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Les APE compliquent le processus d’intégration du marché africain

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Les accords de partenariat économiques(APE) interpellent davantage pour leurs effets tranchants sur le processus d’intégration des États africains. L’Afrique de l’ouest est la région la moins diversifiée de la région Afrique Caraïbes Pacifique (ACP). Ses exportations vers l’union européenne touchent principalement des produits primaires, ayant une très faible valeur ajoutée alors que le niveau de diversification des importations est très élevé. Aucun produit ne représente plus de 10% des importations de l’Union européenne (UE). Cette particularité des échanges secoue vivement l’agenda de l’intégration sous régionale en Afrique de l’ouest en exacerbant des conflits d’intérêts.

L’Afrique de l’Ouest représente plus de 38% des échanges commerciaux entre l’UE et les pays de l’ACP. 80 % des exportations de l’Afrique de l’Ouest à destination de l’Union européenne viennent de la Côte d’Ivoire, du Ghana et du Nigéria. Tandis que le groupe régional était en cours de négocier l’accord de partenariat, la Côte d’Ivoire et le Ghana avaient signé des APE intérimaires avec l’UE depuis décembre 2007. La préoccupation majeure des autorités ivoiriennes n’est nulle autre que l’accès préférentiel au marché européen. Pour cause, le commerce intra-régional est d’une ampleur très limitée dans l’espace de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO).

Les exportations à des taux préférentiels comptent pour un tiers du total des exportations de la Côte d’Ivoire vers l’UE. La suppression des préférences commerciales aura pour effet d’éliminer la totalité des exportations de la Côte d’Ivoire vers l’Europe. Le cas échéant, il faudra alors recourir au mécanisme de compensation alors que ce lien de solidarité sous-régionale butera sur un paradoxe économique évident. Les pays les moins avancés (PMA) ne peuvent pas supporter un budget de compensation au bénéfice de la Côte d’Ivoire, pays en développement et non moins locomotive de la sous-région.

Le Nigeria,  première puissance économique du continent, n’a pas les mêmes intérêts que la Côte d’Ivoire et le Ghana. Ses exportations sont destinées en grande partie aux marchés américain et asiatique. Il ne peut pas envisager une perte de recettes douanières tout en s’exposant à la concurrence européenne. Le Nigéria, à travers ses objections à l’APE,  redoute que la mise en œuvre de l’accord nuise à ses capacités d’industrialisation. Or, les accords prévoient que si seulement ¾ des États ratifient, les APE entreront en vigueur. Sans le Nigeria, la dynamique unitaire de la CEDEAO sera torpillée, à coup sûr, en raison d’une remise en cause systématique du tarif extérieur commun et des autres outils d’intégration.

Par ailleurs, les négociations disparates des APE dans 5 communautés économiques régionales africaines entraineront par la suite une difficulté dans l’harmonisation des accords en vue de les intégrer à la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA). Pourtant, l’agenda de l’Union africaine qui fixe l’échéance à l’année 2017, les règles commerciales régionales devaient être harmonisées pour donner lieu à un cadre juridique nommé Droit économique et commercial africain. À l’échelle de la CEDEAO, la libéralisation envisagée avec le reste de l’Afrique ne tiendra plus. Un tarif appliqué aux importations originaires d’Europe sera beaucoup plus faible que celui prévu dans le cadre du Tarif extérieur commun (TEC) pour les importations en provenance des autres pays africains. En conséquence, les produits européens finiront par rétrécir le commerce intra-africain.

L’initiative « tout sauf les armes » et les systèmes des préférences généralisées, octroyaient déjà un accès libre au marché européen pour les PMA pour tous les produits à l’exception des armes et des munitions. Pour autant, nous n’en profitons pas de manière optimale faute de structures de production compétitives ainsi que les barrières non tarifaires, contraintes souvent insurmontables. Tout de même, les APE contiennent des mesures destinées théoriquement à protéger nos économies fragiles. Il en est ainsi des produits agricoles européens subventionnés à l’exportation qui sont exclus de la libéralisation. Il existe également une possibilité pour l’Afrique de l’Ouest d’activer des clauses de sauvegarde en cas de perturbation des marchés ou afin d’assurer la sécurité alimentaire de leur pays. Enfin, l’Accord comprend une clause pour la protection des industries naissantes.

Birame Waltako Ndiaye

[email protected]

 

1 COMMENTAIRE

  1. Le commerce intra africain souffre de manque d’infrastructures et des structures existantes des marchés nationaux. Le manque de routes et de moyens de communication est un réel obstacle à la circulation des marchandises entre les pays. Cette circulation est rendue encore plus difficile par des problèmes de gouvernance tels que le paiement de taxes officiellement inexistantes. A titre illustratif entre Yaoundé(Cameroun) et Bangui (Centrafrique) il existerait plus de 128 points de contrôle et le paiement de taxes officiellement inexistantes. Entre la Gambie sœur et nous, une question d’actualité, sans commentaire. Par ailleurs plusieurs pays sont demandeurs d’un même bien qu’aucun d’entre eux ne produit, l’indice de complémentarité ne dépassant guère environ 5%. Concrètement, la portée d’une protection s’avèrerait réellement faible

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