Face à la presse sportive, mercredi, pour la publication de la liste des 23 joueurs devant faire face aux Hirondelles du Burundi, le 4 juin prochain, pour le compte de l’acte 5 des éliminatoires de la CAN-2017, Aliou Cissé a abordé plusieurs questions. Mais le sélectionneur national l’a réaffirmé, seule la victoire comptera face au prochain adversaire des Lions.
«Le choix d’Amsterdam pour le rassemblement des joueurs se justifie par le fait que Kigali étant assez éloigné, le chemin le plus rapide pour nous c’est de partir d’Amsterdam. Avec la Fédération, nous avons décidé de regrouper les joueurs à Amsterdam. D’ailleurs, on n’y passera que quelques heures avant de repartir directement pour Kigali. On y va juste pour bien maîtriser la logistique devant nous permettre de voyager tranquillement. Le reste de la délégation partira de Dakar.
Burundi / Sénégal dans un contexte particulier
Je préfère aborder le match contre le Burundi dans notre situation actuelle, après quatre matchs et quatre victoires. Si aujourd’hui nous devons aller au Burundi en ayant peur, il y a problème. On n’ira pas là-bas la peur au ventre. Si nous devons aller au Burundi en n’étant pas en confiance alors que nous sommes leaders de notre groupe, il y a problème. Pour moi, ça ne sera pas un match plus difficile qu’à Madagascar ou au Niger. L’environnement est effectivement hostile, mais seules les 90 minutes vont nous intéresser. Nous les avons battus ici par 3-1, mais ça ne sera pas le même match. Ça on le sait. Comme je vous l’ai toujours dit, il n’y a plus de match facile dans ce continent. Nous allons puiser au plus profond de nous et je compte sur les joueurs qui sont prêts à donner le maximum pour aller chercher le meilleur résultat possible à Bujumbura. Pour l’effectif, même s’il y a quelques changements, le groupe reste stable quand-même. 95% de l’effectif est là, ce que nous cherchons, c’est que la mayonnaise prenne encore plus. On a du mal à rester fort pendant tout le match et de finir fort. Et pour avoir une équipe compétitive, il faut commencer fort, rester fort pendant la rencontre et terminer fort. Mais comme je vous l’ai dit, tout ça est un processus. Nous y travaillons et nous croyons surtout que les joueurs comprennent ce que nous attendons d’eux. Pour moi, il y a beaucoup de choses positives même s’il y a aussi beaucoup de détails à régler. Qu’on joue le match à Rumongé ou à Bujumbura, peu importe. On connaît déjà les conditions qui nous attendent à Rumongé. On va vers un terrain difficile et ça ne va pas être facile d’y évoluer. Bujumbura ne sera pas, non plus, plus facile que Rumongé. Ce qui est important, c’est que nos garçons sont conscients du football africain et de la mentalité qu’il faut pour l’aborder.
Bataille psychologique ?
Il n’y a pas de bataille psychologique avec le Burundi. Nous avons constaté quelque chose suite à une mission de prospection qui y a séjourné. Aujourd’hui, les Africains travaillent pour que le football africain aille de l’avant. Il m’arrive dès fois de discuter avec certains sélectionneurs. Mais le discours est le même : les conditions sont difficiles. On sent l’hostilité quand on arrive à l’aéroport. À mon avis, il faut que ça cesse. Il faut que la CAF soit au courant de ce qui se passe. On essaie de nous perturber, de nous déstabiliser. Au Sénégal, ça ne se passe pas comme ça. Ici, quand les équipes arrivent de l’aéroport jusqu’à l’hôtel, tout se passe normalement. Tout est mis en oeuvre pour que les adversaires se sentent bien. Maintenant, cette histoire est derrière nous parce que seul le match est important pour nous. Le reste c’est de la littérature.
Philosophie de jeu de l’équipe
Pour avoir une équipe compétitive, il faut indéniablement avoir quatre bons défenseurs et un très grand gardien de but. Nous devons continuer à progresser dans ce sens. Nous sommes sur le chemin. C’est un processus et nous sommes en train de rectifier petit à petit. Heureusement que tout n’est pas parfait. Si tout était parfait, le travail serait tout autre. Aujourd’hui, je travaille pour que tout soit parfait. Le chemin est encore long et les chantiers sont toujours là. Maintenant, laissons le temps au temps. Concernant le jeu, la philosophie de l’équipe nationale est de gagner. Dans le haut niveau, c’est la gagne qui compte. Moi j’ai toujours joué au football pour gagner mais non pour finir deuxième ou troisième. Aujourd’hui, on essaie d’instaurer cette mentalité de la gagne. Je crois que nous avons tous à coeur de gagner un match.
