« L’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde ». Soyons assurés que cette assertion de Nelson MANDELA ne devrait être bien comprise qu’en tant qu’elle postule principalement l’école, la plus démocratique et la plus populaire possible.
Par delà la nécessité pour l’Etat de veiller au bon traitement des personnels enseignants et d’assurer les meilleures conditions d’enseignement/apprentissage, les enseignants, parents d’élèves et patriotes ne devraient-ils pas avoir le souci constant de préserver l’ECOLE DEMOCRATIQUE.
Il se trouve que cet impératif ne se mesure pas seulement à l’aune de la scolarisation universelle, à l’égal accès. Bien plus que la transparence et l’équité dans la gestion du système, c’est aussi et surtout la QUALITE de l’Education que nous devons promouvoir. Ainsi préférerions-nous des écoles faites d’abris provisoires (encore près de 6.000 au total) où les enseignants bien que trimant forment des citoyens qui auront les capacités d’occuper les hautes fonctions que leur réserve la République. N’acceptons pas de concourir à une ECOLE DE L’ECHEC qui ferait que les élites du Sénégal ne soient plus issus de l’Ecole publique qui a pourtant bienveillamment accueilli, encadré et formé ces citoyens d’hier, de Senghor à Macky, devenus nos chefs d’Etat.
Par devoir de génération, pensez à la stabilité et la performance du système éducatif. C’est ainsi qu’après une longue série de négociation, l’on parvint à s’accorder sur le protocole d’accord en février 2014 – au nom de notre organisation, nous l’avions signé avec réserve relativement au point sur la validation parce qu’il comportait des termes équivoques-. Sans doute, le Gouvernement qui avait promis de signer des accords réalistes qu’il serait à même d’appliquer se résolut-il finalement à les approuver.
En tout état de cause, comprenons bien que le message à la Nation du Chef de l’Etat, bien que s’adressant solennellement à tous les compatriotes, comporte, vis-à-vis des personnels enseignants, des engagements fermes et à court terme qui devraient être appréciés à leur juste mesure. Dès lors, la sérénité devrait être retrouvée quand bien même il n’aurait pas été inutile que le Président reçût à nouveau la communauté éducative dans le but de mieux garantir la décrispation. Admettons donc que l’Etat a consenti des efforts même s’il reste encore beaucoup à faire au regard des effectifs et des dossiers et des chiffres sur lesquels l’on s’accorde rarement. Sinon, nous risquerions de dépenser tout ce que l’Etat nous octroierait en guise de rémunération et autres indemnités pour pourvoir ailleurs à la bonne formation à nos propres enfants…
Il nous faut substituer « l’ECOLE DE LA REUSSITE » à L’ECOLE DE L’ECHEC, afin de produire des « CITOYENS MODELES » dotés d’un savoir-être et d’un savoir-faire qui les placeraient dans les conditions de s’adapter à l’évolution de monde, de s’acquittant de leurs devoirs, d’être capables d’innover et de contribuer au développement du pays.
Qu’est-ce qui explique que l’Ecole publique sénégalaise soit fortement secouée par des crises récurrentes malgré les sacrifices considérables consentis par le peuple en termes de réformes et de budget alloué au secteur ? Pourquoi en dépit des principes et mécanismes du dialogue social renforcés depuis l’institution du Haut Conseil du Dialogue Social (HCDS) et la mise en place du Comité du Dialogue Social/Secteur Education et Formation (CDS/SEF), les acteurs peinent-ils encore à construire un vrai PACTE DE STABILITE ?
Or la préservation d’un système éducatif démocratique et performant demeure le substrat de toute politique visant la véritable émergence, le développement durable. L’Ecole de la COMMUNAUTE prônée par les pertinentes conclusions des Assises de l’Education doit se traduire par l’implication de TOUS. Sous ce rapport, permettez-nous de saluer vivement l’initiative de la COSYDEP et des organisations de la Société civile et d’exhorter tous les cadres du dialogue social à sauver l’école publique et à veiller à la stabilité du secteur primordial de l’EDUCATION !
Au cas contraire, l’on poserait inconsciemment les jalons d’une REVOLTE, demain, de la grande partie de cette communauté. Et les partisans de la PRIVATISATION DE L’ECOLE seront les premiers coupables à répondre au ban des accusés.
A l’endroit de nos camarades syndicalistes, nous comprenons les velléités guerrières des uns et soutenons l’engagement militant des autres. Mais la grande unité syndicale est l’arme la plus efficace car non seulement elle amoindrit les luttes de positionnement, mais également elle rend les stratégies de revendications plus efficaces et les syndicats plus crédibles.
Le Gouvernement se doit de bannir la communication visant essentiellement à diaboliser les enseignants. Il a l’obligation de respect et de considération à toutes les générations d’enseignants qui ont déjà consenti de lourds sacrifices pour pousser loin les limites de l’obscurantisme.
Substituons la logique de négociation à celle de la confrontation et restaurons la confiance mutuelle afin de parvenir ensemble à extirper l’Ecole publique sénégalaise de ce cycle chaotique et traumatisant de grèves, de débrayages, de rétention de notes et de boycott d’examens avec son cortège de désastres et d’échecs scolaires dommageables pour l’avenir de la Nation.
Ndiaga SYLLA,
Ancien Secrétaire Général National de l’ADEPT
Ancien Rapporteur de la Commission Formation et Communication du CDS/SEF