tenait qu’aux avocats de l’homme d’affaires, le juge des référés devrait surseoir à statuer. En fait, lors des plaidoiries, ils ont demandé le sursis à statuer en arguant avoir saisi un tribunal arbitral.
Or, celui-ci n’a pas encore tranché et a juste pris des mesures provisoires. Cette juridiction a invité l’Etat du Sénégal à surseoir à entreprendre toute action dans le sens de faire exécuter les décisions de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI). C’est la raison pour laquelle les avocats ont estimé qu’en l’état, le juge ne peut rendre une décision. A défaut du sursis à statuer, ils ont demandé que l’Etat soit simplement débouté. Se fondant sur l’arrêt de la CREI, les conseils de l’Etat ont laissé entendre que l’immeuble Eden Roc appartient désormais à leur client et non à Bibo Bourgi.
Dans le cadre de l’exécution de l’arrêt de la CREI condamnant ‘’l’ami de Karim Wade’’, l’Etat a initié une procédure d’expropriation et c’est à ce titre qu’il a muté l’immeuble en son nom. Mais les avocats ont rétorqué à leurs confrères qu’ils confondent état de droit réel et immatriculation. Selon leurs arguments développés à la barre, l’immeuble d’Eden Roc appartient non pas à Bibo Bourgi mais plutôt à la SCP (société civile et professionnelle) dont il est actionnaire. Or, dans l’arrêt de la CREI, ce sont les actions de leur client qui sont confisquées et non le patrimoine.
EnQuête
Quand Macky quittera le pouvoir, tout bien spolié à son propriétaire au nom de la CREI sera restitué.
Minutes des confrontations entre Bibo Bourgi, Eli Manel Diop et Patricia Lake Diop : Comme sur un ring !
Bibo Bourgi n’a pas sa langue dans sa poche. Au contraire, celui qui a été dispensé de comparution par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) à cause de ses problèmes de santé a croisé le fer avec Eli Manel Diop et Me Patricia Lake Diop. En témoignent les minutes de leurs confrontations devant la Commission d’instruction (Ci) de la Crei.
Minutes des confrontations entre Bibo Bourgi, Eli Manel Diop et Patricia Lake Diop : Comme sur un ring !
Bibo Bourgi a, dans un premier temps, fait face à Eli Manel Diop. A la question des juges à savoir dans quelles conditions il l’a connu, Bibo attaque : «Tout d’abord, je voudrais remercier la commission d’instruction de l’opportunité qu’elle me donne de pouvoir m’expliquer à travers une mise en présence avec M. Eli Manel Diop par rapport au déluge de contrevérités et j’utilise ce mot avec le respect que je dois aux magistrats présents dans cette salle.
Cette répétition, d’ailleurs, a varié à plusieurs reprises tout au long de ses auditions. M. Eli Manel Diop a été recruté en 2002 par Pape Mamadou Pouye et moi-même en tant que Dg d’Ahs Sa. Ce recrutement a été fait dans des conditions suivantes : étant à la recherche d’un Dg avec un profit financier et d’administrateur, le volet opérationnel étant ouvert par notre partenaire stratégique, Menzies, Monsieur Pouye m’a parlé d’Eli Manel Diop, un ami d’enfance de Monsieur Pouye qui répondait à ces critères car ayant travaillé dans le domaine de l’audit et des finances.
C’est dans ce cadre que Monsieur Eli Manel Diop a été recruté comme Dg, suite à une réunion à travers laquelle Monsieur Pouye l’a présenté et où j’ai fait sa connaissance ».