Position de Mame Biram Diouf
Il ne s’agit pas de rectifier le tir par rapport au positionnement de Mame Biram Diouf. Les garçons qui sont en attaque sont assez polyvalents. Mame est capable de jouer sur le flanc. Tous les week-ends à Stoke City, il joue comme excentré gauche et ça ne l’empêche pas de marquer des buts. À Manchester United, il a commencé à jouer à droite et il y a fait de belles performances. Même si je sais que son envie c’est d’évoluer à la pointe de l’attaque, aujourd’hui par souci de trouver de l’équilibre à l’équipe, je l’ai décalé à droite même s’il joue parfois à gauche. Mais tout dépend de l’état d’esprit du joueur. Si Mame joue dans les couloirs, c’est parce qu’il a assez d’énergie pour le faire. Sur les côtés, nous sommes en difficulté. Ça, ce n’est pas du ressort d’Aliou Cissé parce que nous avons plus de joueurs dans l’axe que sur les côtés. L’équilibre de l’équipe est important. Si on avait deux ou trois autres ailiers, ça nous permettrait de recadrer Mame Biram Diouf dans l’axe mais aujourd’hui, ce n’est pas le cas.
Retour d’Ibrahima Mbaye et Kouly, première de Fallou Diagne
Ibrahima Mbaye est un jeune que j’ai connu quand j’étais avec l’équipe Olympique. C’est un garçon qui a été formé à l’Inter de Milan et cette année, il a fait de très belles prestations au poste de latéral droit à Bologne (Italie), dans un championnat difficile. Je l’avais déjà convoqué lors du match amical contre le Ghana au Havre. C’est important qu’il revienne parce que dans ce couloir droit, nous devons vraiment nous améliorer. Peut-être qu’il peut nous apporter satisfaction parce que c’est un joueur en devenir. Quant à Kouly Diop, on n’a pas besoin de le présenter. Tout le monde connaît ses qualités. Il a eu un passé avec cette équipe nationale. C’est bien qu’il revienne parce qu’il a travaillé dur pour en arriver là. Ses matchs en Espagne sont intéressants. Il a gagné en agressivité et en impact. Techniquement, c’est un garçon bien doté. Fallou Diagne n’a jamais connu l’équipe A du Sénégal, mais tous ceux qui suivent la Ligue 1 savent que ses prestations sont bonnes avec Rennes. Il fait partie des meilleurs défenseurs de la Ligue 1. Il a été constant tout au long de la saison. Avec la blessure de Zargo Touré, il mérite aussi de venir.
Rôle de Kouly Diop dans l’entrejeu
Tactiquement, Pape Kouly est capable d’être propre. Techniquement, il est bon dans la conservation. C’est un garçon qui, à mon avis, ne marquera pas beaucoup de buts. Il ne fera pas beaucoup de passes décisives même s’il en est capable. Mais dans la conservation du ballon, il peut être meilleur. Il peut nous aider à conserver le ballon, à fluidifier le jeu. Au-delà de ses qualités techniques, je pense qu’il s’est bonifié et il a progressé sur le plan athlétique. Il met plus d’impact dans la conquête du ballon. C’est cet aspect qui lui manquait. Au milieu de terrain, il y a deux types de joueurs. Il y a des joueurs travailleurs et ceux qui sont capables de relayer le ballon. Des joueurs comme Cheikhou Kouyaté, Gana Guèye, Cheikh Ndoye ou encore Issa Sarr son capables de jouer le premier rôle. Younousse Sankharé peut lui se projeter un peu plus devant, ainsi que Kouly Diop. Donc pour moi, il n’y a pas de souci là-dessus. Kouly doit être là surtout qu’Henri Saivet s’est aussi blessé. Le profil capable de remplacer Henri c’est Kouly. Le groupe commence à se dessiner et nous cherchons l’équilibre de l’équipe du Sénégal. On va voir comment Kouly Diop évoluera dans ce groupe avec une autre mentalité et un autre état d’esprit.
