Le journaliste-consultant Mame Less Camara a déploré, hier à Saly Portudal (Mbour), les postures «souvent désavantageuses» des enfants dans les médias, en bute à «des règles prévues pour une société d’adultes». Le journaliste-consultant Mame Less Camara a déploré, hier à Saly Portudal (Mbour), les postures «souvent désavantageuses» des enfants dans les médias, en bute à «des règles prévues pour une société d’adultes».
«La course entre les médias concurrents réduit le temps de la collecte et du traitement de l’information», a-t-il expliqué, soulignant que les questions relatives aux enfants ne sont pas «toujours événementielles».
Selon Mame Less Camara, qui faisait une communication portant sur : Les médias sénégalais et la maltraitance des enfants : analyse et leçons apprises, comme tous les faits sociaux, «les questions relatives à l’enfant s’inscrivent dans des durées plus longues, selon un rythme d’évolution plus lent».
«Il faut donc leur consacrer du temps pour les spécifier, les examiner et les comprendre. Les médias n’ont pas cette patience», a assuré Mame Less Camara.
Face à cette situation, le journaliste a noté, entre autres, le déficit de formation des journalistes dont la majeure partie est formée par la pratique en tentant d’imiter ce que font ceux qu’ils ont trouvés sur place.
Toutefois, «les mêmes carences sont visibles dans l’approche et le traitement des questions relatives à l’enfant par les journalistes issus d’écoles de formation», a précisé M. Camara, notant ainsi que les programmes déroulés par celles-ci ne font pas état des droits des enfants. «L’audiovisuel, plus proche des sources de l’oralité, a encore du mal à traiter les nouvelles relatives aux abus sexuels faits aux enfants», a-t-il dit.
Il a donné en exemple les radios qui, lorsqu’elles consentent à aborder ces sujets, «se perdent dans d’interminables périphrases et ne trouvent même pas les mots justes pour désigner les violences sexuelles faites aux enfants». C’est pourquoi, il s’est demandé devant les journalistes participants, s’il s’agit d’une question de pudeur, d’influence culturelle ou religieuse.
Au niveau de la presse, les informations relatives à l’enfant sont publiées de manière générale dans les pages «faits divers» ou «société», mais il arrive assez souvent qu’elles «soient disséminées dans des pages habituellement dévolues à d’autres rubriques».
Qualifiant l’enfant «d’acteur muet» dans la presse, Mame Less Camara estime que celui-ci est «rarement en position d’interlocuteur, encore moins un sujet de premier ordre dans la hiérarchie des informations traitées dans les médias».
Dans sa communication, il a ainsi servi quelques articles de la presse qui ne «participent pas à la protection des enfants et au respect de leurs droits». Pour le journaliste, formateur au Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti), il est important de rappeler que les médias participent grandement à la construction de l’image de l’enfant. «La méconnaissance des droits de l’enfant et l’inexistence d’une approche informée transforment les médias en instruments d’amplification des préjugés et des stéréotypes», a-t-il dit.
Selon Mame Less Camara, dans ce cas, «l’enfant n’apparaît que lorsqu’il est impliqué dans des affaires criminelles ou est victime d’abus sexuels».
Il a aussi soulevé une «question fondamentale», liée à la nécessité de formation des personnels de Rédaction sur les questions relatives aux droits de l’enfant, «quelle que soit la position occupée dans la hiérarchie». Cela s’impose aussi aux photographes et caméramen, selon toujours Mame Less Camara.
L’atelier de partage et de planification avec les médias publics sur la maltraitance des enfants prend fin samedi. Il a enregistré la participation de représentants de l’Aps, des stations régionales de la Radio nationale, des directeurs de la Télévision et de la Radio nationale (Rts), de l’Aps.
Aps