Bibo parle de «déluge de contrevérités»
Touché, Eli Manel Diop se défend : «J’ai rencontré pour la première fois Monsieur Aboukhalil dit Bibo à Paris dans la salle d’enregistrement du vol de la compagnie British Airways qui devant nous emmener tous les deux à Londres afin de rencontrer notre partenaire stratégique Menzies. La rencontre a été organisée par Monsieur Karim Wade. Monsieur Pape Mamadou
Pouye était présent lors de la préparation de cette rencontre. C’était la première fois que je rencontrais Monsieur Aboukhalil ». (…) Pour ce qui est de mon recrutement, il a été initié par Monsieur Karim Wade par un appel téléphonique en octobre 2002. Par la suite, j’ai déjeuné avec Monsieur Wade à son domicile et il m’a fait la proposition de travailler pour une société. Par ail- leurs, il m’a mis en rapport avec Mamadou Pouye et je n’ai rencontré Monsieur Abou- khalil que plusieurs semaines après le début de mon activité (…) Lors de notre déjeuner chez Monsieur Wade, celui ci m’a parlé d’un poste de Dg pour une société avec des suisses. Ensuite, lorsque nous nous sommes vus à l’immeuble Abm, il m’a exposé, en compagnie de Monsieur Pouye, le business plan de la société en question qui correspondait aux activités de Ahs (… )
En effet à tous les moments importants de la gestion de la société, M. Wade et M. Aboukhalil participaient aux réunions et prenaient les décisions. A titre d’exemple, lorsque j’ai dû me faire payer ma première facture de prestation de service en décembre 2002, j’ai demandé à Mamadou Pouye de procéder à mon paiement et il m’a ré- pondu qu’il ne pouvait le faire sans l’autorisation de Monsieur Karim Wade. Sur mon intervention auprès de ce dernier, M. Pouye a procédé à mon paiement. En outre, lorsqu’il s’est agi d’envisager une prise de participation dans la société concurrente, nous avons tenu une réunion importante avec Messieurs Pouye, Abou- khalil dit Bibo et Monsieur Karim Wade.
Bibo dégaine et tire : «Je me porte en faux par rapport à l’ensemble des déclarations de Monsieur Diop qui sont totalement inexactes. Comme il le fait depuis le début de l’enquête, Monsieur Diop élabore un scénario qui ne répond en fin de compte qu’à un esprit de vengeance ou pour quelle autre raison, ceci d’autant plus que Monsieur Pouye et moi-même avons donné une opportunité professionnelle à ce Monsieur que personne d’autre ne lui avait, à ma connaissance, offerte dans le passé. Et, s’il a failli à la concrétisation de cette opportunité, cela ne relevait que de ses propres carences. Dans la déclaration que vient de faire Monsieur Diop devant vous, vous avez pu, j’en suis certain, constaté par vous-même des divergences importantes. Il dit m’avoir rencontré pour la première fois à Paris dans la salle d’enregistrement de la compagnie British Airways.
Il finit cette même phrase en disant «La rencontre a été organisée par Karim Wade. Mamadou Pouye était présent lors de la préparation de cette rencontre. C’était la première fois que je rencontrais Bibo». Non seulement, Monsieur Diop avait déjà varié lors de ses précédentes auditions en indiquant, tantôt que la première rencontre a eu lieu à l’aéroport de Londres, pour revenir plus tard et indiquer que c’était plutôt à l’aéroport de Paris, avant de finir par sa pré- sente déclaration en disant au début du paragraphe que c’est à Paris et en fin de paragraphe, en disant que la première rencontre s’est fait lors d’une réunion avec Karim Wade et Mamadou Pouye et moi.
Eli Manel Diop : «Les éléments qui fondent l’implication de Karim Wade… »
Toujours d’après Bibo Bourgi : « M. Diop fait également référence tantôt à un déjeuner, tantôt à un diner avec Karim Wade lors du- quel ce dernier lui aurait proposé de travailler avec des partenaires ou faudrait poser la question à l’intéressé, à savoir Karim Wade, sur la véracité ou non de la tenue de cette réunion. Par contre, une chose est certaine et constante, c’est que le partenaire de Ahs n’est pas suisse. Par rapport à la déclaration concernant «la gestion de fait» de Ahs par Karim Wade moi-même, Monsieur Diop a basé son assertion sur trois points : le premier étant la participation de Karim Wade à toutes les réunions importantes.
Ayant omis de les citer, je souhaite respectueusement demander à la commission d’instruction de bien vouloir lui demander de préciser ces réunions et leur objet. Le deuxième point était un soit disant accord qu’Eli Manel Diop aurait été contraint d’obtenir auprès de Karim Wade pour se faire payer une soit disant facture de prestation ». Touts griffes dehors, il assène : «Je demande également respectueusement à la commission d’instruction de bien vouloir demander à M. Diop de préciser sa date de nomination en tant que Dg d’Ahs S Sa.
