L’Etat des lieux du cinéma sénégalais, au Sénégal est assez positif.
Après le sacre, en 2013, au Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou, « FESPACO », quand le cinéma sénégalais, avec « Tey », le film de long métrage du jeune cinéaste réalisateur Alain Gomis, remporta la plus grande récompense du plus important festival de cinéma d’Afrique, l’Etalon d’or du Yennanga et pour ne pas s’arrêter en si bon chemin, le cinéma sénégalais a été auréolé d’une autre dizaine de prix, allant de l’Etalon de bronze du Yennanga, avec la « Pirogue », un film de long métrage, du cinéaste-réalisateur Moussa Touré jusqu’au film école du jeune étudiant réalisateur, Abdoulaye Seck, la relance du cinéma sénégalais fut alors, consacrée.
L’implication de la plus haute autorité du pays, en l’occurrence, son Excellence, le Président de la République fut effective.
Le chef de l’Etat, après notre proposition, décida la provision, du fonds de promotion à l’industrie cinématographique et audiovisuelle (FOPICA), un des cinq décrets d’application issus de la loi de 2002, sur le code de l’industrie cinématographique et audiovisuelle.
Pour l’histoire, le président Macky Sall, alors premier ministre de la République, avait cosigné le 24 juillet 2004, les cinq décrets d’application.
C’est ainsi donc, que le chef de l’Etat, décida de l’alimentation, à hauteur d’un milliard CFA, chaque année, le FOPICA.
Le premier appel à projets ne concerna que la production cinématographique et audiovisuelle, le FOPICA a pris des parts producteurs, sur 33 projets de films à hauteur de neuf cent millions de CFA, sur des films de longs et courts métrages, de documentaires et des séries, sur la quatre vingtaine de projets présentés au comité de gestion du FOPICA après un passage au comité de lecture.
C’est ainsi que de réelles opportunités existent pour un jeune sénégalais qui veut faire une carrière cinématographique au Sénégal, mais la question contient deux aspects.
Tout d’abord, le jeune qui a suivi une formation cinématographique et audiovisuelle, trouve du travail dans la production nationale depuis, 2014, avec l’existence réelle au FOPICA par le financement et la réalisation de dix neuf films produits en 2015-2016, au Sénégal. Les jeunes cinéastes formés travaillent.
Ensuite, l’autre aspect de la question, concerne le jeune sénégalais, sans formation aucune, désireux de faire une carrière cinématographique.
L’opportunité d’une formation existe là aussi, le FOPICA, dont une de ses missions, pour le développement de l’industrie cinématographique et audiovisuelle, qui intègre tous les maillons de la chaine, s’implique aussi et surtout dans la formation des jeunes et prévoit dans l’actuel appel à projets, une enveloppe conséquente pour le financement de la formation sous forme de bourses pour des études supérieures académiques, un renforcement des capacités des techniciens, des stages de recyclages, etc.
A l’issue de la formation académique, la pratique des métiers, sur les plateaux de tournage reste indispensable.
Ventre mou, de l’industrie cinématographique et audiovisuelle au Sénégal, le circuit de distribution et de diffusion des films sénégalais, au Sénégal est presque inexistant aujourd’hui. L’explication se trouve dans l’histoire récente de l’administration de notre cinéma.
Sous le diktat des institutions de Bretton Woods accepté par l’Etat du Sénégal dans les années 90 avec la monstrueuse libéralisation du secteur ayant consisté à une privatisation sauvage de la société d’importation, de distribution et d’exploitation cinématographique la SIDEC, société d’économie mixte, est passée par là.
Des salles de cinéma, avec un chiffre d’affaires de plus d’un milliard de CFA, à la SIDEC, par l’importation et l’exploitation cinématographique ont été vendues pour ne pas dire bradées à des marchands de tapis, sans aucun respect du cahier charges, ceux –là n’étaient intéressés que les titres fonciers qu’ils ont vite fait de transformer au meilleur des cas en supermarché, résultat des courses, aujourd’hui, les sénégalais n’ont plus les salles de cinéma, pour regarder des films par des sorties familiales.
Fort heureusement, que dans la même dynamique de relance de l’industrie cinématographique et audiovisuelle le FOPICA s’implique dans la distribution et l’exploitation cinématographique en participant à son financement, l’appel à projet en cours du FOPICA demande des offres à cet effet,
Mieux encore, son Excellence, le Président de la République, Macky Sall, a décidé d’accompagner la distribution et l’exploitation cinématographiques dans les régions avec l’implantation dans six des quatorze régions dans un premier temps, des complexes infrastructurels d’ici 2019 et les projets architecturaux sont terminés.