L’épanouissement de Koulibaly et Diao Keïta
La titularisation de Diao Keïta Baldé à la Lazio a coïncidé avec son retour de sélection. Je ne sais pas si cela a un lien. Mais être international est important, de surcroît être international sénégalais est un plus pour le Curriculum vitae. C’est surtout la mentalité des garçons qui est importante. Diao avait montré son envie de venir et quand il est arrivé il s’est montré bien à l’aise. Peut-être que la sélection sénégalaise est une motivation supplémentaire pour ces garçons. J’ai l’impression que quand ils viennent, ils apprennent avec nous. Et quand ils repartent, ils sont encore plus forts en club. Ce qui veut dire que nous faisons un bon travail avec eux. Et nous devons les aider à progresser dans leurs clubs respectifs. L’équipe nationale ne doit pas juste servir à venir et partir. Nous avons quelques qualités que nous devons leur transmettre pour leur progression de tous les jours.
Abdoulaye Diallo, pas forcément n°1
Aujourd’hui, on n’a pas forcément désigné un gardien inamovible. On a choisi un gardien de but en la personne d’Abdoulaye Diallo qui nous a montré de belles choses et, ça, vous ne pouvez pas le nier. Il a toujours fait ce qu’il a à faire. Abdoulaye Diallo lui-même sait que pour continuer à être titulaire dans cette équipe nationale, il va falloir qu’il joue en club. Il est en train d’y travailler, on en a discuté et l’avenir nous édifiera. C’est le dernier match de la saison. Cela lui permettra de se concentrer et de trouver les bonnes solutions pour trouver un point de chute.
Absences de Stéphane Badji, Famara Diédhiou, Sow et Djilobodji
C’est un choix sportif. Je suis satisfait de mes milieux de terrain qui sont là. Quand on voit ce que font des joueurs comme Cheikhou Kouyaté, Gana Guèye, Pape Kouly Diop ou encore Sankharé, on est content d’eux. Stéphane Badji fait naturellement partie de ce groupe. C’est un garçon que je connais particulièrement très bien. Maintenant, il faut qu’il continue à travailler parce que le groupe n’est fermé à aucun joueur. La preuve, ça fait quand-même un bon bout de temps que Kouly Diop n’était pas revenu. Aujourd’hui, il est là. Mais, je ne peux pas, non plus, me permettre de sélectionner une quinzaine de milieux de terrain au risque de s’embouteiller. Je profite de l’occasion pour féliciter Famara Diédhiou qui vient d’être sacré meilleur joueur de la Ligue 2. Il fait partie de ces garçons qui frappent à la porte. On va continuer à les superviser. Ce qui sera important, c’est le choix qu’il fera dans deux voire trois mois. Ce qui m’importe aujourd’hui, c’est de voir Famara évoluer dans l’élite que ce soit en Ligue 1, en Premier League ou en Liga. Mais ils sont nombreux dans ce cas. Je peux aussi citer Babakar Khouma qui peut postuler, sans oublier Pape Sané qui a eu l’occasion de venir avec nous. Aujourd’hui, il y a quatre attaquants de haut niveau qui doivent se battre pour dépasser un palier et venir dans le groupe. Comme Stéphane Badji, la porte n’est pas fermée à Famara Diédhiou. J’ai une liste de 23 joueurs et si j’avais à choisir 26 peutêtre qu’il ferait partie du groupe. J’aime bien Moussa Sow. C’est un bon joueur mais il a fait un choix sportif. Aujourd’hui, il y a des garçons qui sont dans l’élite, dans le gratin du football mondial. S’il veut jouer en sélection, il n’a qu’à revenir dans l’élite du football. C’est aussi simple que ça. Il y a 23 joueurs qui sont là et ces derniers sont aussi aptes que ceux qui ne sont pas là. Mon rôle c’est de choisir 23 joueurs parmi les 800 footballeurs professionnels sénégalais. Aujourd’hui, vous me parlez des joueurs comme Papy Djilobodji. Je connais bien le garçon. Mais, il ne mérite pas mieux que Fallou Diagne qui a fait aussi une grande saison avec Rennes. Il a été bon. C’est un garçon que je ne connais pas mais que j’ai envie de découvrir. C’est l’occasion pour moi de l’appeler. Il y a beaucoup de matchs qui nous attendent. Avec Djilobodji, on verra ce qui se passera. Idem pour Famara Diédhiou que j’avais convoqué lors de la double confrontation avec le Niger. Les individualités ne sont pas importantes pour moi mais plutôt le groupe du Sénégal. Notre salut passera par le collectif et je compte sur le professionnalisme de ces 23 joueurs retenus. J’ai confiance en eux et j’espère qu’ils me donneront satisfaction.»