Pour finir, en ce qui concerne le troisième point, à savoir une prise de participation dans Shs, hormis la variation manifeste dans les déclarations de Monsieur M. Diop à ce sujet. Lors de ses précédentes auditions, il s’agissait d’une prise de participation effective avec décaissement de montants qu’il avait pris soin d’annoncer, alors qu’il déclare aujourd’hui «il s’est agi d’envisager une prise de participation.» comme vous le savez, l’actionnariat d’une société répond à des critères juridiques et réglementaires précis. AHS, ni d’ailleurs aucune société du groupe Mmea, n’est actionnaire dans cette société. Au delà de tout ce qui précède, je renvoie respectueusement la commission d’instruction aux déclarations faites devant la commission de l’ensemble des actionnaires et des dirigeants de la société Shs par rapport à cette question. Et si besoin en est de le préciser, ces personnes se sont toutes, sans exception, portées en faux par rapport aux contrevérités de Monsieur Eli Manel Diop».
Piqué au vif, ce dernier reprend la parole : «J’ai commencé à travailler pour Ahs de façon effective en octobre 2001. Ma nomination notariée comme Dg est intervenue quelques semaines plus tard en fin 2002. Pour ce qui est de l’implication de Karim Wade dans la gestion de Ahs ?
Les éléments qui la fondent sont de mon point de vue : premièrement, le fait qu’il m’ait recruté ; Deuxièmement, le fait qu’il m’ait de- mandé auprès du Ministre des Transports, M. Mamadou Seck, au moins à deux re- prises, pour discuter de la délivrance de l’agrément
Troisièmement, le fait qu’il m’ait demandé de préparer l’ensemble des fiches d’inscription des tâches des employés non opérationnels de Ahs ; Quatrièmement, le fait qu’il m’ait également mandaté auprès de la direction générale de l’Apix pour trouver un consultant à même de procéder au recrutement du personnel opérationnel. Je précise qu’au moment de la recherche du personnel opérationnel, un accord avec un partenaire stratégique n’avait pas encore été trouvé. Les réunions auxquelles j’ai fait référence, ont eu lieu en 2002, en fin de 2002 ou début 2003 et avaient pour objet l’acquisition du matériel de l’ex Air Afrique, ensuite l’obtention de l’agrément. Les réunions se sont poursuivies par la suite. Je me souviens en particulier de la réunion concernant une prise de participation dans la société concurrente Shs en 2004 ».
Bibo dégaineencore…
Bibo Bourgi : «Avant de répondre à cette question si vous me permettez, je voudrais faire quelques observations. M. Eli Manel Diop, en réponse à la question que la commission lui a posée, suite à ma demande d’éclaircissement par rapport aux réunions auxquelles il a fait allusion, il a fait mention de quatre points pour bâtir son affirmation sur le supposé rôle de Karim Wade dans la gestion de Ahs et sur sa date de nomination en tant que DH d’AHS.
A défaut de répondre d’une manière précise à ces questions, il n’a justifié cela que par les quatre points qu’il avait déjà énumérés, à savoir le fait que c’est Karim Wade qui l’a recruté ; le fait qu’il ait rencontré le ministre des Transports M. Mamadou Seck, le fait qu’il ait eu à préparer les fiches de description de tâches du personnel (cette fois- ci pour se rattraper, Monsieur Diop fait référence à du personnel administratif alors que dans le passé, lors de l’ensemble de ses auditions, il faisait référence au personnel opérationnel). Il cite également l’accord qu’il aurait été contraint d’obtenir pour le paiement de sa supposée facture. La commission au vu de mes déclarations précédentes et des preuves que j’ai apportées, se fera sa propre religion par rapport à ces points. Néanmoins, Monsieur Diop a, sur interpellation de la commission, cité une réunion-déjeuner avec Karim Wade en octobre 2002, une réunion pour l’obtention de l’agrément, ceci en fin 2002, début 2003.
Pour finir avec la supposée réunion concernant l’acquisition d’actions par Ahs dans la société Shs, j’ajoute que non seule- ment, elles ne se sont jamais tenues, en de- hors de celles que Monsieur Diop et Pape Mamadou Pouye ont tenues avec M. Mamadou Seck et relatives à l’acquisition du matériel de l’ex Air Afrique, à la répartition des bandes d’enregistrement et des locaux et de manière générale au déséquilibre dans leur répartition ».
