J’espère de tout cœur que la coalition « Les Forces de l’Espoir – Samm Liñu Bokk » va survivre à la consultation populaire du 20 mars. Elle est composée de 6 personnalités distinguées que sont : Moussa Touré, Ibrahima Fall, Ousmane Sonko, Lamine Ba, Diallo Diop et El Hadj Ibrahima Sall. Le sens de la responsabilité et la lucidité des personnalités qui composent cette coalition peuvent rassurer sur sa capacité de discernement devant l’adversité.
Le groupe a opté pour le Non au référendum. Si déjà cette structure était au devant de la scène, avec une posture à même de capitaliser la force et l’autorité découlant d’un Non majoritaire, j’aurais vigoureusement exprimé dans les urnes une opposition catégorique aux réformettes. Mais un NON vainqueur à l’issue du scrutin référendaire va indubitablement fournir armes et munitions à des politiciens qui s’en serviront, à coup sûr, pour faire mal, pour se venger à la place de promouvoir l’intérêt public.
C’est en cela que je ne comprends pas la position de PASTEF et de son leader Ousmane Sonko. Ce référendum était une belle occasion de se démarquer pour de bon. Se démarquer non pas par vil calcul politicien, mais en identifiant clairement ses cibles, c’est-à-dire le mode de gouvernance et le jeu politique. Un boycott aurait pu retentir comme un signal clair de dissociation de tout acte qui n’aurait pas comme finalité le véritable changement ; un boycott qui enverrait un message de refus à participer au maquillage d’une quête de jouvence du pouvoir et à des minauderies de décadents.
Jusque-là, les tentatives de changement se sont avérées infructueuses. En réalité, il n’y a que deux voies. Celle qui est expérimentée depuis les indépendances condamne au statu quo. Il existe une autre voie, jamais empruntée, menant tranquillement à la rupture. La première option conduit au renouvellement perpétuel du dispositif politique mourant et réanimé sans cesse depuis 60 ans alors que la deuxième débouche sur son autodestruction.
Le cycle de renouvellement perpétuel s’opère par des crises passagères et récurrentes qui, au lieu de faire basculer l’establishment et assainir définitivement l’espace politique, accule le peuple à s’aligner vite, très vite derrière un propagateur avec l’illusion entretenue d’un changement toujours imminent. Le référendum et le fractionnement binaire du peuple qu’il implique procèdent de la sorte. Si on vote oui, on renforce le pouvoir, si on vote non, on prépare les conditions de succession entre deux faces d’une même pièce.
La mise sur l’autodestruction, par contre, consiste à laisser murir le fruit jusqu’à ce qu’il cède au moindre coup de vent. Il ne tombera pas seul. En dégringolant, il se bute sur ses comparables et les entraine avec lui. Ce n’est en enlevant les fruits d’un arbre qu’on tue l’arbre. Il faut s’attaquer à ses racines en l’arrosant de ses propres impuretés et de ses sèves polluantes pour forcer sa mise à mort en même temps que les espèces de la même variété, par effet d’entrainement.
Le moyen de lutter efficacement contre le système, c’est de se démarquer de tout ce qui alimente les interactions de courtage, de permutation et de troc entre les hommes du sérail. Sanctionner Macky Sall, exiger plus de réformes, c’est beau, sexy et facile. Mais à qui cela va-t-il profiter? Qu’est-ce que le bénéficiaire va faire de cette posture nouvelle? En quoi, cela profitera aux sénégalais? Voilà, à mon avis, les critères qui doivent déterminer les positionnements dans l’espace politique.
À présent, les dès sont pipés : la coalition s’est positionnée définitivement pour le NON au référendum. Pour l’avenir, vivement que Samm Liñu Bokk survive et s’inspire des conditions réelles d’une véritable alternative. Avec vous, l’espoir est permis.
Birame Waltako Ndiaye