Disponible et généreux selon les membres du Regroupement général des sénégalais du Canada (RGSC), Pierre Atepa Goudiaby n’a pas lésiné sur les moyens. Le Président des Conseils d’Administration de la Banque régionale des valeurs mobilière (BRVM) et du Dépositaire Central/Banque de Règlement (DC/BR), s’est prêté, à l’animation d’une conférence, à Montréal, sur son ouvrage intitulé « les 12 propositions pour un Sénégal émergent ». La place de la diaspora dans le développement du Sénégal ainsi que l’opportunité d’investissement qu’offre le marché financier aux expatriés ont fait l’objet d’une prestation remarquable.
Dans l’optique de souligner l’importance des émigrés dans la stabilité économique et leur rôle dans l’objectif d’émergence, M. Goudiaby fait remarquer que la diaspora, 20% de la population nationale sénégalaise, est maintenant de loin la principale bailleuse de fonds du Sénégal. Elle transfère chaque année une manne financière qui stimule directement l’économie du Sénégal et constitue un atout majeur dans la lutte contre la pauvreté. Le montant des transferts d’argent dépasse celui des investissements directs étrangers (IDE) reçu par le pays et représente 12,3% du PIB.
Une partie substantielle des transferts de la diaspora sénégalaise est utilisée pour financer des investissements dans l’immobilier. Selon M. Goudiaby, il faut trouver des moyens pour orienter ces ressources vers d’autres formes d’investissement afin d’en augmenter la capacité productive. Il s’agira de mieux créer des emplois permanents et de favoriser les exportations. À son avis, l’État sénégalais doit en tenir compte dans la sécurisation des financements des projets d’infrastructure essentiels à la croissance économique.
Les « Diaspora Bonds », émissions d’emprunts obligataires spécifiquement dédiées aux émigrés comme seules souscripteurs, présentent à son avis, un moyen efficace d’intéresser ceux-ci au marché des emprunts obligataires et à l’achat de titres. « Les fonds collectés par ces émissions pourraient être utilisés pour financer des projets importants pour les expatriés (logements, écoles, hôpitaux et projets d’infrastructures qui offrent un avantage concret pour leurs familles ou leurs communautés au pays) ».
Prêchant pour sa propre chapelle, le Président des Conseils d’Administration de la BRVM et du DC/BR souligne l’importance de migrants dans le renforcement et la dynamisation du marché financier régional. Les marchés financiers et les bourses africaines sont susceptibles d’offrir à long terme des opportunités à la mobilisation de l’épargne des migrants. Le cas du Maroc où les banques offrent des produits boursiers aux non-résidents peut entrainer une intervention significative des migrants sur les marchés financiers et les bourses.
Pour ce faire, le renforcement de la « bibancarisation » s’impose. L’objectif est de permettre aux migrants d’entreprendre les opérations bancaires et financières dans leur pays d’origine, à partir de leur lieu de résidence. Elle passera par des dispositions réglementaires en vue de faciliter les partenariats entre les banques et la facilitation des procédures qui y sont liées. L’attraction des migrants sur les places boursières passera certainement par la diversification de l’offre de produits, a dit le désormais bien aimé du Regroupement des sénégalais du Canada.
« Les marchés financiers et les bourses se positionnent comme des outils essentiels pour une mobilisation plus accrue des ressources de la diaspora », a déclaré le conférencier. Cette structure a pour objectif de prendre en charge certaines préoccupations portant notamment sur les conditions de retour des sénégalais de l’extérieur et sur les secteurs de développement dans lesquels ils pourraient investir.
Birame Waltako Ndiaye
[email protected]