Il ajoute : «En ce qui concerne la question relative à Abs, encore une fois M. Diop ne fait que des déclarations, des assertions, sans jamais en apporter la simple preuve écrite. Pire, il a fait référence, à plusieurs moments de ses auditions et sur plusieurs points, à des documents qui auraient circulé ou qui auraient été produits dans des réunions sans jamais en produire copie. Donc, je me porte en faux relativement à cette déclaration sur Abs. Je le mets aussi au défi de produire un procès-verbal des réunions auxquelles il fait allusion ».
`Eli Manel Diop parle du coup de fil de «Pape des Maristes », les conseils de Bibo l’interrogent sur son état mental
Le substitut du procureur spécial, Antoime Diome, entre dans la danse et demande à Eli Manel Diop si au début des enquêtes Karim Wade, Pape Mamadou Pouye ou Bibo Bourgi ont tenté de le contacter. Eli Manel Diop répond par l’affirmative : «Oui, Pape Mamadou Pouye m’a appelé à plusieurs reprises après ma première audition lors de l’enquête préliminaire. Compte tenu du contexte, je n’ai pas souhaité discuter avec lui et j’ai mis fin aux communications. (…) Il m’a appelé à la fois sur mon téléphone mobile et sur le téléphone de mon lieu de travail. Sur mon lieu de travail, il a utilisé une autre identité pour passer le filtre du secrétariat.
Sur le téléphone mobile, il s’est fait passer pour «Pape des Maristes», en omettant d’indiquer son nom de famille ». L’un des avocats de Bibo, Me Leity Ndiaye interpelle Eli Manel Diop : «Est-il exacte que vous avez déjà été soigné pour des problèmes psychiatriques ? ».
L’intéressé nie : «J’ai eu à consulter un médecin pour des insomnies ». L’avocat rappelle à Eli Manel Diop que lors de sa confrontation avec Ousmane Joseph Diop, ce dernier ce dernier a contesté ses allégations selon laquelle une réunion se serait tenue au Palais pour per- mettre à Ahs d’entrer dans le capital de Shs ». Mais Eli Manel Diop se défend : « Lors de ma confrontation avec Ousmane Joseph Diop, j’ai maintenu toutes mes déclarations au sujet de la société Shs ».
Eli Manel Diop «évacué », Bibo Bourgi pouvait «prendre » Me Patricia Lake Diop pour un autre face-à- face qui va être très électrique. D’emblée les juges rappellent à la notaire qu’elle avait déclaré que c’est Karim Wade qui lui avait demandé de constituer la société Ahs Sa et c’est encore lui a demandé d’établir une procuration au nom de Jerry Gueréghian. Me Patricia Lake Diop répond : «Absolu- ment, je les confirme ». Bibo bondit de sa chaise : «Je suis surpris par la déclaration de Me Diop par rapport à la constitution de Ahs et par rapport à la déclaration qu’elle a fait s’agissant de la procuration de Guéreghian. J’ai noté par contre que Me Diop se ravisait lors de ses auditions devant la com- mission d’instruction des premières déclarations qu’elle avait faites à l’enquête préliminaire.
Néanmoins, je reste très sur- pris qu’elle persiste à dire que c’est Karim Wade qui lui a demandé de constituer cette société et qui l’a mise en rapport avec Paul et Madeleine Sarr. Me Diop sait pertinemment que c’est moi-même qui me suis rendu à son cabinet et qui lui ai présenté les contours de cette société.
Elle n’ignore pas non plus que M. Paul Sarr et Mme Madeleine Sarr ne connaissent pas Karim Wade, ne l’ont jamais connu et ne l’ont jamais rencontré ». Mais la notaire persiste : «Je voulais juste dire que lorsque M. Paul et Mme Madeleine Sarr se sont présentés à mon étude, c’est un de mes collaborateurs qui les a reçus pour les faire signer. (…) Je ne me souviens pas dans quelles circonstances Karim Wade m’a recommandé Bibo Bourgi. Il a eu plus souvent à rencontrer ma collaboratrice, Me Simone Diouf.
