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Solidarité avec Haïti: Wade renonce aux ponctions sur les salaires après une audience avec Mademba Sock

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« L’As » révélait hier l’audience accordée par Wade au leader de l’Unsas, Mademba Sock et à quatre membres de la même centrale syndicale. Lors de cette audience, le président de la République est revenu sur sa décision de ponctionner les salaires. Ce, après avoir écouté attentivement l’argumentaire de Mademba Sock, connu pour son franc-parler. Détails d’un huis clos.

Il est 17 heures lorsque Mademba Sock et quatre autres membres de l’Unsas, Pape Birame Diallo, Aliou Bâ, Awa Wade et Yvette Keïta, franchissent les grilles de la présidence de la République. Mais c’est seulement trente minutes après qu’ils seront reçus par le Président de la République qui a retardé la rencontre de quelques minutes, à cause d’une audience qu’il avait accordée à un ministre européen. Me Wade avait, à ses côtés, son directeur de cabinet, Habib Sy, la secrétaire générale de la Présidence, Aminata Tall, et le ministre de la Fonction publique, Zacharia Diaw. Les hôtes du Président prennent place dans la salle et Wade, sur un brin ironique, lance : « c’est moi qui vous ai invités ou est-ce vous qui avez sollicité une audience ? Il se passera donc quelque chose ».

Mademba Sock : « Si vous voulez faire une proposition sexy…(je m’excuse auprès des femmes) »

L’audience pouvait commencer et c’est Me Wade, qui prend la parole le premier : « Pour venir en aide au peuple haïtien, j’ai fait des propositions relatives à des ponctions sur les salaires, mais les gens ne m’ont pas compris. Ces ponctions ne relèvent pas du gouvernement, mais plutôt de moi. C’est pourquoi, j’ai demandé à avoir votre avis sur la question ». Mademba Sock commence par puiser son raisonnement dans une formule de droit : « Je considère que la forme tient le fond à l’état ». Pour ensuite dire avec ce franc-parler qui a fait sa réputation : « Vous n’avez pas respecté la forme car avant de faire des déclarations, il fallait d’abord consulter les syndicats. La solidarité est certes inscrite dans les textes de tous les syndicats, mais ce que vous avez proposé, nous ne pouvons pas l’accepter en ce qui nous concerne. Le code de procédure civile ne le permet même pas. Si vous voulez faire une proposition sexy…entre guillemets bien sûr, je m’excuse auprès des femmes, le mieux c’est par exemple de soulager du point de vue de la fiscalité ceux qui accepteront de faire des donations volontaires ». Le patron de l’Unsas d’ajouter : « Mais quant à faire des ponctions, vous n’avez pas le droit. Cela dit, je tiens à vous féliciter par rapport à votre proposition d’accueillir les Haïtiens en Afrique, le Sénégal a fait un grand coup diplomatique. » Me Wade : « C’est vrai que je n’avais pas pensé à votre idée concernant les impôts. En ce qui concerne ce que vous dites sur les ponctions, je suis d’accord avec vous. Je vais le retirer ».

Wade, Sock et les Haïtiens

Sock poursuit sa réflexion et enchaîne sur ses propositions pour reconstruire Haïti. « Nous pensons qu’il faut cependant, Monsieur le Président, penser à la reconstruction d’Haïti et construire comme on le fait au Japon. Je pense que le meilleur site est Saint Domingue. Le Président esquisse : « J’ai, d’ailleurs, fait la proposition à mes pairs de l’Union africaine. Je leur ai même dit que je suis prêt à envoyer sur place des architectes. » Les deux parties retiennent ainsi, dans le cadre de la concertation, de mettre en place un comité national qui va comprendre des membres du Parlement, du conseil économique, du gouvernement, de la société civile, de la Présidence et les deux organisations patronales. Le même comité va enregistrer la présidence de quatre représentants des syndicats. Le Président à Sock : « Est-ce que je peux désigner les représentants des syndicats ? ». Sock : « Il faut plutôt laisser aux syndicats le soin de faire des propositions. » Le secrétaire général de l’Unsas de révéler qu’à leur niveau, ils ont reçu des demandes d’Haïtiens, qui veulent venir s’installer au Sénégal. Le chef de l’Etat : « Il faut que vous vous portiez garant parce qu’en Haïti, tous les prisonniers sont dehors depuis le séisme. Nous ne pouvons pas accueillir n’importe qui au Sénégal. »

Le Président : « il est ridicule d’envoyer des feug diaye en Haïti… »

Sur un autre registre, le patron de l’Unsas a évoqué les initiatives prises au niveau des ministères de la Santé et de l’Education à travers des contributions demandées aux élèves et aux parents. Mais aussi à travers des dons de médicaments et d’habits. Un dernier point qui a fait braquer Me Wade : « Il est ridicule qu’on veuille collecter des feug diaye (friperie) pour les envoyer en Haïti. C’est l’Europe qui en dispose et c’est d’ailleurs de là-bas qu’on les achète pour les convoyer en Afrique. Il faut que nous Africains prenions nos propres initiatives. Actuellement nous avons reçu plus de 60 demandes de Haïtiens voulant venir s’installer au Sénégal. Je suis d’accord avec Mademba quand il propose qu’on forme aussi les jeunes Haïtiens pour qu’ils soient capables demain de reconstruire leur pays. C’est une idée pertinente ».

Wade : « Ma wakh ndiaxoum ? Vous êtes discipliné comme des communistes »

Le Président aux accompagnants du leader de l’Unsas : « Mais vous, vous n’avez rien à dire ? » Ils répondent par la négative. Me Wade verse dans l’ironie : « ma wakh ndiakhoum ? (je balance une énormité ?) Vous êtes discipliné comme des communistes ! ». Rire général dans la salle. Auparavant, Mademba Sock avait estimé que les syndicats sont dans une dynamique de gestion des travailleurs. Qu’ils sont attentifs dans tout ce qui se passe dans le pays et que de ce fait, selon lui, cette solidarité doit être étendue aux populations du Sénégal notamment aux victimes des inondations. Wade bat sa coulpe. Sock enchaîne et profite de l’occasion pour dire quelques vérités sur la « discrimination » dont sa centrale est victime. « À trois reprises, vous avez reçu les centrales syndicales sans nous associer. Certes, nous ne sommes pas des co-épouses, mais je trouve que ne serait-ce que pour le principe, il faut nous associer à ces rencontres ». Me Wade demande à Aminata Tall de prendre note et de s’en occuper. Le Président après avoir annoncé qu’il ferait une déclaration pour dire qu’il ne procéderait pas à des ponctions affirme à ces hôtes : « La presse va vous poser des questions. Vous dîtes ce qui s’est passé. En ce qui me concerne, je ne ferai pas de communiqué tout de suite après cette rencontre, mais je ferai une déclaration ».

Cheikh Mbacké GUISSE

lasquotidien.cn

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