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L’interdiction de la mendicité : Les mendiants argumentent contre l’Etat. * «L’Etat est lui-même un mendiant» * «4 000 à 4 500 F CFA par jour de manque à gagner» * «Une association pour défendre les mendiants»

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Lors du conseil interministériel sur la traite des personnes, tenu mardi, le gouvernement du Sénégal a décidé de déclencher une chasse contre les mendiants sur l’ensemble du territoire national. Décision qui n’a pratiquement pas plu aux mendiants que nous avons interpellés, hier, dans des artères de Dakar. D’après les dires de certains, ils vont mettre sur pied sous peu une association pour combattre cette décision que les mendiants jugent ‘arbitraire et injuste’.

Assise à même le sol trimballant ses jumeaux, Safiétou est une jeune mendiante d’une trentaine d’années. Trouvée à côté de la grande mosquée des allées Khalifa Ababacar Sy, ayant à sa charge des jumeaux et trois autres gosses, elle a du mal à joindre les deux bouts. Originaire de Back Samba Dior (Région de Kaolack), elle a débarqué à Dakar après le rappel à Dieu de son mari. Une fois arrivée dans la capitale, pour subvenir à ses besoins, elle n’a trouvé rien d’autre de mieux que la mendicité. ‘Il m’arrive de récolter 4 000 à 4 500 Fcfa si les journées sont bonnes ; sans compter les condiments, habillements et autres’, révèle-t-elle.

Interpellée sur la décision du gouvernement visant l’interdiction de la mendicité, Safiétou trouve la mesure ‘injuste et arbitraire’. Ainsi, soutient-elle, ’c’est une décision que je n’approuve pas du tout. En décidant d’interdire la mendicité ce sont des nécessiteux, des orphelins… qu’on va priver de nourriture, de soins entre autres’. Propos totalement partagé par un vieux mendiant handicapé moteur. Ibrahima Diouf, c’est son nom. Originaire lui aussi du monde rural, il trouve insensé la décision du gouvernement d’éradiquer la mendicité. Car, soutient-il, ‘la mendicité fait nourrir au Sénégal un nombre incommensurable de personnes’.

Beaucoup plus loin sur l’avenue du Cardinal Yacinthe Thiandoum de Grand-Yoff, un mendiant qui a préféré garder l’anonymat se prononce. Maîtrisant à merveille la langue de Molière, il dérape dès fois dans son argumentaire. Interpellé sur la décision de l’Etat, notre interlocuteur lance : ‘Ce n’est que du bluff’. Et pour cause, explique-t-il, ’l’Etat ne peut pas éradiquer la mendicité parce que nous avons un Etat – mendiant. Un Etat qui mendie pour payer ses fonctionnaires. Nous avons en face de nous un Etat qui détourne les dons destinés aux nécessiteux et j’en passe’.

Au niveau du marché de Grand-Yoff avec le ciel qui se faisait menaçant, nous nous réfugions sous un petit commerce. La circulation est au ralenti. Klaxons et vrombissements des véhicules tympanisent les oreilles. Et le ciel ne tardera pas à déverser de fines gouttes d’eau. Dans notre refuge, nous y trouvons un mendiant du nom de Ibrahima Sène, très au fait de l’actualité avec la décision du gouvernement du Sénégal d’éradiquer la mendicité. Sène voit mal cette décision prospérer. Car, estime-t-il, ‘c’est une décision arbitraire et injuste. Nous allons bientôt mettre sur pied une association pour défendre nos intérêts. Mais aussi, cette association nous défendra face à cette décision arbitraire et injuste d’éradiquer la mendicité’. Des propos entièrement partagés par d’autres mendiants qui s’étaient réfugiés sous le petit commerce.

Abdoul Magib GAYE

walf.sn

1 COMMENTAIRE

  1. Aider moi à répondre aux questions suivantes:

    Pourquoi ces enfants ne devraient-ils pas mendier ?

    Qui est ce l’Etat a fait de sérieux pour leur assurer un minimum de survie ?

    Le concepte de « daara moderne » n’est-il pas une phase transitoire pour éliminer purement et simplement nos daaras traditionnels d’où sont sortis nos plus grands érudits qui font la fierté de notre Sénégal ?

    Sur le budget de l’education, quelle part est réservée aux daaras ?

    Ou bien l’enseignement du Saint Coran ne fait pas partie de l’éducation nationale pour un pays se réclamant à 95% de musulmans?

    Où sont ces A-imma (Imams) qui au lieu de défendre le Saint Coran et ceux là qui assurent sa perennité sur terre (serignes daara et dongos daara) passent tout leur temps à réclammer de l’électricité; laissant ainsi leur champs envahis par les mauais herbes pour cultiverles champs des syndicalistes?

    Qui sont derrière cette décision qui ne vise l’enseignement du Saint Coran?

    Pourquoi ont-ils attendu ce mois bénit de Ramadan, où le Saint Coran est descendu, pour mettre en vigueure cette mesure ?

    Musulmans du Sénégal, aidez moi à répondre à ces questions

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