Les sites web d’informations au Sénégal existent difficilement sur le plan économique. Faisant plus d’une centaine dans le pays, rares sont ceux qui parviennent à couvrir de façon régulière leurs charges. Une situation financière difficile qui est à la base de nombre de leurs défaillances.
Même s’ils foisonnent dans le monde médiatique sénégalais, les sites web d’informations, pour ceux qui essaient de se conformer à la production d’articles, subviennent difficilement à leurs dépenses. A défaut de pouvoir constituer une rédaction au vrai sens du terme, la stratégie est simple pour les sites désireux de faire de la production. Collaborer avec des journalistes et leur donner des cachets en guise de motivation, ou se rabattre sur des stagiaires en quête d’expérience pour aller sur le terrain. Et s’il y a un point sur lequel s’accordent presque tous les supports médias, y compris la presse en ligne, c’est que les moyens financiers ne suivent pas. Une situation qui, selon l’administrateur d’actusen.com, est encore plus dramatique dans leur milieu.
Prenant son propre cas en exemple, il explique : ‘‘L’environnement économique est extrêmement difficile, les critères d’accès à la publicité sont restreints’’. C’est l’une des raisons pour lesquelles d’ailleurs, d’après Daouda Thiam, ‘‘il y a du banditisme. Ne pouvant payer des journalistes et leur déplacement, certains s’en tiennent à reprendre les contenus des autres’’. En ce qui le concerne, ‘‘c’est une gymnastique qui est articulée pour rendre acceptable l’aspect économique’’. Puisque, souligne-t-il, ‘‘si ce ne sont que les rares bannières qu’on a parfois, il n’y a que les événements qui font que les autorités étatiques nous donnent de la publicité’’. A l’en croire, leur publicité ne va qu’à l’agence de presse sénégalaise (Aps). D’où sa solution : ‘’Cette manne financière provenant de l’Etat pouvait aussi aller à la presse privée en ligne, qu’il nous accorde au moins un quota.’’
Ses propos sont confirmés par le Rédacteur en chef du site d’informations seneweb.com. De l’avis de Daouda Mine, ‘‘les annonceurs font plus confiance à la presse classique. Encore que s’ils se décident à vous donner de la publicité, c’est à des prix dérisoires à la limite’’. Même si son site sort un peu du lot grâce à son taux de pénétration, ‘’les dérives notées parfois dans la presse en ligne, notamment une certaine manière de traiter l’information et les forums, justifient ce manque de confiance’’. M. Mine souligne par ailleurs que les internautes en profitent pour régler des comptes. D’où la nécessité d’une bonne modération du forum et d’une rédaction pour un site de qualité. ‘‘Pour cela, il faut savoir recruter mais, ça demande encore des ressources financières car, il faut veiller à l’aspect technique, c’est-à-dire un bon serveur, un bon hébergement et un bon entretien à cause des nombreux hackers. Il faut aussi de bons webmasters.’’
Même son de cloche chez le chef du département Communication du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti). A en croire Mamadou Ndiaye, ‘‘en plus des textes de loi pour encadrer cette pratique, il faut que le projet de code de la presse contienne des dispositions qui pourraient aider à organiser la presse en ligne et à la labelliser. Il faut aussi mettre en place de véritables rédactions web avec des journalistes professionnels et, surtout, que les journaux en ligne développent un modèle économique viable et qu’ils arrêtent d’espérer survivre avec l’aide à la presse’’, argue-t-il.
A ses yeux, ‘‘la presse en ligne doit exploiter à fond la démocratisation des tablettes et smartphones en proposant des applications téléchargeables sur ces supports numériques’’. Pour donner un peu de crédit, des efforts de modernisation ou de normalisation sont entrepris par des titres respectables comme l’Aps et le Soleil.
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