Je ne me souviens pas que Bibo soit enregistré dans notre fichier client (…) Je ne peux pas dire qu’il est à l’origine de la création d’Ahs Sa. Il est venu plusieurs fois à mon cabinet où il a été très souvent reçu par ma collaboratrice Me Simone Diouf. C’est Karim Wade qui m’a donné les caractéristiques de la société Ahs Sa. En général, c’est Karim Wade qui me sollicitait par téléphone et j’allais à son bureau pour le rencontrer. C’est à l’occasion de ces rencontres qu’il me disait ce qu’il attendait de moi ».
Patricia parle, Bibo rouge de colère, lui tire dessus
Rouge de colère, Bibo charge la notaire : «Ma compréhension qui est peut être fausse, c’est que jusqu’à ce jour, c’est le client qui vient voir un notaire pour la création d’une société et non la société qui le fait pour se constituer. Je suis d’autant plus intrigué par le fichier client de Me Diop que de sa logique d’enregistrement, surtout lorsque à la question qui lui est posée par rapport à Ahs Sa, elle déclare que «c’est Ahs qui est enregistrée comme client et, en général, je regarde les actes constitutifs des sociétés pour établir mon fichier client»Quant aux assertions de Me Diop relatives aux caractéristiques de la société, je suis fortement étonné par la mémoire sélective de Me Diop ».
Le substitut du Procureur spécial demande à la notaire de communiquer l’identité de la personne qui a initié la constitution de Ahs au niveau de son étude. Elle lâche : «A mon souvenir, Karim Wade ». Antoime Diome demande à la notaire d’être plus précise, Me Patricia Lake Diop affirme : «J’ai noté que Karim Wade a été le premier à me parler d’Ahs Sa.
Peut-être que Bibo a servi par la suite de relais. Ma collaboratrice m’a déclaré avoir reçu Bibo à plusieurs reprises dans le cadre de l’augmentation du capital d’Ahs. Me Leity Ndiaye, l’un des conseils de Bibo sort son arme secrète en direction de Patricia Lake Diop : «Est-il exact qu’en 2009, alors qu’il était substitut général du Procureur général près la Cour d’appel de Dakar, M. Antoine Diome, substitut du Procureur spécial, ici présent, a contrôlé votre cabinet et que son rapport, pour dire le moins ne vous était pas favorable ? ».
La notaire : «Effecti- vement, M. Diome m’a contrôlé. Son rapport n’était ni favorable ni défavorable. Il avaitfaitdesrecommandations». L’avocat revient à la charge pour demander à la notaire si le nom de Karim Wade figure sur les statuts de l’une des sociétés dont elle dit qu’il est l’initiateur, ce dernière informe : «Son nom ne figure dans aucun des statuts. Dans mon métier, il arrive fréquemment qu’on reçoive des recommandations d’avocats en particulier, de personnes physiques, des personnalités, pour nous demander de créer des sociétés sans que leurs noms ne figurent dans les statuts ». Toujours aussi virulent, les conseils de Bibo demandent à la notaire si elle a crée Add Value Finances qui n’est autre que la société assurant l’administration provisoire de Ahs.
Elle affirme : «Je ne peux pas vous répondre au pied levé. Il faudrait que je consulte mes archives ». Bibo très en verve assène : « En réponse aux questions posées par Me Guédel Ndiaye, Me Diop a affirmé qu’elle n’a jamais répondu qu’il y avait un modus operandi dans la constitution des sociétés initiée par Karim Wade et également déclaré n’avoir jamais dit que la constitution de Ahs Sa avait suivi ledit modus operandi. Or, lors de l’en- quête préliminaire, elle a affirmé que Victor Tendeng effectuait des versements sur son compte et que ces versements étaient pour le compte de sociétés initiées par Karim Wade dont ce dernier lui communiquait les
noms et les caractéristiques.
Ayant fini de répondre à ces questions, les enquêteurs lui ont clairement demandé s’il en était de même pour la constitution de Ahs, Me Diop a répondu, on ne peut plus clairement, par un oui. Cela s’est révélé totalement faux et me ramène à l’observation que j’ai faite en début de cette confrontation, à savoir que la mémoire de Me Diop est de plus en plus sélective. Je l’invite à s’abstenir de donner des informations lorsqu’elle n’en a pas souvenance ou que celles ci ne sont pas correctes et avérées car ce sont ces déclarations faites à l’enquête préliminaire qui ont servi de base aux poursuites initiées contre moi ».
Libération