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Mamadou Badio Camara, Premier président de la Cour Suprême : «Les magistrats doivent accepter la critique»

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«Le pourvoi en cassation en matière pénale.» C’est le thème choisi par la Cour suprême pour ses Journées d’études dont l’objectif est de mieux faire comprendre les décisions de justice aux justiciables.

Les juges de la Cour suprême sont sortis hier de leurs bureaux feutrés pour se rapprocher des justiciables. Ils ont ouvert hier leurs Journées d’études sous le thème : «Le pourvoi en cassation en matière pénale.» Ma­madou Badio Camara, qui présidait la cérémonie d’ouverture, en présence des universitaires issus des Facultés de droit de Dakar, Ziguinchor, Saint-Louis et du bâtonnier de l’Ordre des avocats, a soutenu d’emblée que les arrêts rendus par la Cour suprême ne sont pas exempts de tout reproche. Il se fait l’écho de certaines réactions publiques par rapport à la gestion de certains dossiers judiciaires. Il dit : «Les justiciables veulent comprendre les raisons pour lesquelles ils ont gagné ou perdu leur procès. Il est du devoir des magistrats qui jugent au nom du Peuple de répondre favorablement à cette exigence.» Cela signifie se rapprocher du justiciable pour briser ce filet qui sépare les deux parties. Mamadou Badio Camara poursuit : «Il est indispensable que les juridictions de fond sachent clairement ce que la juridiction suprême attend d’elle. Les magistrats doivent accepter la critique sinon même l’anticiper par une autocritique et une évaluation régulière de leurs méthodes de fonctionnement et de leurs méthodes de travail.» Dans son discours, il a admis que la justice, qui a souvent des intérêts divergents, vit avec l’erreur «parce qu’elle est rendue par des hommes et des femmes, mais elle ne s’en accommode pas». Mais, elle reste perfectible. «Elle ne se préoccupe pas seulement d’amender les autres. Mais, qu’elle s’efforce de s’amender elle-même et les voies de recours en appel ou en cassation nous rappellent sans cesse que les juges ne sont pas infaillibles», poursuit le Premier président de la Cour suprême. Ces journées d’études visent à faire comprendre aux citoyens, les décisions rendues souvent avec des termes très techniques et qui échappent souvent à la compréhension des non-initiés. Elles permettront aux magistrats de répondre à deux impératifs : «Celui d’un conservatisme, qui garde jalousement le droit strict comme base de la technique de cassation et ensuite celui de la décision se suffisant à elle-même, c’est-à-dire claire, concise et cohérente.» Selon lui, c’est à ce prix que les magistrats réussiront à consolider la confiance publique qui leur est encore loin d’être acquise d’avance. «Nous le savons, ni de la part des autres pouvoirs, ni de la part de nos concitoyens, même si, pour ces derniers, le flux de contentieux, en hausse constante, semble attester le contraire», reconnaît-il. En marge aussi de ces rencontres, la Cour suprême a signé une convention de jumelage avec la Cour de cassation française pour permettre un partage d’expériences entre les deux juridictions.

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