Au lendemain du congrès de la FIFA à Mexico, Domenico Scala, le président de la commission d’audit, a démissionné, estimant que l’indépendance des structures veillant à l’éthique et à l’intégrité de ses membres était remise en cause. Un premier nuage pour le nouveau président, Gianni Infantino ?
Le président de la commission d’audit et de conformité de la FIFA, le Suisse Domenico Scala, a démissionné samedi pour protester contre l’adoption d’une mesure, votée la veille au congrés de Mexico, remettant selon lui en cause l’indépendance de certains organes de l’institution chargés notamment d’enquêter sur des membres.
M. Scala a claqué la porte alors que le nouveau président Gianni Infantino a fait adopter par le congrès un amendement (par 186 voix contre une) qui transfère au gouvernement de la FIFA le pouvoir de nommer ou démettre les présidents de la commission d’éthique ou d’audit, «ce qui prive ces organes de leur indépendance» et «détruit l’un des acquis essentiels de la réforme», a annoncé M. Scala dans un communiqué.
De fait, cet amendement donne le pouvoir au gouvernement de la FIFA de limoger les patrons de la commission d’éthique de la FIFA, Hans-Joachim Eckert (chambre de jugement) et Cornel Borbely (chambre d’instruction) et Scala lui-même.
«Consterné par cette mesure»
Avec cette décision, il est possible pour le conseil (le gouvernement de la FIFA), présidé par Gianni Infantino «d’entraver des enquêtes contre des membres à tout moment, en démettant de leurs fonctions les membres des commissions ou en s’assurant de leur approbation à travers la menace de les renvoyer», dénonce M. Scala. «Ces organes sont de fait privés de leur indépendance et menacés de devenir des auxiliaires de ceux qu’ils sont censés superviser», a-t-il encore estimé.
M. Scala se dit «consterné par cette mesure car elle remet en cause un pilier central de la bonne gouvernance de la FIFA et détruit l’un des acquis essentiels des réformes. Pour cette raison, j’annonce ma démission immédiate de mon poste de président de la commission d’audit et de conformité de la FIFA».
Un rôle essentiel dans la crise
La commission d’éthique de la FIFA, composée de magistrats professionnels, a joué un rôle essentiel dans la crise qui secoue actuellement la FIFA en suspendant pour 6 ans l’ancien président Sepp Blatter et le candidat à sa succession, Michel Platini (la suspension du Français a ensuite été réduite à 4 ans par le TAS).
La commission d’éthique a enquêté puis suspendu de nombreux membres depuis un an, dont plusieurs ont été suspendus à vie, comme l’Américain Chuck Blazer, ancien membre du comité exécutif de la FIFA et l’un de ceux par qui le scandale actuel a éclaté.
La commission d’audit et de conformité est elle chargée notamment du contrôle d’intégrité des candidats aux élections.
lequipe.fr