Compte tenu donc, de tout ce qui précède, les chances d ‘une relance du cinéma sénégalais au Sénégal, sont une réalité, même si à l’évidence le travail continue.
Pour un apport effectif, plus réaffirmé des industries culturelles, cinématographiques et audiovisuelles, dans l’économie nationale en qualité, mais aussi quantifiable, car le cinéma et l’audiovisuel sont, art, commerce, industrie, donc un levier de développement et porteur de croissance, agissant tant au niveau du capital humain, que du produit culturel de consommation en mesure de jouer un rôle prépondérant, dans le cadre de la prochaine loi Plan Sénégal Emergent, socle de toutes les politiques publiques au Sénégal.
Le cinéma et l’audiovisuel sont une initiative privée dans leur conception et leur réalisation sont donc tout a fait indiqués et éligibles dans les partenariats publics privés– PPP, c’est pourquoi, aussi, une proposition est faite afin que le fonds de promotion à l’industrie cinématographique et audiovisuelle « FOPICA » évolue, en une agencenationale, de promotion de l’industrie cinématographique et audiovisuelle (ANICA).
C’est de ce point de vue, que l’exemple du Sénégal inspire l’Afrique, à travers les décisions présidentielles courageuses et réalistes pour la relance de l’industrie cinématographique en Afrique.
Acteur depuis quarante cinq ans, en qualité de cinéaste-réalisateur producteur, mon regard sur le cinéma panafricain, est à la fois objectif et positif, même si de pertinentes tentatives d’une intégration africaine de notre cinématographique n’ont pas toujours abouti et me vient tout de suite, à l’esprit, la géniale mise sur pied en 1979, par les pays francophones d ‘Afrique, de la défunte (OCAM), organisation commune africaine et malgache, sous l’égide de laquelle, furent créées et installées à Ouagadougou le « CIDC » consortium interafricain de distribution cinématographique et leconsortium interafricain de productions cinématographiques « CIPROFILMS ».
En partenariat avec un opérateur économique burkinabé qui avait fait fortune dans un autre secteur économique, burkinabé qui avait créé « CINAFRIC » pour la postproduction en Afrique.
Hélas toutes ces pertinentes tentatives d’organisation cinématographiques sous régionales et régionales n’ont pas survécu.
C’est pourquoi, l’initiative africaine élaborée à Maputo en 2005, à la rencontre des ministres de la culture, ayant précédé le sommet des chefs d’Etat de l’Union africaine dans la capitale du Mozambique la même année, est salutaire.
Cette réunion ministérielle de la culture des pays du continent avait consacré la création par l’Union africaine, sur proposition de la fédération panafricaine des cinéastes« FEPACI » membre observateur de l’Union africaine depuis le sommet des chefs d’Etat, de Dakar en 1992, la création donc, de la commission africaine du cinéma, et du fonds panafricain pour la promotion du cinéma et de l’audiovisuel. Pendant une décennie, au niveau de bureau fédéral à Ouagadougou et au secrétariat exécutif à Pretoria maintenant à Nairobi nous avons travaillé à la réalisation concrète de la structure de gestion de l’industrie cinématographique africaine et du mécanisme de financement endogène de notre cinéma pour ce qui est du rôle régalien de nos états.
Il est aussi heureux, pour le Sénégal, de rappeler, le rôle si important, du Président Abdou Diouf, alors secrétaire général de l’organisation internationale de la francophonie (OIF) c’est ainsi que la fédération panafricaine propose à l’Union africaine que le fonds panafricain pour la promotion de l’industrie cinématographique et audiovisuelle porte le nom du président Abdou Diouf et que Dakar abrite le siège dufonds et la commission africaine du cinéma, s’installe à Nairobi au Kenya.
Ce qui est encore, tout à fait positif est l’inscription à l’ordre du jour du prochain sommet des chefs d’Etats de l’Union africaine prévu au mois de juillet 2016 à Kigali au Rwanda de la commission africaine du cinéma et du fonds panafricain pour la promotion de l’industrie cinématographique et audiovisuelle.
Pendant une récente audience accordée à Addisabeba, au secrétaire général de lafédération panafricaine des cinéastes « FEPACI » Monsieur Cheikh Oumar Sissoko, cinéaste, ancien ministre malien de culture, son Excellence, le Président Macky Sallavait fortement appuyé la validation de la commission africaine du cinéma et du fonds panafricain de la promotion de l’industrie cinématographique et audiovisuelle par le prochain sommet des chefs d’Etat de l’Union africaine prévue à Kigali, capitale de Rwanda en juillet 2016.
Cheikh Ngaido ba
Président des cinéastes sénégalais associés
Secrétaire régional Afrique de l’ouest de la fédération panafricaine des cinéastes (FEPACI)