Poursuivi pour « apologie du terrorisme, incitation à la désobéissance militaire et à l’intolérance religieuse », l’imam Ibrahima Sèye de Kolda a été jugé, hier, après avoir été placé sous mandat de dépôt le 12 octobre 2015 après un virulent prêche qu’il avait fait trois jours auparavant, le vendredi 9 octobre 2015, lors de la prière du vendredi. Il y attaquait vertement le président de la République, SMS qu’il avait qualifié de « mécréant-profanateur » ainsi que les présidents américain Barack Obama, français François Hollande. Il avait aussi critiqué l’envoi des troupes par Macky Sall au Mali, en Arabie Saoudite et même estimé que les symboles de la République du Sénégal ne sont pas conformes aux valeurs de l’islam.
Un discours jugé comme de l’apologie au terrorisme et qui avait valu son arrestation le vendredi 9 octobre même. Donc après 7 mois, jour pour jour, de détention préventive, il a fait face au juge du tribunal de Kolda pour répondre des accusations contre lui durant les trois heures qu’a duré le procès, de 14h 30 à 17h 25 mn. L’imam Ibrahima Sèye qui est aussi professeur d’histoire et de géographie au lycée Alpha Molo Baldé de Kolda a comparu sans être assisté d’avocat. Barbe fournie, l’homme qui toise bientôt la quarantaine a assumé ses propos dont l’enregistrement a été diffusé.
Mais pour sa défense, il a surfé sur le choc des civilisations pour dire avoir agi au nom de l’islam avant de louer les figures du radicalisme qui combattent au nom du djihad et vitupérer l’impérialisme occidental. Seulement, il soutient qu’il était loin de lui l’intention de créer des incidents entre les communautés religieuses. S’agissant de l’envoi des troupes sénégalaises qu’il a dénoncé, l’imam a estimé qu’aller combattre en terre musulmane est un acte de mécréance qui peut mener son auteur en enfer. Après son audition et celle des témoins dont son épouse, le procureur de la République Yoro Moussa Diallo a requis 5 ans de prison ferme contre l’imam Sèye. Cela avant que le président du tribunal ne fixe la date du délibéré au 1er juin 2016.
Le Populaire